[Justice pour Hakim Ajimi] Le proc’ requiert du sursis

Mort par asphyxie d’Hakim Ajimi : peines avec sursis requises contre sept policiers

Des peines de prison avec sursis ont été requises mercredi devant le tribunal correctionnel de Grasse contre les sept policiers impliqués dans le décès du jeune Hakim Ajimi, mort par asphyxie lors d’une interpellation violente le 9 mai 2008.

Le procureur Jean-Louis Moreau a estimé que les policiers devaient tous être condamnés, détaillant dans son réquisitoire les nombreuses erreurs professionnelles ayant entraîné la mort du jeune homme de 22 ans dans un laps de temps très court.

Les avocats des sept policiers doivent plaider jeudi. Le tribunal mettra ensuite sa décision en délibéré, souhaitant se donner plusieurs semaines avant de prononcer son jugement, a indiqué le président.

Les réquisitions les plus sévères visent sans surprise les deux agents de la brigade anti-criminalité (Bac), accusés d' »homicide involontaire » pour avoir employé des techniques d’immobilisation ayant entraîné la mort du jeune homme par asphyxie lente.

Le procureur a requis de un an à 18 mois de prison avec sursis contre Jean-Michel Moinier, qui a pratiqué une compression thoracique sur Hakim, et 18 mois à 2 ans de prison avec sursis pour son collègue, Walter Lebeaupin, qui exerçait dans le même temps une clef d’étranglement.

Ce dernier, ainsi que les cinq autres policiers impliqués, est également accusé de « non assistance de personne en danger ».

Outre ces réquisitions contre ces sept policiers, six à huit mois avec sursis ont été requis contre le policier municipal Jim Manach venu aider les deux agents de la Bac à menotter Hakim aux pieds et le maintenir au sol.

Un an avec sursis a été également réclamé à l’encontre de Bernard Julien, chef des quatre agents de police-secours qui ont emmené le jeune homme menotté et affalé par terre dans leur voiture, dans des conditions jugées « inhumaines ». Des peines moins lourdes ont été requises contre ses quatre subordonnés.

La famille d’Hakim, qui se bat depuis quatre ans pour la tenue d’un procès, n’a pas caché son désarroi devant à l’absence de réquisitions de prison ferme.

« On est déçus, ce n’est pas normal », a glissé Hatem, le frère de la victime. Ekram, sa jeune sœur, note « qu’aucun des policiers n’a demandé pardon en quatre ans ».

« Pour les familles de victimes ce n’est jamais assez lourd. Mais on revient de très très loin, on est passés tout près d’une absence de procès », a commenté l’un des avocats de la famille, Franck de Vita. « Ce qui est important, c’est que la culpabilité soit établie ».

Joël Blumenkranz, l’un des avocats des policiers, a estimé pour sa part que « les réquisitions mettent la barre relativement haut et n’ont pas tenu compte de la réalité des faits ». « Nous allons remettre jeudi de l’ordre dans la discussion et plaider la relaxe », a-t-il précisé.

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Témoins, acteurs et spécialistes ont permis depuis lundi de détailler une scène tragique.

Il est environ 14h45, le 9 mai 2008, lorsque l’interpellation démarre dans la rue, car le jeune homme psychologiquement fragile vient de gifler son banquier.

Très vite elle va se transformer en bagarre extrêmement violente, durant 5 à 6 minutes, le jeune homme refusant d’obtempérer.

Hakim Ajimi se retrouvera au sol, menotté aux pieds et aux mains, maintenu par trois policiers.

Lorsque Hakim est relevé et traîné par les pieds jusqu’à une voiture de police-secours à 15h04, au moins 11 témoins indiquent qu’il ne résiste plus et paraît inconscient. Trois personnes remarquent son visage bleu ou violacé, signe d’un manque d’oxygène. Il décède probablement durant la minute de transport jusqu’au commissariat, sans qu’aucun policier ne s’en rendent compte.

Leur presse (Catherine Marciano, Agence Faut Payer), 18 janvier 2012.

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