Rassemblement de soutien à la Grèce Jeudi 16 février à Lyon

Face à un plan de rigueur d’une violence antisociale sans précédent, les Grecs ont le week-end dernier et depuis tenu tête tant aux politiciens qu’à la répression policière. Parce que les patrons, actionnaires, banquiers, politicards et capitalistes sont les mêmes à Athènes qu’à Lyon : Solidarité avec les Grecs en lutte !

La Coordination des Groupes Anarchistes Lyon appelle à participer au rassemblement de soutien, jeudi 16 février à 18h30 place de la Comédie.

D’Athènes à Lyon, le capitalisme n’a pas de frontières, nos luttes pour l’abattre non plus !

Les mesures prises dimanche par le parlement grec sont hallucinantes : le salaire minimum a baissé de 22 % (de 700 € à 546 € et 491 € pour les moins de 25 ans) à cause des nouvelles mesures d’austérité du FMI qui ont déjà comme conséquence un taux de chômage de 22 % (et 47 % pour les jeunes). S’y ajoutent 150.000 licenciements dans le secteur public d’ici 2015, secteur où la stabilité de l’emploi avait déjà été supprimé. Dans le secteur privé, les conditions de travail (si jamais tu en trouves un…) sont aussi difficiles : les conventions collectives sont tout simplement supprimées et les entreprises diminuent systématiquement et drastiquement les salaires et les effectifs. Tout ça pour que l’État ramasse les 300 millions d’euros que réclament les banques et la « troïka » (UE, FMI, BCE).

Le peuple, malgré le terrorisme imposé par les patrons et les médias, proteste depuis ce week-end dans les rues des centres-ville, s’émancipant pour une grande part des centrales syndicales, souvent corrompues ou aux ordres des partis politiques. Comme une masse sans âges, sans couleurs de partis politiques, utilisant des pratiques diffusées pendant les émeutes des dernières années, les Grecs ont tenu tête tant aux politiques qu’à leurs flics armés et violents.

Les grèves générales et les manifestations politiques contre les mesures d’austérité ont été fréquentes en Grèce ces derniers mois (2 novembre, 17 novembre, 1er décembre, 6 décembre, 17 janvier, 7 février, 12 février). Mais la lutte ne se limite pas à ces journées d’actions, loin de là. Par exemple, l’« Aciérie grecque » (Elliniki Chalyvourgia), entreprise située en banlieue d’Athènes, cumule déjà plus de 100 jours de grève malgré les menaces de leur patron. Ils n’ont, comme ils le proclament, « plus rien à perdre ». De nombreux employés, dont les patrons refusent de payer les salaires, ont lancé des occupations de leurs lieux de travail tantôt pour protester, tantôt pour les faire fonctionner en autogestion, les tenir ouverts et pouvoir survivre. Ainsi les caisses de l’« hôpital des enfants » d’Athènes sont fermées et le personnel prend ses décisions aux réunions quotidiennes, l’hôpital de la ville de Kilkis est occupé et autogéré par ses employées, et dans le nord du pays plusieurs restaurants et une pâtisserie célèbre ont été autogérées par leurs employés. En réaction les patrons appellent les flics et les employés sont souvent emmenés face aux tribunaux comme dans le cas de l’entreprise publique d’électricité dont les employés, qui occupaient les locaux et empêchaient les — nombreuses — coupures de courant pour défaut de payement de l’impôt supplémentaire sur l’électricité, se retrouvent aujourd’hui face à la justice.

La crise a provoqué un réveil des consciences, la multiplication des tentatives d’autoorganisation, la création des syndicats anti-hiérarchiques et des réunions à forme horizontale dans les quartiers. Le système carcéral est également touché : des textes issus de presque toutes les prisons, signés par des prisonniers, témoignent que parallèlement aux luttes dans la rue, ils continuent leur propre lutte dans les oubliettes de l’État.

L’État tente de casser les formes les plus radicales de la lutte en accentuant la violence de sa répression, particulièrement au niveau judiciaire. Ce caractère vindicatif n’est pas seulement évident dans les procès en cours contre des groupes comme « Lutte Revolutionnaire » ou les « Conspirations des Cellules du Feu » mais aussi dans les derniers évènements concernant la station de radio Flash. En soutien avec les inculpés de « Lutte Revolutionnaire » les locaux de flash fm ont été investis et les programmes interrompus pour transmettre un message de solidarité avec les inculpés, pratique relativement courante du mouvement anarchiste grec. Malgré le fait que ni la direction de la station, ni le personnel n’aient officiellement demandé l’intervention de la police, des dizaines de flics — voltigeurs, police antiémeute (MAT), flics en civil, etc. — sont rapidement arrivés sur les lieux et ont attrapé tous les militants sous le chef d’inculpation d’incitation à la violence. Leur procès aura lieu le 30 mars prochain. La répression touche aussi les squats anarchistes athéniens (comme Lelas Karagianni qui date de 1988), les locaux occupés par les anarchistes dans les universités et particulièrement la station de radio 98fm, un des principaux médias alternatifs (« contre-information » pour reprendre le vocabulaire des camarades grecques).

Si cette situation peut paraître lointaine par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui en France, la violente répression et les mesures antisociales qui frappent la population grecque ont des origines et des causes communes avec la France et le reste de l’Europe. Le Portugal connaissait d’ailleurs, il y a quelques jours, des manifestations monstres face à un plan de rigueur assez proche de celui voté dimanche à Athènes. Ici comme là bas ce sont les États et la « Troika », en fidèles garants des intérêts des patrons, des actionnaires et du capitalisme, qui exploitent chaque jour un peu plus une population déjà exsangue et lui font payer les frais d’une crise qui n’est pas celle des travailleurs, mais celle du capitalisme !

Il est nécessaire d’être aujourd’hui solidaire de nos camarades qui luttent ailleurs en Europe, pour soutenir leur lutte, mais aussi pour créer les nôtres ! Il ne faudrait pas croire que la France, obnubilée par l’attente d’un hypothétique sauveur comme à chaque élection présidentielle, échappera aux logiques qui affament aujourd’hui les Grecs : patrons et banquiers sont les mêmes à Athènes qu’à Lyon !

Solidarité avec les camarades grecs !

Coordination des Groupes Anarchistes – Lyon.

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