[Expulsions] Solidarité avec les trois inculpés du vol Paris-Lomé, Lundi 9 janvier 13h TGI de Bobigny

Demain [lundi 9 janvier 2012] à la 17e chambre correctionnelle du TGI de Bobigny trois personnes seront jugées suite au mouvement de protestation qui a eu lieu vendredi sur le vol Paris-Lomé (Togo) au départ de Roissy : un homme qui devait être expulsé et deux passagers qui, avec d’autres, ont été solidaires et ont protesté contre l’expulsion. La personne en instance d’expulsion est inculpée de soustraction volontaire à une mesure d’éloignement et violence sur agent de la force publique, les deux autres de rébellion et entrave à la circulation d’un aéronef.

Ces trois personnes, après 48 heures de garde à vue, ont été transférées au dépôt de Bobigny et attendent leur comparution immédiate qui se fera donc après plus de 70 heures d’enfermement (48 heures de garde à vue plus les heures au dépôt). L’un des inculpés sera défendu par maître Bruno Vinay, on ne sait pas si les autres, de nationalité allemande, ont un avocat  choisi ou seront défendus par un commis d’office.

Il est important d’être solidaires avec toutes celles et ceux qui, parce que sans papiers, sont pourchassés, raflés, enfermés, expulsés et avec toutes les personnes qui, comme ces deux passagers, s’opposent à la machine à expulser et sont aux côtés de celles et ceux qui en sont victimes.

Une présence aux procès qui auront lieu demain à partir de 13h à la 17e chambre correctionnelle du TGI de Bobigny (terminus ligne 5) est déjà un début pour montrer notre solidarité.

Liste Migreurop, 8 janvier 2012.


Un passager attaché avec des cordes : le Paris-Lomé se révolte

Aéroport Paris-Charles de Gaulle : le vol DL8538 en direction de Lome (Togo) devait décoller à 13h50 ce vendredi. Il a finalement quitté le sol français à 16h08. Deux passagers installés dans l’avion ont raconté à Rue89 le récit de ce retard, un embarquement contrarié, sur fond de violence et d’indignation.

Alors que les passagers s’apprêtent à monter dans le bus qui les conduira dans l’avion, ils remarquent une voiture de police et des forces de l’ordre en train de discuter avec des agents de l’aéroport. Sans savoir de quoi il retourne. Le bus les conduit normalement à bord de l’appareil.

Pieds et mains liés avec des cordes

À peine installés sur leurs sièges, ils voient la voiture de police s’approcher. Cette fois, un homme africain escorté par deux agents sort de cette dernière. Les passagers remarquent immédiatement que l’homme n’est pas menotté, il est attaché « tel un bagnard ». Ses pieds et ses poings (dans le dos) sont liés avec des cordes.

Il n’embarque pas — comme les autres voyageurs — par l’avant mais par la porte arrière de l’avion. Stupéfaits de constater que les policiers ont sérieusement l’intention de faire voyager le « prisonnier » attaché de la sorte, ces derniers se questionnent. L’homme est-il un dangereux criminel ? Les hôtesses interrogent les policiers, son crime abominable est… d’être en situation irrégulière, et doit être rapatrié. C’est du moins la réponse qui leur est donnée.

Commence alors un vent de protestation. Plusieurs passagers s’en mêlent et crient au scandale. Hors de question de laisser un homme voyager dans ces conditions, attaché avec des cordes noires. Le ton monte, les policiers appellent au renfort, le spectacle du hublot continue.

Cinq cars de police débarquent

Cinq cars de la police des frontières débarquent et la force civile envahit l’endroit, 10… 15… le témoin parisien — qui s’apprête à partir en vacances au pays — ne compte pas le nombre d’agents, mais s’étonne d’un tel dispositif. À cause de la ressemblance des uniformes, il les prend pour des CRS.

Les voyageurs continuent de prendre le parti de l’homme. Des coups partent, du côté des forces de l’ordre et des passagers. En réponse à cet accroissement de violence, trois d’entre eux — des hommes, africains — sont arrêtés. Menottés (avec de vraies menottes), le décollage est encore retardé, il faut également évacuer leurs bagages…

À 16h08 ce vendredi, le vol Paris/Lomé peut enfin décoller.

« Tentative volontaire d’entrave à la circulation d’un aéronef »

Philippe Dormoy, de la cellule de communication de l’état-major de la police aux frontières (DCPAF), nous affirme que l’homme, contrairement à ce qu’ont cru les passagers au moment des faits, n’était en réalité pas reconduit pour irrégularité, mais suite à une décision de justice : c’était une « mesure d’éloignement », dont la cause est inconnue.

Il ajoute que ce dernier s’était violemment opposé à son rapatriement, au point de blesser un agent de police, ce qui expliquerait les pieds et poings liés par les cordes.

Quant aux trois passagers, ils pourraient être poursuivis pour « entrave à la circulation d’un aéronef », qui selon l’article L. 282-1 du Code de l’aviation civile, est passible de cinq ans de prison et d’une amende de 18’000 euros.

Leur presse (Éléonore Gratiet-Taicher, Rue89), 6 janvier 2012.

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