Deepwater Horizon : une catastrophe écologique qui hante toujours les habitants
L’explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon a fait 11 morts mais le bilan s’avère plus lourd au fur et à mesure que l’on découvre les conséquences de la marée noire sur l’environnement et les hommes. C’est ce dont traite le documentaire de Joe Berlinger, Black Tide : Voices from the Gulf que Maxisciences est allé voir à l’occasion du Festival International du Film d’Environnement.
Survenue le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon à 80 km au large de La Nouvelle-Orléans, a fait 11 morts et causé le déversement de 760 millions de litres de pétrole brut dans le golfe du Mexique jusqu’à ce que les autorités arrivent à obstruer le puits quatre mois plus tard. Au total, environ 11.130 tonnes de composés de gaz et de pétrole se sont répandus chaque jour dans l’environnement.
Rapidement, l’accident s’est ainsi avéré être la pire catastrophe écologique que les États-Unis aient jamais connu. Pas de moins de 1.600 kilomètres de côte ont été touchés par la marée noire dégradant voire tuant l’écosystème qu’abritait le golfe du Mexique. Selon les spécialistes, il faudra ainsi à la région des décennies pour retrouver un semblant de ce qu’elle était avant le 20 avril 2010. Marécages, coraux, des milliers d’oiseaux et des centaines de tortues et de dauphins comptent dans les dommages directs de cet accident de l’or noir.
Les deux activités dont dépendaient les habitants du golfe du Mexique, le pétrole et la pêche, ont été toutes deux interdites dans les mois qui ont suivi la catastrophe ce qui a entrainé de nombreuses faillites et des désertions. Peu de gens touchés par cette crise ont été indemnisés à l’heure actuelle malgré les dommages auxquels ils ont dû faire face. Alors que la société Weatherford, un sous-traitant de BP, vient d’être disculpée par un tribunal américain de toute charge pour la marée noire dans le golfe du Mexique en 2010, des personnes souffrent encore actuellement de cet accident industriel.
Du pétrole écoulé toujours dans la nature
Certains ont perdu leur emploi, leur profession quand d’autres ont perdu la santé. Les pêcheurs ont tous mis la clé sous la porte. Les ostréiculteurs ont fait de même à part quelques survivants qui se sont attachés à trier minutieusement leur marchandise ou à l’importer d’ailleurs. Pourtant, le golfe du Mexique était réputé pour ces huîtres. C’étaient les meilleures de toute l’Amérique pour beaucoup. Une réputation aujourd’hui perdue. Sous la caméra de Joe Berlinger, se succèdent ainsi des témoignages bruts et touchants des habitants qui parlent de la misère sans fin dont ils souffrent aujourd’hui suite à la catastrophe.
Mais le documentaire Black Tide : Voices from the Gulf relance également le débat déjà entamé par les scientifiques sur la question des 780 millions de litres de pétrole. Une partie a été pompée, récupérée ou brûlée à la surface, une autre partie s’est évaporée ou s’est dissoute. Les autorités et BP se sont vite inquiétés face à l’ampleur de la marée noire et de ses dégâts. Ils ont alors décidé de répandre du dispersant chimique pour transformer les énormes plaques de pétrole flottantes en microgoutelettes. Mais le pétrole n’a pas disparu pour autant comme l’ont révélé de récentes études. Ainsi, une question reste dans les esprits : était-il réellement judicieux de régler le problème de la pollution par la pollution au vu du résultat obtenu ?
Selon l’Agence fédérale américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), un peu plus du quart du pétrole écoulé subsisterait encore dans la nature. Encore aujourd’hui, les conséquences sont difficiles à déterminer sur le court comme sur le long terme. C’est cette peur de l’inconnu qui transparait désormais dans les discussions entre les habitants du Golfe alors même que l’incident est considéré comme clos pour beaucoup, à tort.
Leur presse (maxisciences, 19 février 2012)