[« Antiterrorisme »] Les mensonges de la DCRI (1)

(…) Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a fait le lien entre Mohamed Merah et des salafistes arrêtés en 2007, à Toulouse et en Ariège, dans une affaire de filière djihadiste irakienne. [À notre connaissance, Guéant nie au contraire tout lien avec la « filière de Toulouse » : « Mohamed Merah était un terroriste agissant seul, ce que les spécialistes appellent un « loup solitaire ». »  — NdJL] Était-il sous surveillance à ce moment-là ?

Il n’y a pas de lien, en dehors de mandats qu’il a envoyés à l’un des condamnés en prison, ce qui peut être une simple solidarité de cité. (…)

Selon les déclarations qu’il a faites lors du siège par le RAID, il s’est autoradicalisé en prison, tout seul, en lisant le Coran. C’est un acte volontaire, spontané, isolé. Et il dit que de toute façon, dans le Coran, il y a tout. Donc, il n’y a aucune appartenance à un réseau.

Il n’a pas été victime d’une filière de radicalisation en prison ?

Il semble s’être radicalisé seul. (…)

Extrait du communiqué spécial de la DCRI (LeMonde.fr, 23 mars 2012)


[« Il n’y a pas de lien », « aucune appartenance à un réseau », c’est la faute au seul Coran, jure le communiquant de la DCRI, sur la simple foi des prétendus « aveux » de Mohamed Merah. Mais un simple journaliste peut recueillir les « aveux » du contraire auprès du gourou Olivier Corel lui-même, qui de son côté se dit naturellement pleinement « confiant » en la justice « antiterroriste » (NdJL) :]

Olivier, « l’émir blanc », a reçu chez lui Mohamed Merah

Les frères Merah connaissaient bien le cadre bucolique du hameau des Lanes où vit Olivier Corel, 65 ans, celui qu’on surnomme parfois « l’émir blanc ». Selon nos informations, et de source judiciaire, Mohamed Merah, 23 ans, et son frère Abdelkader se sont rendus dans sa ferme en janvier dernier pour régler le divorce religieux de ce dernier.

Même le maire du village est au courant de la visite des deux frères.

Olivier Corel, ce Français d’origine syrienne naturalisé en 1983, avait déjà été au centre d’une affaire de filière jihadiste vers l’Irak en 2007. Il est soupçonné d’avoir hébergé des islamistes radicaux voire de les encourager à partir au combat. Ce prédicateur avait été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et placé sous contrôle judiciaire avant de bénéficier d’un non-lieu.

Le nom d’Abdelkader Merah apparaissait déjà aussi à l’époque. Mais l’émir, qui nous a reçus sur le pas de sa porte, dit s’attendre « bientôt à la venue de la police », et bien « connaître le juge antiterroriste Marc Trévidic » mais assure être « confiant ». Les enquêteurs, eux, n’excluent pas des complicités dans le passage à l’acte de Mohamed Merah et vont remonter jusqu’à tous ceux qui ont eu un contact avec lui. L’émir est dans l’embarras, mais ne nie pas connaître les frères Merah. « Quand on frappe à ma porte, je l’ouvre à quiconque. Je suis un fils de Bédouin et nous avons la tradition de l’accueil et de l’hospitalité », répond Olivier Corel, polo sombre et pantalon bouffant, quand on l’interroge sur les frères Merah. À l’annonce de la mort de Mohamed Merah, le prêcheur avoue « n’avoir rien à dire sur ce qu’il a fait » et ne le condamne pas d’emblée.

Barbe rousse épaisse avec quelques pointes poivre et sel, les yeux perçants, Olivier s’appelait autrefois Abdulilah quand il est arrivé en France le 1er janvier 1973 pour des études de pharmacie qu’il a abandonnées. Un homme qui fait référence au Coran en permanence et le définit comme « le livre de la vérité absolue au-dessus de la loi des hommes ». Il avoue sur un ton aimable n’avoir « jamais lu la Bible ni la Thorah, car dit-il, je suis né musulman » mais admet « être allé à l’école dans un village chrétien en Syrie » à Talkalakh. « Ce n’est pas à moi de juger ce que cet homme a fait. Je n’ai pas à répondre là-dessus. Je ne suis pas un spécialiste de la jurisprudence du Jihad », lâche-t-il. « Je n’ai rien à cacher », assure-t-il. Dans sa ferme où il s’est installé depuis 1990, il élève quelques pigeons et cailles mais a aussi deux juments. Sa fille de14 ans ne va pas à l’école et est éduquée à la maison. Tous les trois mois, l’inspection académique contrôle son niveau de connaissance lors d’une réunion en mairie.

Marchand ambulant de poterie, Olivier Corel, dit « vivre une retraite tranquille » avec son épouse, Nadia, qui ne se montre pas. Seule concession un peu gênée, Olivier Corel, lâche que « le Coran ne prêche pas de tuer les enfants » ni de « tuer des soldats désarmés » avant de se dire fatigué par une longue matinée passée à couper du bois.

Leur presse (Le Parisien, 23 mars 2012)

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