La dangereuse désertion des antifascistes libertaires, autonomes et anarchistes

Depuis plusieurs semaines, des centaines d’intégristes cathos paradent crânement dans les rues. Face à ces crapules, les antifascistes anarchistes autonomes ou libertaires font cruellement défaut.

Comme un camarade l’a véhément signifié aux militants citoyennistes qui s’étaient octroyés la parole en début de manif, nous ne sommes pas venus ce dimanche 11 décembre pour défendre des artistes capitalistes bobos mais pour commencer à reprendre la rue aux fachos. Nous n’en avons rien à carrer de cette marchandise de merde que représente les spectacles concernés par l’ire de ces tarés. Que ce soit dit une fois pour toutes !

Simplement nous pensons que nous ne pouvons pas laisser la lutte antifasciste aux réformateurs du front de gauche et de la LDH.

D’ailleurs lors de cette manif où à peine deux-cent personnes étaient présentes, la voix vieillie, usée et fatiguée d’une dizaine de mélénchonistes a vite été recouverte par celle de la majorité des manifestants. Les slogans ânonnés, naïfs, piteux et grisonnants tels que « Liberté de création » ou « contre la censure » ont été complètement étouffés par ceux, enjoués et tonitruants, de la petite centaine d’antifascistes présente : « À bas l’État, les flics et les curés », « Pas de quartier pour les fachos ! Pas de fachos dans les quartiers ! », « Ni dieu, Ni maître, Ni ordre moral ». Un individu désinhibé se permettait même d’extérioriser sa haine de classe en hurlant des « À bas la bourgeoisie, Vive l’anarchie ! », « À bas toutes les religions, À bas toutes les patries, À bas tous les États ! » à l’adresse des vieux laïcards de devant et des passants prostrés, médusés, hébétés…

Voilà, à quelques un(e)s, nous avons pu détourner et transformer cette manif, qui initialement se voulait légaliste, étatiste et citoyenniste, en une véritable marche libertaire et révolutionnaire. Une partie des institutionnels tirait la gueule, tandis que l’autre, la plus grande, s’était volatilisée, dégoûtée de s’être ainsi fait détourner et voler sa belle petite manif hebdomadaire.

Nous regrettons de n’avoir pas eu le rapport de force nécessaire en terme de présence pour continuer la manif vers saintNicolas du Chardonnet et d’avoir dû nous arrêter à l’endroit prévu par les keufs et les organisateurs.

La posture, qui consiste à ne plus aller à aucun rassemblement ou manif parce que certains des organisateurs ou appelants sont des réformistes, des citoyennistes ou autres collaborateurs du pouvoir, est absolument catastrophique au niveau idéologique et militant.

Nous laissons ainsi le terrain de l’antifascisme aux inoffensives organisations réformardes. Nous laissons fascistes, intégristes et autres crevures de tout poil plastronner en occupant la rue sous l’œil rigolard du pouvoir, ravi de voir ainsi irrésistiblement infuser dans la société son idéologie impérialiste, raciste et maurrassienne.

Par ailleurs, toujours en invoquant les mêmes prétextes, nous désertons des luttes en les laissant être menées par des réformistes, des confusionnistes ou des identitaires déguisés.

Il est encore temps de nous mobiliser pour redonner un sens révolutionnaire et libertaire à l’antifascisme qui reste plus que jamais nécessaire et d’actualité. Pour empêcher la vermine de s’approprier la rue, il faut l’occuper nous-mêmes. Là, tout de suite, maintenant !

Nous devons aussi reprendre le chemin des luttes pour leur insuffler des élans libertaires, autonomes et anarchistes. Nous n’aurons que ce que nous prendrons !

Indymedia Nantes, 14 décembre 2011.

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