Le Collectif de chômeur-ses et précaires de Lille s’invite au Club de la Presse

Ce matin du 24 janvier 2012, une délégation du collectif de chômeur-ses et précaires de Lille a envahi le Club de la Presse du Nord Pas-de-Calais, alors que M. Daniel Forafo, président de la CAF du Nord, s’apprêtait à présenter ses « vœux » en huis clos, face à une maigre poignée de journalistes.

Nous avons profité de cette occasion pour dénoncer la politique malsaine dont font l’objet les allocataires de la CAF : suspicion généralisée sous couvert de « lutte contre la fraude », imposition de « l’offre raisonnable d’emploi » pour les RSAstes et bientôt les CUI obligatoires de 7 heures par semaine pour à peine 120 euros de plus par mois (soit moins de 5 euros de l’heure). Dans ce climat qui vise à criminaliser les plus pauvres, les populations les plus précaires sont aussi les plus stigmatisées (les femmes célibataires, les jeunes, les sans-papiers, les Roms, subissent le harcèlement administratif et le non versement de prestations familiales).

Nous avons rappelé à M. Forafo que malgré ses propos élogieux tenus le 5 décembre face à la presse, le processus de « départementalisation » n’augure rien de bon pour les salarié-es de la CAF comme pour les allocataires. Déjà, des plaintes d’allocataires se font entendre (fin des tickets loisirs dans le Douaisis avec pétition sur internet, baisse des subventions des centres sociaux dans le Valenciennois, des dizaines voire des centaines de déclarations de ressources trimestrielles mal scannées et déclarées — à l’interne, par les hiérarchies — sans suite). Pour les salarié-es, la centralisation des modules (informatiques etc.) est très contraignante et pèse sur les conditions de travail et le service rendu aux allocataires.

À aucun moment, M. Forafo n’a contesté nos arguments concernant le soit-disant préjudice de la fraude aux allocations, trois fois moins important que le montant des allocations non réclamées / versées. Néanmoins, il a nié la pression exercée sur le « rendement » des salarié-es (chronométrage des entretiens, logiques de primes etc.).

À l’issue de notre échange, M. Forafo s’est engagé à nous recevoir quand nous en ferons la demande. Nous comptons prochainement le mettre face à cette promesse, dans l’optique de débloquer des dossiers.

Le Collectif des chômeur-ses et précaires de Lille s’inscrit dans le mouvement national « Occupons Pôle Emploi » et compte bien prolonger l’action de ce matin. Ce n’est qu’un début ! Nous ferons valoir nos droits et nos revendications ! Nous sommes ouvert-es à toutes les personnes qui veulent combattre la précarité et la criminalisation de la pauvreté !

Prochaine réunion : jeudi 26 janvier à 18h, au 32 rue d’Arras (local syndical mis à disposition par la CNT).

Contact / Blog


Tract distribué ce mardi aux journalistes présent-es au Club de la Presse :

Le Collectif de ChômeurSEs et Précaires de Lille (CCPL) présente ses vœux à la CAF du Nord

Nous, chômeurSEs, précaires, allocataires, désignéEs comme « fraudeurs », « cancer de la société », « profiteurs », « fainéants », « assistés », « parasites » sommes ici pour nous faire entendre. Nous proposons de revenir sur les points dont M. Daniel Forafo souhaite faire la présentation aujourd’hui, à l’occasion de ses « vœux » à la presse.

La CAF c’est d’abord la gestion du RSA. Depuis son instauration, l’objectif du RSA est un leurre : un dispositif qui vise à « occuper » les sans-emplois pour à peine 410 euros par mois. À peine de quoi survivre trois semaines dans le meilleur des cas, à moins de cumuler les dettes. Le RSA, c’est aussi une logique perverse qui vise à nous faire accepter n’importe quel travail de peur de la radiation. C’est la fameuse « offre raisonnable d’emploi », limitant à deux fois la possibilité de refuser une offre avant radiation. C’est aussi un dédale administratif, un véritable parcours du combattant à l’intérieur duquel le moindre faux pas est sanctionné d’une radiation : en 2010 ce ne sont rien moins que 5,3 milliards d’aide qui n’ont pas été distribués par la CAF à des allocataires écœurés ou tout simplement ignorants de leurs droits (parmi lesquels 650’000 personnes qui pourraient bénéficier d’un RSA complet). Tout cela n’était pas suffisant, alors voilà qu’on expérimente aujourd’hui le travail obligatoire sur les RSAstes : des CUI de 7h/semaine pour à peine 120 euros de plus, soit moins de 5euros de l’heure… NOUS REFUSONS la logique du travail obligatoire qui vise à offrir une main d’œuvre toujours plus précaire et docile au patronat, pendant que les travailleurSEs vivent avec toujours moins ! NOUS EN AVONS MARRE de ce RSA qui nous tient misérablement en laisse sur un fil tendu !

Parallèlement nous assistons à un véritable flicage des allocataires avec ce que vous appelez la lutte contre la fraude. Depuis quelques temps, certains de vos agents remplissent la dégradante fonction de flic, fouinant dans la vie privée des allocataires (enquêtes sur les revenus via la sécurité sociale, la collaboration des banques ou encore l’utilisation du fichier croisé permettant l’accès direct au fichier des impôts).

Dans cette logique malsaine, les plus vulnérables sont aussi les plus suspects : femmes célibataires, jeunes, étrangerEs etc. Depuis 2007 par exemple, des familles roms n’ont plus le droit aux prestations familiales, la CAF se faisant le relais d’une politique xénophobe (avec à la clé une condamnation de la CAF de Saint-Étienne par la HALDE en mai 2010). Ici aussi, la politique de lutte contre la « fraude » n’est en fait qu’un trompe-l’œil destiné à culpabiliser les pauvres : en comparaison, pour un euro de fraude, c’est trois euros de prestations non réclamées que la CAF ne verse pas. NOUS NE VOULONS PLUS de ces économies faites sur le dos des pauvres ! NOUS REFUSONS cette logique de flicage qui fait du pauvre un criminel en puissance et nous affirmons haut et fort : les véritables « criminels » sont ceux qui organisent le chantage à la subsistance !

Nous avons conscience que les salariés de la CAF connaissent les compressions de personnels, les horaires impossibles (heures supplémentaires obligatoires le samedi), les petits chefs qui minutent le travail (lorsque les conseillers s’entretiennent avec les allocataires) et harcèlent au quotidien les conseillers « retors ». En mars 2010 le président de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) écrivait ainsi au ministre du travail Xavier Darcos : « L’ensemble de l’institution est au bord de l’implosion ». Nous accusons le gouvernement de faire volontairement régner ce climat délétère. NOUS N’ACCEPTONS PAS la déshumanisation du service public faisant de lui un outil de contrôle social nuisible à touTEs. NOUS NE VOULONS PAS de cette politique du chiffre qui indexe l’augmentation salariale des conseillers sur le nombre de dossiers traités (points de compétence au détriment du rapport humain).

Les allocataires sont les premières victimes de la politique de réduction des coûts. Traités comme de simples numéros de dossier, affrontant un véritable dédale administratif, ils sont parfois privés des allocations qui leurs sont vitales. Cette situation s’empire avec la fusion récente (26 novembre) des huit antennes CAF du département. Partout où il y a « départementalisation », s’opère un même processus de centralisation et d’unification : un seul budget, un seul CA, une seule politique. Finies les actions sociales spécifiques à chaque CAF, et ce, au détriment de la population locale (chèques loisirs abandonnés dans le Douaisis, baisse des subventions des centres sociaux dans le Valenciennois etc.)

SDF, allocataires, sans emploi, sans papiers, travailleurSEs du social, de Pôle Emploi, de la CPAM, de la CAF : nos gouvernants ne cessent de nous imposer un système de flicage, de précarité, de punition et d’exclusion ! Le Collectif Chômeurs Précaires de Lille propose de nous entraider et de nous solidariser sur nos situations diverses (radiations, droits liés à la CAF…) et de débloquer ensemble ces situations. Notre collectif est ouvert à toutes les personnes qui veulent se battre contre la précarité !


Tract diffusé le 17 janvier dans le cadre de la journée « nationale », « Occupons Pôle Emploi » :

Y EN A MARRE !

Nous, chômeurSEs, précaires, allocataires, désignéEs comme « fraudeurs », « cancer de la société », « profiteurs », « fainéants », « assistés », « parasites » EN AVONS ASSEZ d’être les boucs émissaires d’une politique générale de précarisation et de galérer au quotidien.

NOUS NE VOULONS PLUS de revenus insuffisants, de contrats bidons et précaires, d’Offre Raisonnable d’Emploi (ORE), de radiations, de flicage (suivi mensuel obligatoire, convocations, labyrinthes administratifs et contrôles de la CAF), de la déshumanisation du service public d’accompagnement (3949, pression du chiffre sur les conseillerEs pôle emploi), des discriminations sexistes, racistes ou en rapport avec l’âge (dans l’accès à l’emploi, aux aides et minimas sociaux, à l’égalité salariale). NOUS NE VOULONS PLUS culpabiliser de vivre avec des miettes pour lesquelles on devrait en plus être reconnaissantEs, tandis que le chômage explose et que les inégalités sont de plus en plus importantes. L’attitude des gouvernements successifs consiste à utiliser l’augmentation du chômage pour à la fois justifier la précarisation des salariéEs et la remise en cause de droits élémentaires des personnes sans emploi et précaires (revenus décents, logement, accès à la santé, à la nourriture…). Sans oublier  l’imposition récente d’un temps de travail obligatoire pour les RSAistes, pour notre « dignité », dont NOUS VOULONS LE RETRAIT IMMEDIAT (CUI de 7h/semaine pour à peine 120 euros de plus, soit moins de 5euros de l’heure !).

Le sommet pour l’emploi de Sarkozy de ce mercredi 18 janvier poursuit la même logique, avec la complicité des « partenaires sociaux ». Sous couvert de chômage partiel accru, c’est toujours plus de flexibilité que l’on garantit au patronat tandis que l’on va une fois de plus multiplier la signature de contrats précaires (CUI-CAE) pour maquiller les chiffres du chômage réel, d’ici la présidentielle. NOUS NE VOULONS PLUS de ces bidouillages et de ces contrats jetables, dont nous faisons systématiquement les frais. Dans cette situation, les sans-papiers se trouvent comme toujours en première ligne. Quand ce n’est pas le patronat qui les exploite illégalement, ils et elles sont pourchasséEs et expulséEs, sans droit et sans ressources. NOUS DENONCONS l’amalgame entre immigration et chômage, repris par les différents partis au pouvoir. Dans cette logique, pôle emploi et la CAF n’accordent pas de droits égaux aux travailleurSEs sans papiers (racket des cotisations chômage…) et se font les relais des politiques xénophobes (lampes UV de contrôle des papiers d’identité, dénonciations d’absence de titre de séjour à la préfecture…).

Nous sommes conscientEs que les salariéEs de pôle emploi et de la CAF sont soumisES à une politique du chiffre et de contrôle accru, à un manque de ressources (absence d’embauche et de titularisation…), à la répression syndicale etc. NOUS N’ACCEPTONS PAS la dégradation du service public qui devient un outil de contrôle social nuisible aux salariéEs et aux usagerEs au profit de prestataires et d’opérateurs privés dans le cas de pôle emploi (Ingéus ou encore Cible-emploi).

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de rompre l’isolement et de nous organiser collectivement. Plutôt que de subir individuellement, nous voulons créer un espace d’information, de solidarité et de rencontre. Avec ou sans emploi, avec ou sans papier, usagerE ou salarieE de pôle emploi et de la CAF, notre collectif est ouvert à toutes les personnes qui veulent se battre contre la précarité.

[…] Nous encourageons la tenue d’assemblées générales dans le cadre des occupations des pôles emploi (et CAF), qui démarrent le mardi 17 janvier, dans plusieurs villes en France. Appel soutenu nationalement et/ou relayé localement par Agir ensemble contre le Chômage, CGT Chômeurs rebelles, SUD Emploi, MNCP, CGT Pôle Emploi, Les désobéissants, Anonymous, Les Indignés, des collectifs de chômeurs et précaires (MCPL de Rennes…), la C.R.I.S.E de Nancy, Les  Cafards, CNT, FO interim, APEIS… Nous sommes solidaires des associations et collectifs déjà existants (CIP-IDF, MCPL de Rennes, Assemblée de Marseille contre la précarisation, Collectif des droits nouveaux, Réseau Stop la précarité…) et souhaitons une unité sur des bases communes, entre syndicats, assos, collectifs… dans la perspective d’une riposte collective.  Qu’ils arrêtent leurs salades et balancent l’oseille… ! Leur crise n’est pas la nôtre !  Leur système qu’ils nous imposent n’est pas le nôtre !

Ce contenu a été publié dans Luttes des chômeurs et précaires, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.