[Vérité et Justice] Comment les bacqueux Lebeaupin et Moinier ont tué Hakim Ajimi le 9 mai 2008 à Grasse

Asphyxie d’Hakim Ajimi : vision divergente des policiers et des témoins

Hakim Ajimi, mort par asphyxie lors d’une interpellation violente, était « rouge de rage » et « très vivant », se sont défendus mardi deux policiers accusés d’homicide involontaire. Mais des témoins ont évoqué l’aspect physique inquiétant, puis inerte, de la victime.

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Au deuxième jour d’un procès devant le tribunal correctionnel de Grasse, policiers et témoins sont rentrés mardi dans le vif du sujet, pour reconstituer les événéments qui ont conduit à la mort d’Hakim Ajimi le 9 mai 2008, dans un laps de temps très court.

Les deux agents de la brigade anti-criminalité (Bac) diligentés pour cueillir Hakim dans une rue de Grasse, après une altercation avec son banquier, ont détaillé une bagarre d’une grande violence.

Le jeune homme « se rebelle immédiatement » lorsque les policiers lui demandent de venir au commissariat, a raconté le brigadier-chef Jean-Michel Moinier, 42 ans, blessé à l’épaule au début de la bagarre. Très vite, ils tentent de le menotter aux mains, puis aux pieds.

Les rapports d’expertise médicale conclueront que le décès est dû à une lente asphyxie mécanique, résultat d’une compression thoracique et d’une clef d’étranglement au cou pratiquée par les deux policiers avec trop de force et durant trop longtemps.

« J’ai souvent changé de position » à califourchon, appuyé sur les lombaires, les fesses et les omoplates de la victime, tantôt avec une main tantôt avec un genou, détaille Jean-Michel Moinier.

« Je relachais immédiatement si l’individu se calmait », assure-t-il. Il a aussi donné un ou deux coups de poing au rebelle, mais dit n’avoir jamais constaté de signes de détresse chez Hakim.

« À la fin de l’intervention, M. Ajimi était vivant, il m’a craché dessus, il a crié », décrit l’agent qui se fait remplacer avant la toute fin de l’interpellation pour aller faire soigner son épaule auprès des pompiers.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1325395876.pngQuant à son partenaire, le gardien de la paix Walter Lebeaupin, 37 ans, il a opéré pendant le pugilat « une clé de maintien au cou ».

« À aucun moment je n’ai vu l’état de santé de M. Ajimi », estime le policier, en désaccord avec les conclusions de l’expertise médicale. « À aucun moment, je le vois bleu ou violet, je le vois rouge de colère. »

Plus tard, il transportera Hakim jusqu’à une voiture de police-secours, secondé par un policier municipal arrivé en renfort, et dit avoir « senti son souffle ».

Pourtant, plusieurs témoins appelés mardi soir à la barre évoquent la couleur violacée ou bleue du visage du jeune homme, signe d’un manque d’oxygène. Car très vite un petit attroupement s’est formé.

Un agent municipal, venu réguler la circulation, confirme qu’Hakim gesticulait par terre mais était « violet » au moment où il est relevé.

À ce moment, « il n’était pas en très bon état, sa tête pendait, il avait l’air mou comme une guimauve », disent des témoins, dont des policiers. Un autre crie à un moment « il ne bouge plus, il est mort ».

Le jeune homme est transporté, ses pieds menottés traînant à terre, dans la voiture de police-secours. Son corps glisse alors jusqu’au sol à l’arrière de la voiture et c’est ainsi que quatre agents de police-secours — accusés aujourd’hui de « non-assistance à personne en danger » — l’emmeneront immédiatement, sans le redresser.

Hakim ne bouge pas, mais une stagiaire fait état de flatulences dans la voiture, symptôme d’un corps qui se relâche avant la mort. Ce n’est qu’à l’arrivée, en moins de deux minutes, qu’ils disent s’apercevoir de son état et de son visage bleu, mais il est déjà mort.

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« Je ne comprends pas : aucun policier n’a vu son visage. Il a été transporté comme un paquet ! », s’insurge Henri Leclerc, l’un des avocats de la famille Ajimi.

Leur presse (Agence Faut Payer), 17 janvier 2012.

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