Manifestations anti-austérité en Grèce, en marge de défilés
Les forces de police grecques ont tiré dimanche des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants anti-austérité dans trois villes du pays, en marge des défilés organisés à l’occasion de la fête nationale.
Le défilé militaire annuel commémorant le soulèvement de 1821 contre les Ottomans a eu lieu sur fond de mesures de sécurité sans précédent à Athènes, afin d’éviter que se reproduisent les heurts qui avaient eu lieu lors de précédentes célébrations. Le défilé a pu se tenir dans le calme, mais, hors des officiels, peu de personnes ont pu s’en approcher pour y assister.
Les manifestations qui ont eu lieu en marge des défilés officiels reflètent la colère d’une frange de la population contre les mesures d’austérité imposées par le gouvernement en échange de l’aide financière octroyée par le FMI et l’Union européenne.
À Athènes, certaines avenues avaient été bouclées et 4.000 policiers mobilisés dans le centre. Des agents des forces de sécurité avaient même été postés sur le toit du parlement et d’autres bâtiments de la place Syntagma, où ont eu lieu de violentes manifestations contre l’austérité l’an dernier.
À Patras, ville portuaire de l’ouest du Péloponnèse, une cinquantaine de manifestants ont bombardé les policiers de bouteilles et de pierres, après avoir été empêchés d’approcher de la tribune où des personnalités assistaient à un défilé étudiant.
La police a également fait usage de gaz lacrymogènes contre 200 manifestants qui tentaient de perturber des défilés étudiants à Héraklion et La Canée, en Crète.
La police a fait état de 39 arrestations dans l’ensemble du pays.
Leur presse (Reuters, 25 mars 2012)
Manifestation antirigueur en Crète
Des centaines de manifestants protestant contre l’austérité ont provoqué aujourd’hui à Héraklion, en Crète, l’annulation du défilé commémorant le soulèvement de 1821 contre l’empire ottoman, tandis qu’à Athènes, l’étau policier inédit encadrant les célébrations a fait prévaloir le calme. Le vice-préfet de région de Crète, Evripidis Koukiadakis, a invoqué devant les médias la « sécurité des élèves » pour justifier l’annulation du défilé militaire qui comprend également des écoliers. « Maintenir la parade sous protection policière et au milieu des gaz lacrymogènes était dénué de sens », a-t-il affirmé.
L’annulation des célébrations dans ce chef-lieu de l’île (sud), quatrième ville du pays, a fait suite à l’irruption sur le parcours officiel, juste après l’ouverture du défilé par la fanfare, de près d’un millier de manifestants protestant contre la politique gouvernementale d’austérité.
La police a d’abord tenté de les repousser, en usant de gaz irritants, puis s’est repliée pour les laisser marcher sans incident sur le parcours, aux cris de « le droit du travailleur est la loi » et « pain, éducation et liberté », slogan symbole de la lutte contre la junte des colonels (1967-74), selon une source policière. À Salonique et Patras, deuxième et troisième villes du pays, plusieurs centaines de contestataires ont aussi manifesté contre la cure de rigueur dictée au pays surendetté par l’UE et le FMI, mais sans perturber les défilés, encadrés par un important déploiement policier, selon les médias.
Un premier bilan policier a recensé 180 interpellations dans ces villes, la capitale et le reste du pays. À Athènes, la démonstration de force policière a fait prévaloir le calme, privant toutefois le défilé, suivi par les chefs de l’État et du gouvernement, du plus gros de son public.
Le Premier ministre, Lucas Papademos s’est affirmé confiant que la Grèce puisse « remporter le combat national qu’elle livre aujourd’hui pour redresser son économie ».
Les médias relevaient par ailleurs que ministres et élus se sont fait discrets en province, où nombre de localités avaient renoncé à ériger les traditionnelles estrades officielles surélevées. Les forces de l’ordre étaient en alerte de peur de violences et de prises à partie du personnel politique, après les incidents ayant émaillé tous ces derniers mois les célébrations nationales. La plus grave perturbation avait conduit le 28 octobre à l’annulation à Salonique du défilé militaire national commémorant le rejet par la Grèce de l’ultimatum de l’Italie fasciste en 1940, auquel assistait le chef de l’État. La fête nationale du 25 mars commémore le soulèvement de 1821 qui a abouti en 1829 à la fin de près de quatre siècles de domination ottomane.
Leur presse (Agence Faut Payer, 25 mars 2012)