Cent-cinq bidasses poitevins (des « marsouins ») partiront donc à la fin du mois au Tchad, l’un des bastions du pré-carré françafricain. La Nouvelle République nous présente des militaires qui, à côté de simples missions de formation et d’entraînement, vont « découvrir le pays » et aller « à la rencontre des populations », sauvant des ressortissants français et étrangers… comme c’est gentil.
Rappelons que le Tchad est un pays pauvre où une partie de la population crève la dalle et où le pétrole est allègrement pillé par les multinationales. Qu’il est gouverné par le dictateur Idriss Déby, connu pour ses pratiques répressives à l’encontre des opposants. Ce personnage peu recommandable est pourtant soutenu mordicus par l’État français, à plusieurs niveaux.
Tout d’abord à un niveau politique et diplomatique (le régime mérite un soutien « sans faille » selon Hervé Morin), notamment lors de plusieurs « élections » fortement contestées sur le plan international, mais dont la France a toujours déclaré la belle régularité. On comprend : la France soutient les campagnes du dictateur (élections législatives, ou présidentielle).
Ce régime répressif est aussi soutenu militairement, par des accords officiels… et secrets. Aussi bien par des livraisons d’armes, autrement plus importantes que « l’aide alimentaire » (dérisoire), que par un dispositif militaire Épervier toujours présent. La participation militaire de la France a eu lieu à plusieurs reprises, pour réprimer brutalement les rébellions contre le pouvoir. Cerise sur le gâteau, l’armée tchadienne emploierait des enfants soldats… « sans faille » on vous dit.
Autant d’éléments accablants, caricaturaux de la « France-à-fric » que l’on ne trouvera évidemment pas dans cet article de la Nouvelle République. Merci les bidasses, merci les journalistes… la brutale rapacité des États complices peut continuer d’opprimer et de piller les populations, en toute sérénité, en toute bonne conscience.
Groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste, 19 janvier 2012.