Des punks lapidés à mort dans les banlieues chiites de Bagdad
Des jeunes habillés et coiffés à la « punk », ou vêtus dans des styles gothiques ou emo sont, ces derniers temps, victimes dans les rues des banlieues chiites de Bagdad de miliciens qui les attaquent à coups de pierres. Selon des sources proches des hôpitaux et des services de sécurité, 14 de ces jeunes ont ainsi trouvé la mort ces trois dernières semaines.
Des listes de jeunes menacés de mort s’ils ne modifient pas leur style vestimentaire circulaient en outre samedi dans ces quartiers chiites. Ces sources précisent que 14 corps de jeunes habillés à la mode occidentale punk ou emo ont été réceptionnés dans trois hôpitaux de l’est de la capitale irakienne. Les corps portaient les stigmates de coups mortels infligés par des pierres ou des briques, ont ajouté ces sources sous le sceau de l’anonymat.
Neuf corps ont ainsi été amenés dans plusieurs hôpitaux de Sadr City, l’immense banlieue chiite pauvre de Bagdad, trois à l’hôpital Al Kindi de Baghdad East et deux à la morgue centrale. D’après les sources, six autres jeunes, dont deux filles, ont également été battus et blessés à titre d’avertissement.
Reuters a eu connaissance samedi d’un pamphlet distribué dans le quartier chiite de Bayaa, dans l’est de la capitale, donnant la liste de 24 jeunes menacés de mort. « Nous vous prévenons, jeunes gens et jeunes filles obscènes, que si vous n’abandonnez pas votre sale comportement d’ici quatre jours, le châtiment de Dieu s’abattra sur vous par le biais des Moudjahidine ! », pouvait-on lire sur ce tract. Un autre pamphlet distribué à Sadr City cite 20 noms de jeunes ciblés. « Nous sommes les Brigades de la Peur et nous vous avertissons que si vous ne reprenez pas le chemin de la raison et de la rectitude, vous serez tués ! »
En février, le ministère de l’Intérieur avait évoqué le phénomène de ces jeunes punks, présentés comme des « satanistes », qui gagnerait du terrain dans les écoles, tout particulièrement chez les jeunes filles. Le ministère avait donné l’ordre à la police de les faire rentrer dans les rangs. « Ils arborent des vêtements moulants avec des têtes de mort peintes. Leurs fournitures scolaires sont décorées de crânes, ils portent des anneaux au nez et aux oreilles », précisaient les autorités.
Les dignitaires religieux chiites ont pour leur part condamné ces lapidations. Abdoul-Rahim al Rikabi, représentant pour Bagdad de l’ayatollah Ali al Sistani, a ainsi parlé d' »attaques terroristes » à leur sujet.
Leur presse (LeMonde.fr avec Reuters, 11 mars 2012)