Le Montbéliardais mutilé par un tir de flash-ball a pu parler de ses souffrances à la juge.
« Pour la première fois, mon frère s’est senti reconnu comme victime. La juge l’a mis en confiance. Il est sorti changé de ce rendez-vous », confie la grande sœur d’Ayoub. Vendredi après-midi, le jeune Montbéliardais, qui a perdu un œil à la suite d’un tir de Flash-Ball à Audincourt, a été reçu par la juge d’instruction Isabelle Mendi.
Deux mois après l’ouverture d’une information judiciaire pour blessures involontaires avec arme, la magistrate s’est très longuement entretenue avec la victime, assistée de son avocat et de ses parents. « La juge s’est intéressée au parcours médical d’Ayoub et à ses séquelles. Elle a ordonné une expertise médicale et psychologique », renseigne Me Dreyfus-Schmidt, du barreau de Belfort, son conseil.
Le policier mis en examen ?
Est-ce que cet entretien a agi comme une sorte de catharsis ? En tout cas, les paroles de la magistrate ont apaisé le Montbéliardais. « Jusqu’ici, Ayoub se sentait toujours mis en cause. Il avait pleuré après l’entretien avec l’IGPN (la police des polices). Aujourd’hui, je le sens serein. Et comme nous allons bien quand il va bien, nous allons mieux », précise la sœur. L’instruction prend-elle un virage important ? À la magistrate de décider, au vu des éléments au dossier, si l’auteur du tir qui a mutilé Ayoub doit être mis en examen.
En janvier, lors de l’ouverture de l’information judiciaire, la procureure de la République de Montbéliard indiquait que l’enquête préliminaire de l’IGPN mettait en évidence que la victime « ne faisait pas partie des émeutiers lors de la rixe » survenue le 7 février 2011 et que « le tir était légitime au vu des circonstances ».
Reste à déterminer comment la balle a pu atteindre le Doubien qui attendait tranquillement son bus. Car le policier a assuré qu’il avait visé devant lui. Or la balle est partie sur le côté, atteignant Ayoub. « Mon frère a senti son œil éclater. Les policiers ne l’ont pas secouru. Et l’auteur du tir n’a jamais pris de ses nouvelles. Quand il était à l’hôpital, Ayoub était persuadé que celui-ci l’attendait dans le couloir pour s’excuser », ajoute cette proche.
Tout juste majeur, Ayoub est lourdement handicapé. Élève en terminale, il bénéficie d’horaires aménagés, a dû renoncer à ses sports favoris. Humainement parlant, il est déjà victime d’une terrible injustice.
Leur presse (Aude Lambert, EstRepublicain.fr, 27 mars 2012)