[Importante précision liminaire : à Bamako au moins, la jeunesse qui a pris la rue ne proteste pas seulement contre les monstrueux mensonges du régime à propos de la situation dans l’Azawad, mais manifeste aussi son soutien aux populations de l’Azawad, et sa solidarité avec la révolte au Sénégal. (Source : message envoyé par un manifestant de Bamako, le 2 février au soir.)]
Folle journée à Bamako : Le départ d’ATT exigé…
Après son discours du mercredi dernier, le Président ATT que l’opinion nationale et internationale attendait de calmer les esprits a raté son message. Et pour cause !
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Pour cette veuve d’un militaire tombé sur le champ de l’honneur : « ATT doit dire la vérité aux Maliens. Nous sommes fatigués par son jeu de cache-cache. Nous nous attendions à ce qu’il fasse la lumière sur le carnage d’Aguel’Hoc et ailleurs. Rien de tout cela. »
En tout cas, toute la journée d’hier, les principaux artères de la capitale : la route de Koulouba passant devant la mairie du District de Bamako, le Carrefour des Jeunes, Mairie du District de Bamako (incendié dans l’après midi), l’Assemblée Nationale (où les manifestants sont venus exprimer leur colère), le carrefour l’APCAM, donc de l’ORTM envahis par les manifestants qui ne reculaient pas devant les forces de l’ordre (…).
Au paravent [sic], les manifestants ont réussi à forcer la barrière des forces de l’ordre (gendarmes et policiers) à Koulouba. Estimés à des centaines, ils ont incendié l’unique station qui était sur leur route pour ensuite défoncer les portails du palais présidentiel presqu’escorté par quelques militaires. Au moment où nous bouclons cette édition, ils occupaient encore le jardin du palais de Koulouba. Sachant que la situation lui échappait, le régime renforça la garde de certains édifices tels que l’ORTM, le palais présidentiel. Une mesure préventive tout à fait normale. En fait, il y a eu de véritables heurts entre manifestantes et forces de l’ordre qui a abouti à leur entrée dans le palais présidentiel. En tout cas, depuis le matin, elles occupaient les jardins. D’ailleurs, l’accès à Koulouba est difficile et en y essayant, les gravats et autres cocktails, des barricades, des pneus enflammés sont visibles ça et là. Cela dénote de l’âpreté des affrontements.
La journée d’hier, est un sérieux avertissement pour le régime agonisant d’ATT dont la plupart de ses soutiens ont mystérieusement disparu dans la nature. Et dire qu’au moment où bouclons cette édition, Koulouba aurait entrepris des démarches avec les religieux afin qu’ils appellent au calme alors que curieusement, l’Armée quitte certaines positions telles qu’à Ménaka. D’autres sources qui restent à vérifier parlent aussi de Kidal dont les rebelles menacent d’attaquer le weekend. Donc la politique de harcèlement de nos forces de sécurité et de défense se poursuit. Ce qui arrange le régime en place qui n’aura d’autres solutions que de décréter l’état d’urgence et de décaler les élections générales prévues cette année. D’où le projet de deux ans à défaut d’un troisième mandat susurre certaines sources même si les habitués du palais disent le contraire.
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Sachant la gravité de la situation, l’ambassade de France au Mali avait déjà averti ses ressortissants des mouvements d’humeur d’hier et les inviter à limiter leurs déplacements. L’école française « Liberté A » a été fermée, les enfants contraint de rester à la maison.
Au regard de la folle journée d’hier où de Kati à Bamako, les commerces, les écoles ont été fermé ainsi que les banques et où les manifestants exigeaient des usagers de se désolidariser du régime d’ATT, la journée d’aujourd’hui risque d’être déterminante (…).
Leur presse (Bokari Dicko, Mali Demain, 3 février 2012)
Colère des populations contre la situation au Nord : Les manifestations gagnent plusieurs localités…
Après les attaques contre les touaregs à Kati mercredi, de groupes de jeunes se sont attaqués hier à Bamako et dans plusieurs villes du pays aux édifices publics, brulé des véhicules et bloqué la circulation pour exprimer leur ras-le bol face à la gestion qu’elles jugent « mauvaise » de la nouvelle rébellion. Ainsi, la Cité administrative et la mairie du district ont été prises d’assaut par des badauds. Selon de sources proches des forces de sécurité, les incidents ont fait au moins un mort. Des violences qui ont eu lieu le lendemain du discours à la Nation du président de la République qui avait appelé au calme et la cohésion nationale.
Visiblement, l’appel du président de la République n’a pas été entendu. Disons, elle a même rajouté à la colère des populations de Bamako et de Kati qui dénoncent une mauvaise réponse aux attaques lancées depuis trois semaines par des éléments de l’organisation séparatiste, Mouvement national pour la libération de l’Azawad contre plusieurs localités du nord du pays. Des colères qui sont nourries par des rumeurs de toutes sortes (…). Dans la matinée, plusieurs axes de la circulation ont été bloqués par des manifestations spontanées alors que l’accès à la ville de Kati était totalement coupé. Les manifestants ont momentanément occupé le deuxième pont après avoir saccagé des dizaines de véhicules et brisé des vitres à la Cité administrative aux environs de 13 heures. Cet édifice a reçu un déluge de pierres de jeunes gens totalement hors d’eux. Un groupe s’est aussi attaqué à la mairie du district où des véhicules ont été saccagés et des bureaux brûlés. Les échauffourées à travers la ville de Bamako ont fait au moins un mort selon les forces de sécurité qui ont du mal à maintenir le calme. Des actions sporadiques ont eu lieu hier jusqu’à la nuit.
Ce qui fait craindre aujourd’hui de nouvelles hostilités à moins que les représentants des manifestants reçus en début d’après-midi par le président de la République comprennent la nécessité de la cohésion nationale en ces périodes très difficile. Les manifestations ont gagné plusieurs localités du pays comme Ségou, Kayes et Kita.
Leur presse (Ben Dao, L’Indicateur Renouveau, 3 février 2012)
Crise au Nord : La grogne gagne Bamako. Ségou… aussi
Suite à la situation d’insécurité qui prévaut dans le septentrion malien, nos compatriotes, en particulier les épouses, les enfants et les parents des hommes engagés au front sont descendus, tout comme à Kati et à Bamako, dans la rue. L’on se rappelle qu’après les manifestations de Kati, le président ATT s’était adressé à la nation mercredi dernier. Il n’a guère rencontré l’effet escompté car dès le lendemain, il sera suivi d’autres mouvements aux allures d’insurrection. À Ségou, plus de mille personnes ont battu le pavé pour exprimer, à leur tour, leur colère et leur indignation.
Le 2 février 2012, le centre ville de Bamako était totalement paralysé et donnait l’allure d’une ville sinistrée. Les manifestants en furie avaient allumé des pneus à tous les carrefours : c’était le chaos.
Ségou a connu également des troubles. La Cité des 4444 Balanzans, à l’image de la capitale malienne a connu une animation particulière. Des femmes du Camp militaire, aidées par un fort contingent d’élèves de l’Institut de Formation des maîtres (IFM) de Ségou, ont manifesté hier. Selon nos sources, les manifestants, estimés à plus de 1000 personnes, ont bénéficié d’un encadrement des éléments de la police nationale et de la garde nationale.
Démarrée à 10 heures 5 minutes, la manifestation, sous forme de marche est partie du Camp militaire de Ségou pour s’arrêter à l’Assemblée Régionale de Ségou, où après quelques slogans, elle est revenue à son point de départ, aux environs de 12 heures 45 minutes. Selon des témoins joints au téléphone à Ségou, les manifestantes scandaient des propos hostiles au Président ATT qu’elles accusent d’envoyer leurs maris et fils dans un mouroir au Nord. « Nous n’avons plus les nouvelles de nos maris et de nos enfants. Celles qui arrivent à rentrer en contact avec leurs maris ou leurs fils ne sont pas du tout rassurées. Les nouvelles du genre, on n’a pas de munitions, nous ne sommes pas ravitaillés, ne sont pas du tout rassurantes ». Tels étaient les propos des manifestantes de Ségou.
Leur presse (Assane Koné, Le Républicain, 3 février 2012)
Jeudi noir à Bamako et réaménagement du gouvernement / ATT veut-il changer son fusil d’épaule ?
Les manifestations qui ont eu lieu ce jeudi à Bamako, Kati, Ségou et dans certaines localités abritant une garnison militaire traduisent un déphasage entre le message présidentiel et la tension qui anime les Maliens face à la rébellion au nord Mali. Après deux jours d’émeutes le « réaménagement technique du gouvernement » traduit-il un durcissement du front anti-rebelle ?
Le discours du Président Amadou Toumani Touré, mercredi soir, avait pour objectif d’atténuer la colère des manifestants, de ce point de vue il se voulait rassurant et apaisant. Il a eu pour effet d’exacerber l’indignation. Bamako était en feu ce jeudi, du monument de l’indépendance à celui du Mali symbolisé par l’hippopotame mythique, les manifestants se sont rendu maîtres de la ville. C’est tout le boulevard de l’indépendance que prolongeaient le marché Dibida et la place de la liberté qui était concernés par les barricades et les pneus enflammés à même le bitume. Une fumée noirâtre, en grosses bulles, s’échappait et enveloppait des groupes de manifestants armés de cailloux.
Circuler à Bamako ce jeudi, au plus fort de la manif, était quasi impossible. Les manifestants ont convergé, en fin de matinée, aux abords du musée national, sur le chemin de Koulouba, où le départ a été pris : direction, le palais présidentiel, à quelques encablures. De l’autre côté de la colline, venant de Kati, les manifestants animés de la même volonté de se faire entendre, en particulier par le président de la République en personne, sont arrivés à Koulouba après plus de 10 kilomètres de marche.
Aux portes du palais, les épouses des militaires vont franchir toutes les barrières. Mardi dernier, elles avaient été empêchées d’arriver jusque là, mais ce jeudi, il n’y a pas eu de résistance de la part des forces de l’ordre, du reste, devant leur détermination, aucune force n’aurait pu les arrêter. Elles s’engouffrent dans le saint des saints. Elles en en avaient trop sur le cœur. Ces manifestants, ce sont d’abord et avant tout des épouses, des enfants, des frères et sœurs des militaires envoyés combattre au front et dont ils n’ont pas de nouvelles. Ils n’auront donc de répit que lorsqu’ils seront fixés sur le sort de leurs parents. Officiellement.
Quel répit peuvent-ils avoir lorsqu’à l’heure des nouvelles technologies, les nouvelles qui leur parviennent d’Aguel’hoc, de Menaka, de Tessalit, ou d’Anderamboukane ne disent qu’horreur, abomination et abandon. Et surtout lorsqu’ils apprennent que ces, pourtant vaillants et braves, soldats maliens ne sont pas assez équipés pour faire face à un ennemi surarmé, équipé d’engins de guerre de dernière génération.
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Selon une des femmes reçues au palais par le Président ATT, « les soldats sur le terrain ne sont pas suffisamment armés et ne reçoivent pas l’ordre de tirer… C’est choquant et nous ne sommes pas d’accord », a-t-elle confié à RFI. Devant cette situation elle a recommandé que l’on fasse la lumière sur ce qui s’est passé au front et que l’information soit donnée à temps. Il est aussi temps faire la lumière sur ce phénomène de bandits armés, a-t-elle soutenu.
Compte tenu de ce déséquilibre des rapports de force sur le terrain, de nombreux militaires maliens se sont refugiés au Niger et en Algérie, avant d’être évacués sur Bamako par avion. Dès lors on est à même de s’expliquer les raisons des manifestations qui ont timidement commencé le lundi et qui, de jour en jour, ont pris de l’ampleur. Pour les femmes, il fallait qu’elles prennent leur responsabilité historique car « les hommes ont peur », de dire même tout bas ce que ces femmes viennent exprimer tout haut devant le Président ATT.
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Si des édifices publics ont été épargnés à Bamako, tel n’a pas été le cas à Kati et Ségou. D’autres manifestations sont annoncées pour vendredi tout comme une nouvelle rencontre des femmes avec ATT.
La mesure de réaménagement technique gouvernemental d’hier soir, où les ministres de la sécurité intérieure et de la Protection civile et celui de la défense et des anciens combattants ont permuté permettra-t-elle d’apaiser les esprits ? Quel décryptage d’un changement? L’arrivée du Général Sadio Gassama, pour prendre en main la question de sécurité au nord, au moment où la rébellion sévit traduit-elle la volonté des autorités de mener une vraie guerre contre toutes les menaces qui prennent en otage le septentrion, Les jours à venir nous édifieront !
Leur presse (B. Daou, Le Républicain, 3 février 2012)
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