Le Lycée Professionnel Théodore Monod à Noisy Le Sec (93) a voté la grève reconductible à partir de ce matin (lundi 9 janvier) suite à l’arrestation et au placement au CRA de Rouen, d’une élève de première, scolarisée depuis 2 ans. (…) Nous allons en rassemblement devant la préfecture de Bobigny ce matin à partir de 11h pour exiger sa libération et la possibilité pour cette élève d’obtenir un titre de séjour lui permettant de finir sa scolarité au lycée.
À Noisy-le-Sec, le 6 janvier 2012
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Recteur,
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Monsieur le Proviseur,
C’est avec une très grande émotion et un profond écœurement que la communauté éducative du Lycée Professionnel Théodore Monod de Noisy le Sec, a appris ce jour, l’arrestation de notre élève MONNY-SOPPO Marie-Téclaire pour être placée en centre de rétention.
Absolument seule, sans famille, hébergée dans un foyer, et encadrée depuis deux ans par notre établissement et nos équipes, Marie-Téclaire n’a plus que notre école dans sa vie.
Volontaire, assidue, studieuse, sa faute est manifestement d’avoir voulu obtenir un diplôme pour mieux réussir sa vie.
Notre communauté scolaire, totalement révoltée, vient de décider à l’unanimité la cessation du travail ce vendredi 6 janvier 2012.
La nouvelle s’est également répandue parmi nos élèves qui sont particulièrement choqués par de telles pratiques, issues d’un autre temps historique. Nous ne saurions accepter que le destin d’une de nos élèves soit ainsi anéanti pour satisfaire une honteuse politique de quotas.
Marie-Téclaire s’est présentée hier jeudi, à la préfecture de Chartres, de bonne foi, pour régulariser sa situation et obtenir un titre de séjour. Elle a été interpellée dès le guichet et immédiatement transférée dans le centre de rétention d’Oissel, en Seine-Maritime.
En procédant à l’expulsion de notre élève, vous insultez notre communauté et les valeurs de notre République. Vous insultez et méprisez l’engagement de cette élève parmi nous. Vous semez le trouble parmi nos élèves et notre fragile communauté.
Marie-Téclaire est en classe de Première. Elle prépare le BAC. Vous lui interdisez donc de tenter sa chance et ainsi de pouvoir obtenir la dernière chose qui la motive dans la vie.
Vous détruisez la sérénité de la classe de Marie-Téclaire. Les élèves n’acceptent pas le sort que vous réservez à leur camarade. En plus de l’incompréhension et de l’indignation c’est surtout la colère qui règne parmi eux.
Au moment où vous lisez ces lignes, notre établissement ne fonctionne plus et de nombreuses mobilisations se préparent, parmi les enseignants, parmi les élèves ainsi que tous ceux qui assurent le bon fonctionnement de notre lycée. Un bon fonctionnement que vous avez-vous-même entravé en vous en prenant à notre élève.
Un préavis de grève illimité a été déposé à compter de lundi 9 janvier 2012.
Notre demande est claire et simple, nous exigeons le retour en classe, dans les plus brefs délais de notre élève.
Comptant sur votre compréhension et votre diligence, recevez l’expression de nos salutations.
Pour la communauté éducative du Lycée Théodore Monod,
Les représentants enseignants au Conseil d’Administration.
93 : une élève sans-papiers libérée
Une élève sans-papiers du lycée Théodore-Monod de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), interpellée et placée en centre de rétention jeudi, a été remise en liberté aujourd’hui après la mobilisation de ses professeurs, en grève depuis deux jours, a-t-on appris auprès des grévistes.
« Marie-Téclaire a été relâchée à 14h00, nous sommes soulagés », a annoncé Solène Etrillard, enseignante d’anglais et professeur principal de l’élève. « Nous allons reprendre le travail demain », a-t-elle ajouté. Selon les grévistes, la situation administrative de la jeune femme n’est pas pour autant réglée. « Nous resterons vigilants, afin qu’elle puisse obtenir la régularisation de sa situation, soit une carte de séjour étudiante », a précisé Géraldine Doulut, professeur de lettres et histoire-géographie.
Les professeurs du lycée professionnel Théodore-Monod s’étaient mis en grève vendredi pour dénoncer l’arrestation de cette élève camerounaise sans-papiers de 21 ans, Marie-Téclaire Monny Sopo, interpellée jeudi à la préfecture d’Eure-et-Loir à Chartres et placée en centre de rétention administrative. Plusieurs d’entre eux, soutenus par des élus de la région Ile-de-France et du conseil général de Seine-Saint-Denis, se sont rassemblés lundi midi devant la préfecture de Bobigny, émettrice de l’obligation de quitter le territoire français, pour demander sa libération.
Arrivée en France en 2008, Marie-Téclaire Monny Sopo était scolarisée en première (bac commerce) au lycée de Noisy-le-Sec et résidait dans un foyer du Samu social.
Décrite par ses professeurs comme une élève « discrète », « sérieuse » et « méritante », elle a été arrêtée lors d’une démarche administrative à la préfecture d’Eure-et-Loir, une amie habitant Chartres lui ayant fait un certificat d’hébergement pour lui permettre de terminer son cursus scolaire.
« Elle a fait une demande de titre de séjour en préfecture de Seine-Saint-Denis qui lui a été refusée. Cette personne a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en novembre dernier sous un mois », a précisé la préfecture d’Eure-et-Loir, pour justifier son interpellation.
« La semaine dernière, elle est venue faire une nouvelle demande, cette fois, en préfecture à Chartres, sans faire état de son passif. La préfecture d’Eure-et-Loir a procédé aux vérifications d’usage et a découvert l’existence de cet arrêté d’OQTF qui était exécutoire. Nous l’avons appliqué tout simplement », a ajouté la préfecture.
Leur presse (Agence Faut Payer), 9 janvier 2012.