[Marseille] La Plaine sous surveillance

NOTRE QUARTIER…

Elle est raide la pente pour monter à la Plaine et pourtant, tous les jours, on trouve une bonne raison de gravir la colline. Les mardis, jeudis et surtout samedis, le marché et son ambiance est une de ces bonnes raisons. Des fruits, des légumes, du poisson, des spécialités… Pas de problème ! Des fringues en tout genre, de tous styles et à tout prix… Toujours pas de problème ! Une fois le sac bien rempli, on bavarde autour d’un verre et d’une kémia avec les collègues croisés dans un des cafés qui bordent la place. Et en soirée ou à la fin de la semaine, on prend le temps de s’attabler pour partager un plat, une bonne tchatche ou un peu de musique, histoire de faire durer le moment qui nous sépare encore du matin ou du lundi suivant… OK, c’est pas le paradis, mais c’est ce qui nous maintient aussi en vie !

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LEUR QUARTIER…

Tout ça, les policiers nationaux comme municipaux, les associations de boutiquiers grincheux et de voisins aigris, les promoteurs en Plus belle la vie si elle est chère n’en veulent plus.

LEURS PROBLÈMES

La vie de quartier, la convivialité ? Un facteur d’insécurité avec sa racaille à l’agachon, ses pauvres qui tendent agressivement la main, ses jeunes qui mettent le souk sous les fenêtres. Le marché ? Une source de nuisances avec ses cartons qui s’empilent, ses sacs plastique qui volent, ses véhicules qui bloquent la rue, ses « pas-de-chez-nous » qui se croient chez eux… La vie nocturne ? Avec ses concerts, ses fêtes et ses après-matches qui débordent des trottoirs et des horaires autorisés : une culture qui ne rentre pas dans le cadre officiel du projet 2013…

LEUR SOLUTION ? TUER LE QUARTIER !

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1325152128.jpgUn espace public vidéosurveillé et contrôlé à chaque instant, un marché normalisé, une carte postale provençale pour touristes et bourgeois. Un parc à thème aseptisé pour le seul profit des spéculateurs immobiliers et des boites spécialisées en camelote sécuritaire. Bientôt, à chaque pas, sur chaque terrasse, dans chaque appartement situé au premier ou au deuxième étage, la méchante sensation d’être espionné. Au final, augmentation vertigineuse de la taxe d’habitation pour financer les déploiements policiers et les caméras — un budget de 6 millions à l’installation, 2 millions par an de fonctionnement, voté à huis-clôs. Sans aucun autre effet que de confisquer l’espace public et de mettre la pression — arrahhh ! — pour les bars, les locaux associatifs et les salles de concerts, ce sont provocations et interventions musclées de la BAC avant que ne tombe la fermeture administrative. Pour ceux qui sirotent une canette dans la rue, interpellations et amendes. Quant aux mendiants, un arrêté municipal les transforme en autant de dangereux délinquants.

VIVE LE LIBRE MARCHÉ !

Depuis le parachutage du nouveau préfet, la présence policière sur le marché de la Plaine (tout comme à Noailles ou autour du marché du Soleil et des Puces), s’est faite écrasante. Des brochettes de CRS arpentent les allées en roulant des mécaniques, le flingue sur la cuisse, façon bataille d’Alger. Contre qui sont-ils en guerre ? Dissimule-t-on des kalashnikovs en pièces détachées sous les tas de fringues à un euro ? Leur Vigipirate électoraliste en vue de mai 2012 vise-t-il vraiment les arracheurs de chaînes en or ou les pickpockets ? Terroriser les voyous, c’est faire fuir les joueurs de bonneteau et la vieille vendeuse de citrons ? Les raids policiers en coordination avec les douanes, la PAF et les services de l’Urssaf, c’est pour assurer la liberté de marché ? La vérité, c’est que le marché attire du monde et que ça dérange. On vient de loin pour s’y réchauffer en jouant des coudes et en y faisant de bonnes affaires. Beaucoup de familles modestes auraient du mal à se vêtir et à se nourrir si ce joyeux bazar disparaissait. Sans compter les vendeurs qui resteraient sur la carreau dans une ville où le boulot s’invente plus qu’il ne se cherche. C’est cette réalité-là, trop populeuse, que les autorités cherchent à criminaliser…

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QUEL QUARTIER ?

Pour justifier leur petite cuisine sécuritaire, la mairie et la pref’ s’appuient sur la peur et l’amertume d’une minorité de riverains. Réfugiés dans les CIQ ou autres associations de frustrés, ils réclament plus de flics et moins de vie sociale, moins de bruit, moins d’odeurs, comme si le but de l’existence était de vivre dans un cimetière. Les journaux et les autorités prêtent une oreille complaisante à leurs râleries, qui servent de relais et d’alibi aux politiques décidées en haut lieu.

La Plaine sans frontières… Les laisserons-nous parler en notre nom alors qu’ils agissent ouvertement contre nous ? Il est temps de montrer publiquement que nous sommes fiers de ce quartier. Ce à quoi ils s’attaquent, c’est précisément ce qui nous le rend agréable à vivre. Il faudra leur dire haut et fort que nous sommes une majorité à vouloir habiter une ville ouverte et populaire. Bien sûr, on pourrait attendre que les caméras pourrissent sur pied et que les patrouilles fatiguent. Mais on peut aussi dire non. Et, histoire de s’amuser un peu, occuper encore et toujours la place publique. Profiter des jours de beau temps pour se retrouver dans des concerts de rue, des charivaris, des balétis, des boules et du ballon, des repas de quartier, des projections en plein air, un carnaval plus turbulent que jamais…

À nous de jouer !

Des habitants

Le réveil du peuple « L’état d’esprit est une raison d’être, un art pour avancer, une culture à respecter. C’est une richesse capable de décupler les forces, d’aller au-delà de ses limites, quel que soit l’adversaire. C’est être contestataire, rebelle pour refuser l’ordre établi et affirmer les valeurs de la plus vieille ville de France, une dame respectable tant son histoire sera à jamais inégalée. C’est une raison sociale, une arrogance, une loyauté. C’est appartenir à un peuple, uni et solidaire à la vie à la mort. Voilà pourquoi le peuple s’est réveillé. Qu’il ne se rendorme plus… » — Thierry Curatelle, après la victoire sur le PSG, dans La Provence du 28 novembre 2011.

Tract trouvé dans les rues de Marseille lors d’un charivari masqué, samedi 17 décembre 2011.

Indymedia Paris, 18 décembre 2011.

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