[Algérie] Vengeance pour Hicham Gacem à Tiaret

Tiaret. Émeutes après l’inhumation du jeune Gacem Hicham

Juste après l’inhumation du jeune Gacem Hicham, qui a succombé à ses brûlures avant-hier, des affrontements ont éclaté hier entre de jeunes manifestants et les forces de l’ordre à Tiaret.

Les manifestants s’en sont pris notamment au tout nouvel immeuble de la BEA, dont les vitres ont volé en éclats, le siège de la radio locale et les feux de signalisation. Les forces antiémeute ont pu circonscrire l’étendue des heurts et isoler le foyer des troubles. Aux jets de pierres, les policiers ont riposté par des lancers de grenades lacrymogènes, dont les gaz ont empesté l’air plusieurs heures durant.

Selon un bilan provisoire, ces accrochages ont fait, à l’heure où nous mettons sous presse, vingt blessés du côté des policiers et quatre parmi les manifestants. Ces derniers auraient été piétinés dans la mêlée qui a suivi les premiers tirs de sommation. Tiaret était hier après-midi une ville morte. Presque toutes les administrations ont fermé leurs portes.

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 2 février 2012.


(…) Selon une source locale, le jeune Hichem né  à Oued Rhiou, est issu d’une famille très pauvre qui réside actuellement à Tiaret dans le quartier populaire de Oued Tolba, dans une bâtisse délabrée. Il a quitté ses études très tôt pour nourrir sa famille contrairement à la version des autorités qui voudrait le faire passer pour un toxicomane. De l’avis de tous ses voisins, Hichem était un jeune très gentil. Il a perdu son père dès son jeune âge et sa mère souffre d’une maladie psychiatrique.

Leur presse (lanationdz.com), 31 janvier 2012.


Algérie : 30 blessés lors d’obsèques

Au moins trente personnes ont été blessées dans affrontements à Tiaret (340 km à l’ouest d’Alger) entre des habitants et les forces de l’ordre lors des obsèques d’un homme qui s’est immolé par le feu, a rapporté aujourd’hui le quotidien arabophone algérien El-Khabar. Selon le journal, des policiers figurent parmi les blessés.

Des centaines de jeunes ont affronté avec des pierres la police qui a riposté en tirant des grenades lacrymogènes. Plusieurs édifices publics ont été également saccagés.

Les violences, qui ont débuté mardi après-midi après l’enterrement de Hichem Gacem, se sont poursuivis dans la nuit de mardi à mercredi. Elles se sont ensuite étendues mercredi aux localités voisines de Sougueur et de Rahaouiya où des jeunes ont bloqué plusieurs routes, selon le journal.

Hichem Gacem est décédé en début de semaine

Hichem Gacem, jeune vendeur de lunettes, a succombé lundi à ses brûlures à l’hôpital d’Oran, la grande métropole de l’ouest algérien. Il y avait avait été admis après s’être aspergé d’essence qu’il avait enflammée le 26 janvier dans un quartier de la ville à la suite d’une altercation avec un policier qui a renversé son étal d’un coup de pied, selon la presse.

Les tentatives d’immolation se sont multipliées depuis janvier en Algérie et ont touché y compris des lycéens. La presse algérienne a comptabilisé plusieurs dizaines de tentatives dont un nombre indéterminé ont été mortels. Un cas similaire en Tunisie voisine en décembre 2010 a provoqué la première révolution arabe qui a chassé le 14 janvier suivant le président Zine el Abidine Ben Ali qui était au pouvoir depuis 23 ans.

Leur presse (Agence Faut Payer), 2 février 2012.


Tiaret : Émouvantes et spectaculaires funérailles du jeune Hicham

Une imposante marche depuis la cité « Oued-Ettolba » jusqu’au nouveau cimetière en passant par le centre ville a été organisée ce mardi 31 janvier en début d’après midi par des milliers de jeunes.

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Ces derniers, qui accompagnaient à sa dernière demeure la victime, Gacem Hicham, 22 ans qui se trouvait dans une « Mazda », scandaient des slogans hostiles aux autorités locales sur fond de « la Illaha Ila Allah » et portaient des pancartes avec la photo du défunt et d’autres pour stigmatiser la « hogra ».

Tout au long de l’itinéraire les commerçants avaient baissé leurs rideaux et la circulation rendue fluide depuis que tous les véhicules avaient changés de stationnement et de direction pour fuir la masse compacte de jeunes au summum de la surexcitation.

Les policiers plus discrets n’ont pas quitté pour autant les sièges d’institutions pour parer à d’éventuels dérapages. Beaucoup craignent d’ailleurs une évolution négative des évènements une fois fini le rite lié à l’inhumation de la victime.

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 31 janvier 2012.


Tiaret : Le jeune immolé a rendu l’âme hier

La ville de Tiaret est plongée dans une amertume inégalée en apprenant la sinistre nouvelle ayant trait au décès, durant l’après-midi d’hier, du jeune G. Hichem, qui s’est immolé jeudi dernier sur la place publique. Selon nos sources, la victime a rendu l’âme suite à des complications cardiaques à Aïn Defla lors de son transfert vers un établissement hospitalier de la capitale.

Leur presse (Liberte-Algerie.com), 31 janvier 2012.


Lendemain d’émeutes : L’ex-gare ferroviaire affectée aux marchands

Le site vient d’être provisoirement affecté aux marchands de l’informel, en fruits et légumes, et autres « trabendistes », pour contenir la colère.

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Près de 200 jeunes marchands ont squatté la gare.

Une grande anarchie a régné avant-hier soir et hier matin au niveau de l’ex-gare ferroviaire dans l’espace alentour. Le site vient d’être provisoirement affecté aux marchands de l’informel, en fruits et légumes, et autres « trabendistes », pour contenir la colère. Bien que spacieux et situé à proximité de la gare routière qui dessert les grandes lignes urbaines, les lieux sont malpropres et ont besoin d’un toilettage à même de permettre à ceux qui l’occupent de travailler dans des conditions relativement meilleures. Hier, nous avons foulé les lieux, pleins d’immondices et de détritus, entrecoupés par les rails. Les jeunes s’affairaient, chacun en ce qui le concerne, à délimiter son espace avec des moyens de fortunes, souvent en apposant une lettre, un nom ou en l’entourant de fil de fer.

Des lieux malpropres

Les plus nantis sont carrément venus avec leurs carrosses [sic] déposer leurs marchandises sans se soucier comme pour le reste du groupe de la gadoue qui caractérise les lieux, autrefois lieu de débauche et repère pour la délinquance. Boualem, un jeune ex-vendeur au niveau des arcades, est dépité et voudrait voir la mairie procéder à un léger aménagement des lieux, occupé qu’il fut à déblayer son carré. D’autres jeunes, sceptiques, pointent du regard l’horizon, de plus en plus incertains. Le chef de daïra, qui a tenu une rencontre avec les marchands délocalisés, a promis, samedi, une solution en perspective mais la donne a quand même changé.

D’une liste à 83 personnes, ce sont maintenant près de 200 jeunes marchands qui ont squatté la gare en attendant des jours meilleurs. Le supplice du jeune immolé, Gacem Hicham, reste toutefois dans les cœurs car c’est bien lui qui a permis cette tournure. Il aurait suffi, pourtant, d’anticiper pour ne pas en arriver là.

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 30 janvier 2012.


Après l’immolation de Hicham à Tiaret
Des émeutiers aujourd’hui devant la justice

Tiaret panse ses plaies mais n’est pas sûre de retrouver tout son calme à l’aune d’une grogne qui s’amplifie au gré des humeurs des jeunes, d’un quartier à l’autre, après l’immolation par le feu, jeudi, du jeune Hicham Gacem, 22 ans, au bas de l’escalier dit Ba Salem, à quelques pas de la mythique El Blaça, la « place rouge » au centre-ville.

Hichem, selon ses amis et voisins, « se porterait relativement bien » [sic] si l’on se fie aux déclarations faites sur les ondes de la radio par le directeur de l’établissement hospitalier Youcef Damerdji de Tiaret, resté en contact avec le CHU d’Oran. Brûlé au visage et au bas-ventre, Hicham a été pris en charge et est sous observation médicale en compagnie de ses parents. Son martyre a vite fait le tour de la ville.

Ceux qui le connaissent décrivent Hicham comme un jeune homme tranquille. Il avait à sa charge sa mère et sa sœur depuis que ses parents ont divorcé. Tout jeune, il avait appris à ne pas se laisser intimider et il a pris pour idole le fameux jeune Tunisien, El Bouazizi [sic].

Selon des recoupements, l’acte de s’immoler par le feu a été fait bien avant jeudi [sic], quelques heures avant que les policiers ne l’interpellent pour placer sa table de lunettes sur l’escalier et non sur le trottoir. Les policiers venaient pour la seconde fois le rappeler à l’ordre. Les émeutes déclenchées jeudi suite à l’acte désespéré de Hicham ont jusque-là généré des casses, des arrestations (le chef de la police judiciaire parle de dizaines de personnes qui seront présentées aujourd’hui devant le procureur) mais aussi des blessés parmi les policiers. La même source indique que « douze policiers ont subi des blessures, dont un, gravement atteint au bassin, va subir une intervention chirurgicale ».

Les autorités n’ont pas chômé hier et ont tout fait pour calmer les esprits surchauffés des marchands à la sauvette. Une rencontre s’est tenue hier matin au conservatoire communal et des décisions temporaires dégagées. « Après le recensement de 83 marchands, l’espace situé au niveau de l’ex-gare ferroviaire leur a été affecté en attendant leur recasement au fur et à mesure des livraisons de locaux », nous a fait savoir Abdelkader Rakaa, chef de la daïra de Tiaret.

Pour autant, les escarmouches n’ont pas cessé avant-hier au niveau des cités Errahma, Sonatiba, Bouhenni et Oued Ettolba. Comme à l’accoutumée, une pluie de pierres et d’objets hétéroclites jonchaient les lieux de l’émeute. Au-delà de l’acte, beaucoup de ceux qui nous ont contactés hier disent « s’interroger sur l’éclipse des pseudo-notables de la ville, des élus et même des partis ». Bien que le chef de l’exécutif ait reçu certains membres de la famille de la victime hier, deux associations, l’ONEM et la section de la LADDH, ont stigmatisé l’approche jusque-là préconisée par les pouvoirs publics quant à la gestion du dossier de l’informel sur fond de défaillance des représentants du peuple.

La mort à… 150 DA !

Beaucoup de gens nous ont interpellés hier pour nous faire part de « la vente libre dans les quincailleries d’alcool et autres produits caustiques à seulement 150 DA la bouteille ». Des intermédiaires, de véritables marchands de la mort, se chargent de l’achat puis de bouteilles d’alcool, qu’ils revendent, le soir venu, la double de son prix, c’est-à-dire 300 DA.

« Cette situation doit changer », nous dit-on avec colère, bien qu’il soit de notoriété publique que pour chercher la mort par ces temps de disette, tous les moyens sont bons [sic].

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 29 janvier 2012.


Immolations contre la « hogra »

Une année après le drame de Boukhadra, une commune de la région de Tébessa, au cours duquel un jeune de 27 ans s’est immolé, lors d’une manifestation de citoyens ; jeudi dernier, Gacem Hicham, âgé de 22 ans, empêché par la police d’installer son étal comme à son habitude dans un marché de Tiaret, a tenté de mettre fin à ses jours par le feu. Imitant, par ce geste désespéré, l’exemple du Tunisien Mohamed Bouazizi, qui, depuis, a malheureusement fait tache d’huile à travers le Monde arabe ; le jeune Tiarti, qui n’a pas supporté les exactions de l’agent en uniforme, n’a dû son salut [sic] qu’à l’intervention des citoyens qui l’ont conduit à l’hôpital. Il n’en fallait pas plus pour provoquer le mécontentement de milliers de jeunes qui tourna très vite à l’émeute au centre-ville, non loin de la résidence du wali. Devant l’ampleur du phénomène de l’immolation, en 2011, il y a de quoi être inquiet ; on a par exemple enregistré au niveau du CHU d’Oran, jusqu’en novembre 2011, pas moins de 45 tentatives d’immolation par le feu qui se sont soldées par 43 décès.

(…) Victimes d’abord de l’arrogance et du mépris — hogra — des responsables qui osent parfois comme réponse aux doléances de ces désespérés rien moins que de leur suggérer avec cynisme de suivre l’exemple de Bouazizi, à l’instar de ce président de l’APC de Boukhadra, ou alors le plus souvent se hâter de requérir la police pour faire évacuer les places publiques de leurs manifestants par la force. (…)

Leur presse (Reda Bekkat, ElWatan.com), 29 janvier 2012.


Deuxième nuit d’émeutes à Tiaret : Douze policiers blessés et arrestations de manifestants

Tiaret a vécue dans la nuit de vendredi à samedi une deuxième nuit d’émeutes dans certaines des plus grandes cités, à l’exemple de « Oued-Ettolba », « Bouhenni », Sonatiba et « Errahma ».

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Les jeunes surexcités d’en découdre avec les policiers à qui ils reprochent d’avoir conduit un jeune, Gacem Hicham, 22 ans, à s’immoler, ont battu le pavé pour les arroser d’objets divers et de pierres jusqu’à une heure tardive de la nuit. Le face à face a généré plusieurs blessés, notamment parmi les forces antiémeutes où une source responsable parle de douze hommes touchés. L’un d’eux va subir une opération chirurgicale.

Beaucoup d’arrestations ont été tout aussi opérées parmi les manifestants. Une trentaine selon certaines sources et seulement treize selon le chef de la police judiciaire dont deux mineurs relâchés.

Vendredi au niveau du conservatoire communal, une rencontre s’est déroulée entre marchands et le chef de daïra et des décisions temporaires furent prises.

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 28 janvier 2012.

 

Tiaret : un jeune immolé provoque une émeute

Le chef-lieu de la wilaya de Tiaret a vécu une émeute hier à la suite d’une tentative de suicide perpétrée par un jeune, M. K., 22 ans, et résidant à la cité Oued Ettolba.

Les faits rapportés par plusieurs sources font état d’une altercation entre un policier et le jeune vendeur de lunettes au pied des escaliers dits Bab Salem. Le policier, en faction depuis plusieurs jours, depuis que les autorités ont décidé de délivrer la ville du marché informel, a fait écrouler d’un coup de pied la table du vendeur. Dépité par cette tournure, M. K. s’est aspergé d’essence et a craqué une allumette. Il n’a été délivré qu’au prix de secours immédiats apportés par les passants nombreux sur cette mythique place, El Blaça. S’en est suivi un début d’émeute sur fond de tentatives de marches, ponctuées par des cris « d’Allahou akbar », des pneus et des bacs à ordures enflammés, le tout sous une étroite surveillance policière. La situation a généré avec la fermeture des locaux et l’amplification de la nouvelle.

Au niveau des UMC de l’hôpital Youssef Damerdji où fut admise la victime, les nouvelles sont plutôt bonnes [sic]. M. K., brûlé au deuxième degré au visage et au ventre, est pris en charge et est sous observation médicale. Mais au centre-ville, des jeunes revendeurs informels, notamment ceux évacués il y a quelques semaines, continuent d’interpeller les autorités pour leur trouver une solution pour survivre. En fin de journée, la police a dispersé des  manifestants au niveau du boulevard Capitaine Boussif en tirant des gaz lacrymogènes. Des dizaines d’interpellations ont été opérées.

Leur presse (Fawzi Amellal, ElWatan.com), 27 janvier 2012.

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