[Europe forteresse] Témoignage des demandeurs d’asile détenus au camp d’Arad (Roumanie)

« Il faut nous aider, nous sommes plus d’une cinquantaine enfermés au centre de détention d’Arad en Roumanie. Nous sommes des demandeurs d’asile et ils nous ont enfermés.

Nous sommes là depuis un mois pour les uns, 7 8 ou 9 mois pour les autres. Il y a des hommes et une femme enceinte.

On est maltraité, pire que des animaux. La police du centre nous frappe, nous tabasse. Ça se passe souvent. Par exemple, mardi de cette semaine, le 6 mars 2012, les policiers ont voulu gazer une personne, on ne sait même pas pourquoi. Ils l’ont emmené en bas dans la cellule d’isolement pour le frapper. On l’a entendu crier de nos cellules.

On est enfermé 24h sur 24. On a seulement le droit de sortir de nos cellules dans le couloir une à deux heures par jour. On n’a pas de promenade à l’extérieur possible, pas d’accès à la télévision, pas de possibilité de recevoir de l’argent de nos familles via Western Union. On nous donne tout le temps la même chose à manger. On n’a pas d’accès à un médecin. Si on est malade, on ne peut rien pour nous. En ce moment, on est plusieurs à avoir de gros problèmes de peau, ça nous démange, ça fait mal mais personne ne nous soigne.

Une fois, il y a quelque temps, on voulait faire grève de la faim pour dire qu’on en pouvait plus ! On a demandé des droits. Ce jour-là, ils ont fait venir des gendarmes en renfort qui portaient des cagoules. Nous étions enfermés dans nos cellules, ils nous ont gazés par la lucarne de la porte. Puis ils ont ouvert et nous nous sommes tous fait tabasser. Ils ont même cassé le bras et le nez d’un détenu.

Tout ça fait qu’on a des problèmes nerveux, on est à bout. Il faut le vivre pour comprendre. Certains sont tellement à bout qu’ils veulent se tuer. Ça a été le cas d’un des détenus qui était très mal et qui disait qu’il voulait se couper les veines. Ce sont les policiers du centre qui lui ont amené un couteau et lui ont dit « avec ça tu pourras ».

On ne fait aucune activité, ça attaque aussi le système nerveux.

En Roumanie, la détention c’est 18 mois. 18 mois ce n’est pas possible comme ça ! C’est impensable ce que l’on vit. On ne pourrait pas croire qu’on est en Europe. 18 mois dans une cage ! Depuis peu, il n’y a même plus de chauffage, on dort avec des blousons. La douche ne fonctionne plus non plus, on dort presque à même l’armature du lit tellement les matelas sont en très mauvais état.

On est en enfer. »

Les détenus du centre de rétention d’Arad (Roumanie)

Recueilli le 8 mars 2012 par Migreurop.

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