Les villageois se rebellent
Un regroupement de citoyens militants vient de se constituer dans l’archipel indonésien afin de mobiliser l’opinion sur l’urgence d’une réforme agraire et d’une résolution des conflits entre les paysans, les compagnies minières et les grandes plantations, relate le journal Kompas.
Cette initiative est née à la suite des affrontements de Bima, dans l’est de l’île de Sumbawa, où la police a tiré sur les manifestants qui réclamaient la fermeture de la mine d’or PT Sumber Mineral Nusantara dont l’activité pompe l’eau d’irrigation des champs. Bilan : deux morts selon les forces de l’ordre, cinq selon les manifestants. La plus importante ONG environnementaliste indonésienne Walhi a enregistré 103 conflits semblables à celui de Bima — en particulier les événements de Mesuji, à Sumatra, où une trentaine de paysans s’opposant à une plantation de palmiers à huile auraient été tués ces trois dernières années.
Leur presse (Courrier international), 29 décembre 2011.
Brèves du Pacifique
(…) En Indonésie, la compagnie minière australienne Arc Exploration a suspendu ses activités d’exploration sur Sumbawa, une île indonésienne située entre les îles de Lombok et de Flores, dans les Petites îles de la Sonde. Samedi en effet, la police indonésienne a tiré sur une foule de manifestant, opposés à l’ouverture d’une mine d’or sur leur île. Bilan : trois morts. Il s’agit d’agriculteurs inquiets des conséquences environnementales sur leurs terres, et d’activistes anti-activités minières. Un porte-parole de la police nationale a évoqué une « réaction disproportionnée » de ses policiers, qui tentaient de déloger les manifestants bloquant le port de Sape. 40 policiers ont été interrogés dans le cadre de cette enquête interne. De son côté, la Commission Indonésienne des Droits de l’Homme mène sa propre enquête. Les riverains, de Sape où sera basée la mine, ont déjà manifesté vigoureusement en juin dernier pour retarder la mise en exploitation de la mine d’or. Georges Tahjia, le PDG d’Arc Exploration est également un consultant de Freeport Indonésie. Il a refusé toute interview pour le moment. Freeport exploite l’immense mine de Grasberg en Papouasie, où une grève de trois mois a aussi fait plusieurs morts, du côté des grévistes comme de celui des policiers indonésiens. Mardi le porte-parole des syndicats, Virgo Solossa, a déclaré qu’il suspendait la reprise du travail, exigeant d’abord l’assurance que les grévistes ne seront pas licenciés. Kuala Pelabuhan Indonesia, un prestataire de Freeport à Grasberg, a en effet licencié 18 anciens grévistes et en a suspendu 101 autres en septembre et en octobre dans l’attente de l’examen de leurs agissements durant la grève. (…)
Leur presse (24 heures dans le Pacifique), 28 décembre 2011.
Un projet aurifère suspendu après la mort de manifestants en Indonésie
Arc Exploration, une compagnie australienne spécialisée dans la prospection d’or en Indonésie, a annoncé ce mercredi la suspension de ses explorations sur le site de Buma, sur l’île de Sumbawa au sud du pays. Des manifestants s’opposaient depuis la semaine dernière aux projets miniers dans la région en occupant le port de Sape. La police est intervenue ce week-end, causant la mort de deux manifestants selon le communiqué d’Arc Exploration, trois selon la police et une dizaine selon des ONG citées par la presse locale.
Les manifestants s’opposent à plusieurs projets miniers, notamment pour des raisons environnementales. Selon Arc Exploration, la révocation de la licence d’exploration accordée par le gouvernement indonésien pour le site de Buma, qui couvre 25.000 hectares, faisait partie de leurs revendications. La compagnie précise qu’aucune mine n’est en construction et que son activité sur place consiste à évaluer le potentiel de la zone.
Les réserves d’or du sous-sol indonésien, 3.000 tonnes d’après les chiffres de l’US Geological Survey, sont équivalentes à celles des États-Unis et proches de celles de la Chine. Une quantité susceptible d’augmenter : Arc Exploration, qui travaille sur deux autres sites indonésiens, sur l’île de Java et en Papouasie, estime que les ressources aurifères du pays sont sous-explorées.
Leur presse (Commodesk), 28 décembre 2011.
Des villageois en lutte contre une compagnie forestière
« Massacre de masse à Lampung », titre le quotidien The Jakarta Post. Des villageois du canton de Mesuji à Lampung (dans le sud de Sumatra) ont diffusé le 14 décembre devant le Parlement des vidéos de téléphone mobile — les combats auraient fait 30 victimes depuis 2008 dans la région. On y voit des hommes cagoulés détruire des maisons et décapiter deux villageois à la machette. Les assaillants seraient à la solde de PT Silva Inhutani, une compagnie forestière d’État, associée à une société malaisienne, en conflit avec les villageois au sujet des terres.
Leur presse (Courrier international), 15 décembre 2011.
Enquête après une vidéo montrant des décapitations
Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a ordonné jeudi une enquête après un vif émoi suscité dans le pays par une vidéo montrant des agriculteurs se faisant décapiter par de présumés agents de sécurité d’une société d’huile de palme.
Le président a ordonné au ministre de la Sécurité et au responsable de la police nationale de mettre en place une équipe afin de réunir des preuves concernant l’incident de Mesuji, sur l’île de Sumatra, a indiqué le porte-parole de la présidence, Julian Pasha.
Une vidéo, diffusée mercredi aux députés par des agriculteurs, montrent, selon eux, certains d’entre eux se faisant décapiter par des agents de la sécurité d’une exploitation d’huile de palme, avec qui les fermiers ont un différend territorial.
La vidéo, vue par l’AFP, montre avec force détails trois personnes à qui des hommes encagoulés coupent la tête avec des couteaux. L’un d’entre eux exhibe par la suite le crâne ensanglantée d’une victime.
Quatre villageois ont été décapités par les agents de sécurité de la société, a affirmé à l’AFP l’avocat des agriculteurs, Bob Hasan, précisant que l’incident avait eu lieu en avril dernier. Les villageois se sont vengés le même jour et ont tué quatre gardiens, dont deux ont été décapités, a-t-il ajouté.
La police a confirmé un nombre non précisé de décapitations, sans être en mesure de donner plus d’indications si ce n’est qu’elle était à la recherche de huit personnes.
La société d’huile de palme accusée, PT Silva Inhutani, n’était pas joignable dans l’immédiat.
L’émoi suscité a été d’autant plus grand dans le pays qu’il symbolise, pour beaucoup, le combat d’agriculteurs aux revenus modestes évincés par les grandes sociétés qui font fortune dans l’huile de palme.
Leur presse (Agence Faut Payer), 15 décembre 2011.
L’insolente santé de l’Indonésie
Croissance galopante, dette négligeable, ressources abondantes : l’Indonésie affiche une santé économique insolente, à l’heure où le monde s’essouffle, faisant figure de « mini-Chine » qui devancera France et Allemagne dans quelques décennies, selon des analystes. Dans les centres commerciaux rutilants de marbre où les élégantes de Jakarta affichent leur dernier sac Hermès, ou dans les gratte-ciel de verre et d’acier où les jeunes cadres dynamiques amassent des fortunes, on en est déjà persuadé : l’Indonésie est le nouvel « I » dans le groupe des grands pays émergents dit des « Brics » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
Preuve pourrait en être la récente commande de 230 Boeing passée par la compagnie indonésienne Lion Air, pour près de 22 milliards de dollars. Un montant jamais vu dans l’histoire de l’aviation. Déjà première économie d’Asie du Sud-Est, l’Indonésie figurera « parmi les dix plus grandes puissances mondiales en 2020 et les six en 2030 », prédit la banque britannique Standard Chartered.
L’archipel de 240 millions d’habitants et 17.500 îles dépassera ainsi l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, pour ne plus être devancée que par la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Brésil et le Japon, selon la banque, qui rappelle que l’Indonésie est déjà membre du prestigieux G20, club des principaux pays riches et émergents.
Depuis 2005, le plus grand pays musulman de la planète connaît une croissance d’environ 6% l’an. Et elle va s’accélérer, pour atteindre en moyenne 6,6% sur la période 2012-16, prévoit l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’Indonésie sera ainsi l’économie la plus dynamique en Asie du Sud-Est, selon l’organisation.
Leur presse (Agence Faut Payer), 11 décembre 2011.
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