Menotté, il s’évade du palais de justice
Troyes – Aux portes du palais, les gendarmes ont laissé filer un détenu qu’ils étaient censés escorter jusqu’à la salle d’audience.
Lorsqu’il quitte sa cellule de la maison centrale de Clairvaux, hier matin, Habib Nebaya imagine sans doute la sanction qui viendra alourdir sa peine.
Quelques mois de plus derrière les barreaux d’une des prisons les plus sécuritaires de France. C’est là qu’il use et abuse des failles d’un système, outrage ou dégrade au gré de ses humeurs.
Le 15 juin 2011, alors qu’il s’explique à la barre du tribunal, il aura ses mots prémonitoires : « J’avais envie de m’évader, non pas par hélicoptère ou à grand renfort d’explosifs mais en parlant à mes proches. »
Hier, Habib Nebaya n’avait pas de complice, pas plus qu’il ne détenait d’arme. Il a simplement profité de l’inattention de ceux qui étaient censés le conduire à bon port. Devant l’audience correctionnelle du tribunal de Troyes.
Mais une occasion en or s’est présentée et Habib Nebaya ne l’a pas laissée filer. Quelques secondes et des gendarmes pris de court aux portes du palais. Un scénario à peine croyable. Et pourtant. Cet homme, dont le parcours judiciaire est émaillé de nombreuses condamnations pour des faits de violence se trouve à l’arrière du véhicule de la gendarmerie. Le dispositif de sécurité est enclenché. Habib Nebaya ne peut pas ouvrir les portes. Puis la voiture s’immobilise dans la cour du palais de justice et le système est levé. C’est à ce moment précis que Habib Nebaya tente l’impossible. Et ça va marcher.
Hélicoptère
Les gendarmes ne se rendent comptent de rien. Un instant plus tard et le fuyard a déjà plusieurs centaines de mètres d’avance. Un témoin indique sa direction de fuite. Habib Nebaya court, conserve la distance, et le sort s’acharne.
À proximité du service pénitentiaire d’insertion et de probation, boulevard Gambetta, une automobiliste croise sa route. Il l’oblige à sortir et s’engouffre dans la voiture, menottes aux poignets. Habib Nebaya ne connaît rien de cette ville et parvient pourtant à éviter les pièges. Les gendarmes sont définitivement semés.
Le plan Milan déclenché dans la foulée de l’évasion n’y changera rien.
La mobilisation des fonctionnaires de police et les rotations d’un hélicoptère non plus. La cavale de Habib Nebaya peut commencer.
Le voyou a gagné la première manche. Pour quelques heures ou quelques jours, il goûte à la liberté. Mais déjà son signalement circule, Habib Nebaya est activement recherché.
Leur presse (Céline Tillier, L’Est Éclair, 3 février 2012)