[Paris] Solidarité avec les militantEs antifascistes inculpéEs

Une répression terrible s’abat sur dix militantEs antifascistes, interpelléEs à Paris dans la soirée du 8 mars alors qu’ils et elles collaient des affiches contre la tenue des « Assises de la nationalité, de la citoyenneté et de l’identité », organisées par le Bloc identitaire, groupe aux idées racistes revendiquées. Pour de simples affiches, ces militantEs ont été gardéEs à vue 48h, avant d’être déférréEs samedi soir au parquet de Paris en ayant fait un passage à la section antiterroriste de la brigade criminelle !! Au total ce sont plus de 60h qu’ils et elles ont passées dans les locaux de la police puis de la justice.

Rien dans les actes ni dans l’attitude des militantEs ne justifiait cette garde à vue et ce déferrement.

Grâce à la mobilisation des organisations, réseaux et sympathisantEs antifascistes, ils et elles ont été libéréEs ce dimanche avec des procès verbaux signifiant des inculpations pour participation à un groupe formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou des destructions pour dégradation de biens.

Cela leur vaut d’être convoquéEs pour être jugéEs devant la 29e chambre du Tribunal de grande instance de Paris le 7 mai 2012.

Aussi nous dénonçons ici une répression purement politique.

Une surenchère répressive sur les militantEs antifascistes

Nous dénonçons une véritable stratégie d’intimidation menée par la Justice.

À chacune des apparitions publiques des organisations antifascistes, que ce soit face aux catholiques intégristes ou aux divers néo-nazis adeptes du « saucisson-pinard », les ordres du pouvoir sont clairs : la police protège systématiquement l’extrême droite.

Les organisations engagées dans le combat contre l’extrême droite tentent ni plus ni moins d’alerter l’opinion contre la banalisation du racisme et des idées d’extrême droite, et de s’opposer à leurs représentants de tous poils.

Nous dénonçons une criminalisation croissante de ce combat.

Une Justice à deux vitesses

Rappelons qu’il y a à peine trois mois, deux membres de la mouvance catholique intégriste ont été arrêtés au théâtre du Rond-Point, alors qu’ils s’apprêtaient à en détruire le système de sécurité. Ces deux-là n’ont écopé que d’une dizaine d’heures de garde à vue et d’un banal rappel à la loi, avant de repartir… tranquilles. Une différence de traitement aussi criante manifeste clairement la propension du pouvoir et de sa police à « couvrir » des groupuscules violents et liberticides. Sans oublier la couverture de la justice dont bénéficient des ministres en poste lors de leurs « dérapages » tout à fait contrôlés à l’encontre des immigré-e-s ou lorsqu’ils affirment qu’il existe une inégalité de valeur entre, ce qu’ils appellent, les « civilisations »…

Nous dénonçons donc un pouvoir qui encourage les expressions d’intolérance, de conservatisme et de racisme, et qui défend ceux qui les répandent.

Une indulgence coupable

Si le gouvernement les protège, c’est que les fascistes lui sont très utiles : d’abord ils diffusent efficacement ses idées, désignant les mêmes boucs-émissaires (étranger-e-s, musulman-e-s, chômeurs-ses, et combien d’autres encore), popularisant les mêmes solutions radicales qui consistent à stigmatiser et exclure. Mais en plus, ils sont un ennemi majeur pour le mouvement social, à qui ils font barrage par leurs attaques, leur propagande et leurs provocations.

Nous ne supporterons pas plus longtemps une situation où les fascistes ont les mains libres tandis que l’on enferme ceux et celles qui les dénoncent et organisent la mobilisation et une riposte militante face à eux.

Nous interpellons la population sur la répression éhontée qui sévit sur le mouvement antifasciste en particulier et sur le mouvement social en général.

Nous exigeons que les poursuites à l’encontre des 10 militant-e-s antifascistes soient abandonnées et appellons à la mobilisation de toutEs en solidarité.

Premiers signataires : Alternative libertaire, Les Alternatifs, Ras l’Front Marne la Vallée, Émancipation tendance intersyndicale, CNT Etpreci 75, CNT Santé social, UD CNT 95, Section carrément anti Le Pen (SCALP), Fédération Total respect / Tjenbé réd (Fédération de lutte contre les racismes, les homophobies et le sida), SUD Culture Solidaires, Action antifasciste Paris banlieue (AFA), Christianisme social, Solidaires Paris, Nouveau parti anticapitaliste, SUD Étudiant.


Trente-trois [heures] au gnouf pour un collage d’affiches !
Solidarité avec les onze antifascistes mis en examen !

Le 8 mars 2012 au soir, quatre militantes et militants de la Fédération anarchiste, ainsi que sept autres camarades d’Action antifasciste, du NPA et d’Alternative libertaire ont été arrêté-es à Paris et placé-es en garde à vue. Il leur est reproché de s’être livré-es à des dégradations en réunion. En réalité, leur action était un collage destiné à refuser la banalisation de l’extrême droite et à informer sur  la tenue des « Assises Nationales de la Nationalité, de la Citoyenneté et de l’Identité », prévues pour le samedi 10 mars dans le 12e arrondissement. Cette manifestation à visée prétendument citoyenne est déjà la deuxième du genre, elle véhicule ouvertement pour le compte du Bloc identitaire les prises de position xénophobes et racistes les plus abjectes.

Dans cette affaire, les forces de répression de l’État ont clairement indiqué quel est leur camp naturel ; la garde à vue a été prolongée jusqu’au samedi 10 mars à 22 heures, l’emprisonnement a duré jusqu’au dimanche 11 dans l’après-midi, sans aucun fondement juridique aux termes du droit bourgeois, et les rassemblements organisés en soutien ont été neutralisés avec l’efficacité qu’on connaît à la police de ce pays quand il s’agit d’écraser les luttes sociales. De toute évidence, le pouvoir d’État a décidé de frapper fort et d’envoyer un message d’encouragement aux fascistes de tout poil. Mise en relation avec les déclarations récentes du ministre de l’Intérieur et la tonalité générale de la campagne électorale, cette série de gardes à vue, prouve, s’il en était besoin, que l’extrémisme de droite est un rouage essentiel à la stabilité du capitalisme et de l’État, et qu’on ne s’en débarrassera définitivement qu’en détruisant le système économique et politique qui lui accorde sa protection.

La Fédération anarchiste soutient l’action des militant-es arrêté-es et exige l’arrêt des poursuites  engagées contre elles et eux, elle dénonce une atteinte à la liberté d’expression et le caractère inédit des mesures de garde à vue suivie de détention pour collage d’affiches.

La Fédération anarchiste remercie l’ensemble des personnes qui ont manifesté leur soutien immédiat sans céder aux intimidations policières. D’ores et déjà, la solidarité s’organise : une souscription est ouverte ; il suffit pour cela d’envoyer un chèque à l’adresse suivante : PUBLICO, 145 rue Amelot, 75011 PARIS, à l’ordre de « Publications Libertaires », en rajoutant la mention «  Solidarité 8 mars » au dos. Les informations sur les différentes initiatives de soutien à venir seront communiquées au fur et à mesure.

Fédération anarchiste,
Secrétariat aux Relations extérieures,
dimanche 11 mars.

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