[Grèce] « Je préfère choisir une fin digne, plutôt que fouiller dans les poubelles à la recherche de ma subsistance »

Un retraité se tire une balle dans la tête devant le Parlement grec

Accablé de dettes, un pharmacien à la retraite de 77 ans s’est tiré une balle dans la tête mercredi devant le Parlement grec à Athènes. Des témoins ont rapporté que l’homme avait crié « j’ai des dettes, je n’en peux plus », avant de se tirer une balle dans la tête. Selon un passant, il a également dit : « Je ne veux pas laisser mes dettes à mes enfants ».

Une note retrouvée dans une poche de son manteau met en cause les hommes politiques et les milieux financiers. « Je préfère choisir une fin digne, plutôt que fouiller dans les poubelles à la recherche de ma subsistance », a écrit le retraité.

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« Qui sera le prochain ? »

Quelques heures après sa mort, des anonymes ont déposé des bougies, des fleurs et des notes manuscrites sur les lieux du suicide, place Syntagma. « Qui sera le prochain ? », pouvait-on lire sur un billet. « C’est une tragédie humaine », a dit le porte-parole du gouvernement, Pantelis Kapsis.

Selon la Fondation pour la recherche économique et industrielle (IOBE), l’institut d’analyse le plus réputé du pays, l’économie grecque se contractera de 5% cette année et un actif sur ‘‘cinq sera au chômage, ce qui compliquera les efforts d’Athènes pour réduire son déficit budgétaire.

Leur presse (20Minutes.fr avec Reuters, 4 avril 2012)


Grèce : situation alarmante selon Médecins du Monde

Frappé par la crise, Perama, dans la banlieue du port du Pirée, s’enfonce de plus en plus dans pauvreté. Autrefois plein de chantiers navals, le quartier a subi l’hémorragie des délocalisations.

Le chômage ici est massif : il touche 60% de ses 25 mille habitants. La situation était déjà alarmante avant la crise, à présent on n’hésite pas à parler de crise humanitaire.

C’est le constat de l’agence locale de Médecins du Monde, submergée par des patients sans accès aux soins et même à la nourriture.

Nikitas Kanakis, président de Médecins du Monde Grèce : “Très bientôt nous allons allons avoir besoin de l’aide d’autres organisations humanitaires, parce que nous sommes face à une crise humanitaire.”

Lorsque le centre fut crée il y a deux ans, le docteur Maili ne soignait que des immigrants. À présent 80% de ses patients sont grecs, sans assurance maladie et sans un sous pour se payer de soins. Les enfants ne sont pas vaccinés, un scénario que Médecins du Monde n’a vu qu’au tiers monde.

Liana Maili, pédiatre : “Nous disons à beaucoup de personnes qui viennent ici, ‘votre enfant doit aller à l’hôpital, nous ne pouvons traiter le problème ici’, et ils nous répondent qu’ils n’ont même pas un euro sur eux pour payer le bus qui va à l’hôpital…”

Certaines personnes viennent même pour des denrées de base, comme le lait et le pain.

C’est le cas de ceux qui sont au chômage depuis des années, 5 ans pour certains, avec des enfants à charge, comme Antonis Giatras, trois enfants : “Ma plus jeune fille part certains jours à l‘école sans emporter de repas, nous avons de gros problèmes” explique Antonis.

La situation est aussi dramatique pour Spiridoula Firlemi, aussi au chômage, tout comme son mari plombier et son fils de 20 ans. Elle a un bébé de 45 jours et craint la coupure d‘électricité dans son logement insalubre : “La facture d’électricité vient d’arriver, c’est 1250 euros. Ils vont la couper… On va voir, je vais m’arranger avec un voisin, je ne peux pas laisser le bébé comme dans le froid.”

Trouver un job avant la fin des aides sociales, voilà l’obsession de Spiridoula, qui pour le reste a perdu espoir : “Je suis déçue du gouvernement, et je ne veux voter pour personne, dit-elle. Ils mentent tous. Maintenant, ils disent qu’ils vont couper les allocations familiales pour ceux qui ont trois enfants, pourquoi avoir des enfants s’ils nous laissent mourir de faim…”

Des Grecs en extrême précarité et amers, convoqués aux urnes dans quelques semaines.

Leur presse (fr.euronews.com, 30 mars 2012)

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3 réponses à [Grèce] « Je préfère choisir une fin digne, plutôt que fouiller dans les poubelles à la recherche de ma subsistance »

  1. Hourra dit :

    Et il s’appellait Dimitris Christoulas.

  2. Hourra dit :

    Le soir meme il y a eu une manif place Syntagma. Ca a commence plus ou moins tranquillement avec des slogans du genre « flics, porcs, assassins » puis ca a commence a s’agiter, echange de molotov, pierres et lacrymo. Apres que la place ait ete videe une femme s’est faite tabasser par les MAT dans le metro.
    Il paraitrait que c’etait la premiere manif « violente » depuis le 12/02.

  3. yop dit :

    http://athens.indymedia.org/front.php3?lang=el&article_id=1390508

    Lu sur indymedia (avec un commentaire disant avec prudence « à confirmer » : photo de ce qui serait le papier dans la poche du retraité qui s’est tiré une balle dans la tête ce matin devant le Parlement, avec ces mots : «Je crois que les jeunes sans avenir doivent prendre les armes et à la place Syntagma pendre la tête en bas les traîtres nationaux, comme l’ont fait les Italiens en 1945 à Mussolini. »

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