[La police travaille] Répression de la manif anti-WEF à Berne

Des militants neuchâtelois dénoncent les méthodes de la police bernoise

ANTI-WEF • Deux manifestants ayant participé à la mobilisation bernoise contre le Forum de Davos témoignent d’un dispositif policier musclé et disproportionné.

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Samedi dernier, huit membres du collectif anti-WEF Neuchâtel se sont rendus à la manifestation non autorisée de Berne. Étouffée dans l’œuf par un important dispositif policier, celle-ci n’a jamais eu lieu. Rémy Jeanloz et Noémie Treichel font partie des cent septante-deux personnes interpellées par la police et des cent cinquante-trois dénoncées pour émeute : « Les bottes nous ont fait taire avant même que nous ayons pu manifester. Il n’y a pas eu d’émeute ni de dégâts. Nous n’avons pas été autorisés à nous déplacer librement. La liberté d’expression et la démocratie sont en danger », dénoncent-ils.

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Témoignages choquants

Leurs témoignages sont accablants. Les contrôles d’identité ont commencé à la gare. Vers 13h45, les deux manifestants se trouvent à la Reithalle. C’est en sortant du centre alternatif, pour se rendre au lieu de rendez-vous à la Heiliggeistkirche, qu’ils ont été encerclés par la police anti-émeute. « On était une centaine, tandis que les policiers étaient au moins deux cents. On a attendu une heure, puis on a essayé de négocier pour retourner à la Reithalle. On nous a dit que ceux qui le souhaitaient pouvaient sortir de la manifestation. On a accepté. On s’est rendu un à un. Mais au lieu de nous relâcher, ils ont pris nos identités, nous ont fouillés, menottés, puis enfermés dans un fourgon. On nous a trompés. On ne savait pas ce qu’ils allaient faire de nous. On a finalement été emmené dans un parking où des cages avaient été installées. On nous a sortis du fourgon un à un, fouillés, tatoué un numéro sur le bras, photographiés avec une pancarte numérotée autour du cou, puis entassés dans ces cages. Certains se sont même urinés dessus, car pendant tout ce temps, il n’a pas été possible d’aller aux toilettes », relate Rémy Jeanloz.

Noémie et Rémy sont restés enfermés huit heures. La police semblait bien décidée à impressionner les manifestants : « Elle a fait aboyer des chiens devant les cages. Certains ont été gazés au poivre, et d’autres — comme dans notre cage — ont été menottés car on ne se tenait pas assez bien. Ils avaient des caméras pour nous filmer à l’intérieur. C’est très inquiétant. Que font-ils de ces images ? », s’interroge Rémy.

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Mesures d’intimidation

Les manifestants ont tous subi un interrogatoire avant d’être relâchés au compte-goutte. « On m’a libéré juste après le départ du dernier train. Comme on était interdit de périmètre dans Berne, j’ai passé la nuit à la gare, au froid. Ce n’est pas correct », explique Rémy.

Pour les représentants du collectif anti-WEF Neuchâtel, la police cherche clairement à discréditer les manifestants en les décrivant systématiquement comme des agitateurs. « Cette politique d’intimidation a pour but d’éviter que les médias reconnaissent le mouvement comme légitime. Ce que nous souhaitons, c’est avoir le droit d’exprimer notre opinion contre un forum qui fait selon nous partie du problème et pas de la solution », conclut Rémy Jeanloz. Selon la BernerZeitung, la facture de la police bernoise pour cette intervention musclée se monterait à un demi-million de francs.

Leur presse (Claude Grimm – LeCourrier.ch), 27 janvier 2012.

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