Aux vagabonds, aux chômeurs, aux déshérités, et aux miséreux.
Aux trente-cinq milliers de personnes qui errent en ce moment même dans les rues de cette grande ville, les mains dans les poches, contemplant l’étalage de la richesse et du plaisir avec la résignation de ceux qui n’y prennent aucune part, à ceux n’ayant pas même assez pour se procurer de quoi apaiser les affres de la faim qui leur tenaille les entrailles. C’est à vous, et aux centaines de milliers de personnes partageant la même situation dans ce grand pays d’abondance, que je souhaite adresser ces mots.
N’avez-vous pas bossé dur toute votre vie, depuis que vous fûtes en âge d’être utilisés dans la production de la richesse ? N’avez-vous pas trimé longuement, durement et laborieusement en produisant toutes ces richesses ? Et pendant toutes ces années de corvées, ne savez-vous pas que vous avez produit des milliers et milliers de dollars de richesses, dont vous n’avez possédé, ne possédez et, à moins que vous n’AGISSIEZ, ne posséderez jamais la moindre part ? Ne savez-vous pas, lorsque vous étiez attelé à la machine, cette machine attelée à la vapeur, alors que vous trimiez vos dix, douze ou seize heures par jour, que pendant tout le temps de toutes ces années, vous n’avez juste reçu du produit de votre travail que de quoi vous procurer la plus humble et grossière pitance nécessaire à votre survie ? Et que, lorsque vous avez voulu vous procurer quelque chose pour vous-même et vos familles, cela n’a jamais été que de la qualité la plus basse ? Que si vous vouliez vous rendre où que ce soit, vous deviez attendre jusqu’au dimanche, en ne gagnant si peu de votre travail implacable que vous n’osiez réellement vous arrêter un seul instant ? Et ne savez-vous pas que, malgré tous vos renoncements, vos privations, vos économies, il ne vous a pourtant jamais été permis de vous éloigner, ne serait-ce que quelques jours, des hurlements de la misère ? Et qu’au final, quand par caprice votre employeur a jugé profitable de prononcer l’artificielle pénurie en limitant la production, que les feux des fourneaux furent éteints, que le cheval de fer auquel vous fûtes attelés se reposa, que la porte de l’usine fut verrouillée, vous fûtes jetés sur la route comme des clochards, la faim à l’estomac et les haillons au dos ?
Mais, votre employeur vous a dit que c’était la surproduction qui l’avait contraint à fermer. Qui s’est soucié des larmes amères et de la peine affreuse de votre épouse aimante et de vos enfants désarmés, lorsque vous leur avez adressé un pathétique : « Dieu vous bénisse », avant de vous jeter sur la route des vagabonds, partant en quête d’un emploi, loin ailleurs ? Je vous le demande, qui s’est préoccupé de ces peines et souffrances ? Vous avez n’étiez désormais qu’un clochard, proie de l’opprobre et des dénonciations, « va-nu-pieds et vagabond » pour toute cette classe même qui précisément s’était employée toutes ces années durant, à vous voler, vous et les vôtres. Alors, ne voyez-vous pas enfin que « bon patron » et « mauvais patron » ne signifient rien ? Que vous n’êtes que leur proie commune, et que leur tâche ne consiste purement et simplement qu’à vous voler ? Ne voyez-vous donc pas que c’est le SYSTÈME INDUSTRIEL lui-même, et non le « patron » qui doit être changé ?
Maintenant que toutes ces belles journées d’été et d’automne sont passées, que vous n’avez toujours pas d’emploi, et donc rien mis de côté ; maintenant que l’hiver souffle du nord et que toute la terre est ensevelie d’un linceul de glace ; n’écoutez pas la voix de l’hypocrite qui vous dira qu’il a été ordonné par Dieu qu’il « y aura toujours des pauvres au milieu de vous », ou à l’arrogant voleur qui vous dira que « si vous n’avez rien maintenant, c’est que vous vous êtes saoûlés avec vos payes l’été dernier quand vous aviez du travail », que « le foyer ou le chantier est trop bon pour vous », que « vous devriez être fusillé ». Et vous tirer dessus, ils le feront si vous vous plaignez avec trop de bruit. Alors non, ne les écoutez pas eux, mais écoutez ! L’hiver prochain, quand le vent glacial se glissera à travers les déchirures de vos haillons miteux, quand le givre vous mordra les pieds à travers les trous de vos souliers usés, quand tous les malheurs sembleront s’acharner sur vous et en vous, quand la misère vous aura marqués à jamais, que votre vie sera devenue un fardeau et l’existence une sinistre farce, lorsque vous aurez marché dans les rues jour après jour et dormi chaque nuit sur le dur, et que vous serez finalement déterminés à vous ôter la vie de vos propres mains — préférant rejoindre le néant que de supporter plus longtemps le fardeau d’une telle existence — si jamais vous vous résignez à vous jeter vous-même dans l’étreinte glaciale d’un lac plutôt que de souffrir plus longtemps : arrêtez-vous, avant de commettre le dernier acte tragique du drame de votre pauvre existence. Stop ! N’y a-t-il rien que vous puissiez faire pour préservez d’un tel sort ceux que vous vous apprêtez à rendre orphelins ? Les vagues ne vous frapperont que pour railler votre acte absurde ; mais promenez-vous dans les avenues des riches et regardez par les somptueuses fenêtres l’intérieur de leurs demeures voluptueuses, et vous y découvrirez très précisément les voleurs qui vous ont dépouillés, vous et les vôtres. Alors, traduisez votre tragédie en actes, sur le champ ! Réveillez-les de leur gaieté de vivre, à vos frais ! Envoyez-leur votre pétition et laissez-leur la lire à la rouge lumière de la destruction. Ainsi, lorsque vous lancerez « un dernier regard en arrière », vous pourrez être assuré que vous aurez parlé à ces voleurs le seul langage qu’ils aient jamais été capables de comprendre, car ils n’ont jamais daigné remarquer aucune pétition signée par leurs esclaves tant qu’ils n’ont été obligés de les lire à la lumière rouge du canon, ou tant qu’elles ne leur ont été tendues jusqu’à à eux à la pointe de l’épée. Vous n’aurez besoin d’aucune organisation lorsque vous vous déciderez à présenter ce genre de pétition. En fait, une organisation serait un préjudice pour vous ; car chacun d’entre vous, vagabonds affamés qui lisez ces lignes, pouvez faire vôtres ces petites méthodes artisanales de guerre que la Science a mis entre les mains des pauvres gens, et vous reprendrez alors le pouvoir, ici ou dans tout autre pays.
Apprenez l’utilisation des explosifs !
Lucy E. Parsons, « To Tramps », Alarm, 4 Octobre 1884. Imprimé et distribué comme tract par l’International Working People’s Association. Traduction française : Jean (groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86)
« la bourgeoisie crée les idée, ils ont du temps pour reflechir, et le pauvre peuple s´insurge, meurt et se lie aux espoirs lues… »
A nous de TOUT nous réapproprier, des matières aux pensées, sans ecoles ni discours de salons. A nous d´être les vagabonds volontaires d´un monde à la mort trop lente, libres et en eternel apprentissage, loin des belles paroles sédentaires, loin des experts du bavardage. A nous de construire, dans le courage des remise en question, une université réelle, loin des schémas carcéraux, punitifs, compétitifs et hierarchisés de l´apprentissage. Une université réelle, dont nous serons seuls maitres, une université de l´experience, une université que nous nommerons « vie ».
comme je suis triste de n´avoir pas recu les compliments du salaire, comme je me soucis quotidiennement de l´argent du riche, de ses exploits cac quarantesque, comme je souffre des cantines ordurieres, que le peuple plus triste encore, rend dans l´inconscience à mon estomac marginal. comme je souffre de ne pas produire , de ne plus produire, d´y avoir cru comme un con. comme je hais le bourgeois, comme je l´envie secretement. comme j´aimerais faire comme lui, rassurer d´étincelle ma consommation bradée. comme je voudrais pleurer. A tous ces paradoxes divins qui enfantent le chaos…comme je hais cette bourgeoise qui récite au peuple, incapable de penser seul ces douleurs, les meches a bruler, dans son confort d´idée hypocrite…comme je nous vois mort né, nous, les imbéciles de l´espoir. nous, les sans dieux, les sans maitres, les sans loi aux cents idoles. nous, et ces pseudos héros adulés, héros du mots élevé en culte, en dieu, en maitre…
vivement la fin!
Ping : Lucy Parsons – Aux vagabonds | controappuntoblog.org
Pourquoi est ce que je trouve bien écris que les articles anciens ?… nous avons vraiment reçu une éducation misérable.