Merah était-il un « indic » ?
L’ancien chef de la DST s’interroge sur une éventuelle collaboration du tueur avec le renseignement intérieur. Squarcini dément catégoriquement.
L’ancien chef de la DST (Direction de la surveillance du territoire) Yves Bonnet s’est ouvertement interrogé mardi dans La Dépêche du Midi sur la possibilité que Mohamed Merah ait été un indicateur des services de renseignements français. « Eh bien, voilà, c’est exactement ça, le problème », répond Yves Bonnet au journal qui lui demande si le tueur au scooter était un indicateur de la Direction centrale du renseignement intérieur, « car ce qui interpelle quand même, c’est qu’il était connu de la DCRI, non pas spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un correspondant au renseignement intérieur ».
« Or, avoir un correspondant, ce n’est pas tout à fait innocent. Ce n’est pas anodin », ajoute-t-il. « Appelez ça correspondant, appelez ça officier traitant… Je ne sais pas jusqu’où allaient ces relations, voire cette collaboration avec le service, mais on peut effectivement s’interroger sur ce point », dit-il. L’ancienne DST a fusionné avec la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) au sein de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Le démenti de Squarcini
Les propos d’Yves Bonnet ont été démentis à la mi-journée par Bernard Squarcini, le chef de la Direction centrale du renseignement intérieur. Mohamed Merah n’était « ni un indic de la DCRI, ni d’autres services français ou étrangers », a-t-il affirmé à l’AFP. Merah a été convoqué en novembre 2011 par la DCRI de Toulouse « parce que nous voulions recueillir des explications sur son voyage en Afghanistan. C’est un entretien administratif sans contrainte, puisque nous n’étions pas dans un cadre judiciaire (…). Des dispositions ont été prises, la DCRI l’a notamment inscrit au fichier des personnes recherchées pour être informé en cas de contrôle et de déplacements », avait expliqué Bernard Squarcini au Monde vendredi dernier.
C’est ce même policier de la DCRI de Toulouse qui est intervenu pour négocier avec Merah lors du siège de son appartement par la police : « Le courant passait bien. Non sans cynisme. Il a même dit à ce policier : De toute façon, je devais t’appeler pour te dire que j’avais des tuyaux à te donner, mais en fait, j’allais te fumer », avait aussi indiqué Bernard Squarcini au quotidien.
Leur presse (LePoint.fr, 27 mars 2012)