Le Chaco : un « no man’s land » en voie de disparition
Le Chaco constitue, après la forêt amazonienne, la deuxième zone la plus boisée au monde. Contrairement au Brésil où la forêt tropicale est maintenant un peu mieux protégée, le Chaco, terre d’accueil pour la biodiversité, se fait quant à lui, grignoter à vitesse grand V.
Le Gran Chaco ou Chaco (« territoire de chasse », en quechua) est l’une des principales régions géographiques d’Amérique du Sud qui s’étend sur près de 300.000 kilomètres carrés sur les territoires de la Bolivie, de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay. Regorgeant de faune et de flore, le Chaco représente, après la forêt Amazonienne, la deuxième zone forestière du continent sud-américain.
« Musée de la diversité »
Ce sont les propriétés géographiques et climatiques du Chaco qui ont favorisé de manière impressionnante la diversité de la faune et de la flore dans cette région du monde, créant un écosystème unique, plus ancien que celui d’Amazonie. Avec ses fourmiliers géants, ses tapirs, ses loups à crinière, sa dizaine d’espèces de tabous et ses 600 espèces d’oiseaux, la région se trouve très privilégiée en ce qui concerne la biodiversité, l’écotourisme et l’observation de l’avifaune.
Mais la terre du Chaco est vivement disputée par trois groupes. D’un côté, les populations autochtones se battent pour conserver leur culture. D’un autre côté, les propriétaires de ranchs ou de fermes défrichent progressivement la forêt pour leurs activités et l’agriculture. Enfin, partant d’un bon sentiment, les scientifiques et les spécialistes de la conservation voudraient explorer la région pour répertorier et protéger sa biodiversité. Il y a encore quelques années, cette région était pourtant peu visitée comparée à la forêt amazonienne. Un facteur qui explique pourquoi cet écosystème unique au monde disparait aujourd’hui à vue d’œil.
L’équivalent d’un terrain de football disparait toutes les 90 secondes
Au sein du Chaco, la déforestation s’accélère de l’ordre de 10 kilomètres carrés de perte par jour. Les États ne se battent pas tous de la même manière contre la déforestation. Quand le Brésil semble avoir retenu la leçon de la forêt amazonienne, avec un taux de déforestation en diminution depuis des années, l’Agentine ne fait rien pour stopper ce grignotage et les autorités paraguayennes n’en font quant à elles qu’à leur tête en accordant à tous des permis de défrichement pour développer une agriculture et un élevage massif. Selon José Luis Casaccia, procureur en chef pour les affaires environnementales du Bureau du procureur général, « si la tendance actuelle se poursuit, tout ce qui n’est pas protégé aura entièrement disparu d’ici à 2025. Le Chaco sera réduit à un désert, et toutes ses espèces seront perdues ».
Mais avant même de vouloir se rendre compte des dégâts occasionnés par l’homme dans Le Chaco et de faire un recensement de toutes les espèces qu’il accueille, ne vaudrait-il pas mieux trouver une solution pour garder ce no man’s land tel que cette qualification l’indique ? Comme de nombreux autres cas en ont témoigné, le fait d’entreprendre un recensement de la faune et de la flore d’un lieu naturel ne permet pas nécessairement d’empêcher sa déforestation. Et sans forêt, non seulement la faune et la flore disparaitront, mais les derniers peuples autochtones devront également trouver un autre no man’s land quand les scientifiques devront eux découvrir un autre écosystème unique et vierge.
Un écosystème indispensable contre le changement climatique ?
Comme le souligne Le Courrier international, ce serait même peut-être grâce au Chaco que l’Amérique du Sud possède une biodiversité aussi riche. D’après l’hebdomadaire, pendant l’ère glaciaire, les mystérieuses espèces du Chaco ont proliféré, se développant sur des régions éloignées comme l’Amazonie. Elles auraient ainsi laissé des graines derrière elles donnant peu à peu naissance aux incroyables territoires végétaux d’Amérique du Sud.
Par ailleurs, il n’est plus à démontrer que ce genre d’écosystème unique joue un rôle majeur sur le climat environnant. Ainsi, il pourrait aussi participer à réguler le réchauffement climatique que traverse aujourd’hui notre époque. D’où l’importance de sa sauvegarde.
Leur presse (maxisciences.com, 7 janvier 2012)