Réunis hier à Plancy-l’Abbaye (Aube), les comités d’entreprise ont mis sur pied une semaine de quête dans les usines et les bureaux entre les 2 et 6 avril.
La solidarité en faveur des salariés de Sodimédical, sans paie depuis cinq mois, s’amplifie.
À l’initiative des Petitjean, une dizaine de comités d’entreprise se sont réunis hier matin à Plancy-l’Abbaye. Dans la salle des fêtes, avaient pris place les Méfro, Bonduelle, France Volets, Guy de Bérac, IVB, Flunch, Sauvegarde de l’Enfance et de l’adolescence, APPEI, etc.
Ces comités d’entreprise ont mis sur pied une semaine de solidarité en faveur des salariés de Plancy-l’Abbaye, du 2 au 6 avril. Elle se traduira par des quêtes à la sortie des usines et des bureaux. « Chaque comité d’entreprise choisira le jour qui lui conviendra le mieux », expliquent Emmanuelle Riani et Christophe Piat, du comité d’entreprise de Petitjean. Mefro a retenu le mercredi entre midi et 13 h, au moment du changement d’équipes, Bonduelle préfère, lui, le vendredi.
Maintenant que cette semaine a a été arrêtée, ces comités d’entreprise vont essayer d’en entraîner d’autres dans ce vaste mouvement de solidarité. « Nous allons contacter les entreprises qui se trouvent autour de nous, à commencer par Michelin », signalent Sylvain Berton et Bruno Ruelle, de chez Méfro.
Une collecte devant les hypermarchés le samedi
Salarié de la Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, Pascal Andrieux se réjouit de cette mobilisation à venir des entreprises. Et qui a même commencé dans certaines puisque Sitel, Tractel et la Cité de l’Auto ont déjà fait des collectes. « Ce sera une première dans l’histoire sociale récente de l’Aube », estime-t-il. Pascal Andrieux n’a pas souvenir que cela se soit déjà produit au cours de ces cinquante dernières années.
Cette semaine de solidarité se terminera le samedi 7 avril par une collecte s’adressant cette fois à tous les Aubois devant les hypers et les supermarchés. Les Petitjean, qui restent le fer de lance de cette solidarité, vont contacter les plus importants du département afin qu’ils autorisent cette journée de quête devant leur établissemment.
La totalité des dons récoltés par les comités d’entreprise, aussi bien dans les usines que devant les hypermarchés, seront remis aux salariés de Sodimédical le 11 avril, à 17 h, devant la mairie de Troyes.
Après cette remise, se déroulera une manifestation de soutien aux Sodimédical. Le cortège partira de la mairie pour se rendre à la préfecture.
Aix-en-Othe a voté aussi 1000 euros
De leur côté, les communes sont de plus en plus nombreuses à voter une subvention au personnel de Sodimédical.
Et ce ne sont plus des petites (comme Longsols, Villemaur-sur-Vanne et Vailly) qui débloquent des fonds. Pont-Sainte-Marie et Sainte-Savine ont déjà voté 1000 euros. « Aix-en-Othe a décidé de la même somme au début du mois », signale son maire Yves Fournier. Mercredi soir, c’était au tour de la commune de La Chapelle-Saint-Luc de voter une subvention de 2000 euros. Une somme accordée à l’unanimité, comme celle du conseil régional lundi dernier (7500 euros).
En revanche, aucune commune du canton de Méry, où se dresse pourtant l’usine, n’a voté de subvention aux salariés. Maire de Plancy-l’Abbaye, James Lionnet l’attribue au courrier qu’a adressé Philippe Adnot aux maires et « qui a fait beaucoup de mal », dit-il. « Les gens ont du mal à imaginer qu’un président de conseil général et un préfet puissent ne pas refléter la réalité », expliquent les salariés.
Les premiers dons sont allés aux gens les plus en difficultés
Les Sodimédical vivent sans salaire depuis cinq mois et risquent de rester encore sans paie jusqu’au 23 mai. La solidarité s’est, depuis, mise en place.
« La première personne qui nous est venue en aide est un prêtre de Troyes. Il nous a apporté sa quête du matin », se souvient Angélique Debruyne. Depuis le mouvement s’est amplifié. Des particuliers adressent des chèques à la mairie de Plancy-l’Abbaye où un compte a été ouvert. Les dons sont à libeller : Solidarité Sodimédical.
« Il y a eu un moment de creux lorsque Philippe Adnot et le préfet ont semé le trouble dans les esprits. Mais le vote des communes, du conseil régional et la position de l’Évêque ont remis en confiance les Aubois », signale la porte-parole des salariés.
Les Sodimédical ont décidé de ne pas diviser les dons entre les 52 salariés. « Bien que nous soyons tous dans la panade », signale Angélique Debruyne. Après un vote, ils ont choisi de venir en aide à ceux qui sont le plus en difficultés. « D’un commun accord, nous avons décidé de régler d’abord des loyers en retard, l’électricité dûe, les cantines pour les enfants, les assurances pour les voitures. Tout ce qui peut permettre d’éviter le pire », explique-t-elle.
Le comité d’entreprise règle lui-même les factures impayées. « Si nous faisions un virement, les gens ne verraient pas l’argent car ils ont tellement d’agios en retard ». Un salarié, Pascal Busser, signale que le Crédit Lyonnais de Romilly lui a fermé son compte bancaire parce qu’il n’y avait plus de mouvement dessus !
Comme les dons sont plus importants maintenant, le comité d’entreprise a bon espoir d’éviter les expulsions vu que des gens ont cinq mois de retard de loyer.
Leur presse (Jorge D’Hulst, LEst-Eclair.fr, 16 mars 2012)