[Élections piège à cons] Ni Dieu ni maître… ni candidat

Ni Dieu ni maître… ni candidat

Avec trois candidats, l’extrême gauche est la sensibilité la plus représentée. Mais pour les communistes libertaires de la CNT, Mélenchon, Poutou ou Artaud ne sont pas assez à gauche. Rhabillage en règle.

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Pour Fouad, Aurélien (avec casquette) et Régis (au premier plan), « l’anarcho-syndicalisme est le plus haut degré de la conscience politique ».

« Les affiches des candidats à la présidentielle ? N’en cherchez pas. Dans le quartier, elles ont toutes été recouvertes par celles de la CNT. » Fouad, 32 ans, Aurélien, 25 ans et Régis, 38 ans, se marrent. Depuis leur local, dans le quartier Outre-Seille à Metz, ces militants de la Confédération nationale du travail portent un regard acerbe sur la campagne : « On est bien obligé de la suivre. Elle est orchestrée par l’élite contre laquelle on lutte. »

Le décor est planté. Avec trois candidats d’extrême gauche, on pourrait imaginer que les anarcho-syndicalistes finissent par trouver leur bonheur. Peine perdue. La sulfateuse est de sortie. Premier à en faire les frais, Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) : « C’est tout sauf un travailleur. Il a été ministre et sénateur. Pour nous, il est assimilé à la classe dominante. Cela fait longtemps qu’il a oublié le ni Dieu, ni César, ni tribun de l’Internationale. Et puis sa stratégie patriotique nous gêne. Elle légitime le discours de Marine Le Pen. » Rideau.

Tout juste sorti de l’anonymat de l’usine Ford de Blanquefort, Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), semble proposer un meilleur profil. Que nenni ! « Il fait une erreur d’analyse en donnant l’illusion qu’en votant, on crée un rapport de force sur le terrain social. C’est faux. Seuls les syndicats peuvent réussir cela. Nous, on veut changer la société de bas en haut. À la différence des trotskistes qui veulent la changer de haut en bas. » Au suivant.

Autogestion

Ne reste plus que Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) : « Elle ou Poutou, c’est pareil. Chacun prêche pour maintenir son appareil. Ce sont des organisations qui font le choix de mettre une personne en avant. Quand elle est médiatique, comme Laguiller, Besancenot ou Mélenchon, ça marche. Mais si elle n’est pas télégénique, cela ne passe plus. Cela montre bien qu’au niveau des idées, il n’y a rien dans ces partis. Et que la Présidentielle n’est qu’une affaire de personnification du pouvoir. » Soit tout ce que récuse la CNT.

Rien qu’évoquer le système politique actuel et ses partis donne à ses adhérents de l’urticaire. Ici, on ne croit qu’à la reconnaissance du groupe humain, et non de l’individu, comme base d’organisation sociale : « En se rendant à ces élections, le peuple accepte de déléguer son pouvoir alors même que la représentation ne fonctionne pas. Le jeu politique est biaisé. Y participer, c’est participer à cette mascarade. Cette campagne n’a pour objectif que de mettre au pouvoir une élite qui sert les intérêts des capitalistes. »

Si le mot d’ordre de la CNT pour cette campagne est de ne pas donner de consigne de vote, on comprend que les militants penchent plutôt pour l’abstention. L’un des trois porte-parole n’a jamais voté de sa vie. Les deux autres oui. Mais une seule fois. Et c’était il y a longtemps. Bref, un mauvais souvenir. « La seule consigne qu’on donne, c’est de s’organiser en se syndiquant, en pratiquant l’autogestion, la démocratie et l’action directe face au capitalisme et à l’État. »

Bref, pour vous, rien de tel qu’une bonne vieille révolution pour repartir sur des bases saines.

Leur presse (Philippe Marque, Republicain-lorrain.fr, 29 mars 2012)

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