[Scientifiquement prouvé] Flics, procs, juges et matons au-dessous du rat

Les rats libèrent leurs camarades !

Les rats ne supportent pas de voir un de leurs semblables emprisonnés : ils s’agitent pour le sortir de sa cage. Une preuve de leur capacité d’empathie, affirment des chercheurs.

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Le rat laissé libre s'active autour du tube qui emprisonne son congénère et essaie de le délivrer.

Pas besoin de motiver un rat par une récompense pour qu’il se donne la peine de libérer un congénère emprisonné dans un piège. Au bout de quelques jours, le rat laissé libre trouve la solution pour ouvrir la petite cage qui retient son compagnon prisonnier. Même s’il peut manger une portion de chocolat pendant que son congénère est coincé, le rat délivre le prisonnier et partage même le chocolat avec lui !

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Ces observations montrent que les actions des rats peuvent être motivées par l’empathie, analysent les chercheurs de l’Université de Chicago qui ont mené ces tests. L’empathie, cette capacité à s’identifier à quelqu’un d’autre et à ressentir ce qu’il ressent, a longtemps été considérée comme le privilège des humains avant d’être élargie aux primates mais serait en fait commune avec nombre d’animaux, en particulier avec tous les mammifères.

Libérer le rat prisonnier

Ben-Ami Bartal, Jean Decety et Peggy Mason ont placé des rats en captivité deux par deux avant de mettre l’un de ces rats dans un petit tube transparent fermé. L’autre rat était laissé libre de se déplacer dans la cage principale.

Les chercheurs n’ont pas appris aux rats à ouvrir la trappe, ils n’ont pas donné de récompense en échange de la libération d’un prisonnier. Les rats ont pourtant appris au bout de 6 ou 7 jours en moyenne de ces tests à ouvrir la trappe du tube pour libérer leur compagnon (23 rats sur 30 ont appris à ouvrir les trappes). Lorsque le tube était vide ou contenait un leurre, les rats ne se donnaient pas tant de mal pour ouvrir la trappe (5 sur 40). Même lorsque le dispositif empêchait les rats d’entrer en contact une fois la trappe ouverte, les rongeurs libéraient les prisonniers. La récompense par le contact et l’interaction n’est donc pas la seule motivation de leur comportement, analysent les chercheurs, qui publient leurs travaux aujourd’hui dans la revue Science.

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Partager le chocolat

Plus étonnant encore, lorsque les chercheurs ont placé un tube contenant du chocolat à côté du tube enfermant le rat, celui qui était libre a continué à délivrer son congénère. Et dans plus de la moitié des cas il a laissé du chocolat pour l’autre rat.

Pour les auteurs de l’étude, mettre fin à la détresse du rat encagé est l’explication la plus plausible au comportement du rat dans cette situation.

Choc électrique

Ce n’est pas la première fois qu’une étude met en évidence un comportement altruiste chez des rongeurs. Dès 1959, Russell Church montrait que des rats, habitués à actionner un levier pour obtenir de la nourriture, cessaient de le faire lorsqu’un congénère situé dans une cage à côté recevait un électrochoc à chaque fois. La perception de la douleur de l’autre ne fait pas de doute. Le rat y est sensible. Cependant, le rongeur arrête-t-il d’actionner le levier par empathie, pour que cesse la douleur de l’autre, ou par peur ? Interpréter les comportements, comprendre les motivations est toujours complexe dans les études sur les animaux. Ainsi, cette fois encore, on ne peut exclure que les rats libèrent leurs compagnons pour ne plus entendre leurs cris de détresse — et soulager leurs oreilles plutôt que leurs congénères.

D’autres recherches sont nécessaires pour savoir si ces comportements empathiques observés chez les mammifères proviennent de fonctions cognitives supérieures (comme les neurones miroir du cortex, impliqués dans l’identification à l’autre), ou de réseaux plus primitifs, liés aux émotions, analyse Jaak Panksepp, qui étudie l’origine des émotions et le bien-être animal à  l’Université de Washington (WSU, États-Unis), et qui commente dans Science les travaux de l’équipe de Bartal.

« Il n’y a pas de doute que d’autres animaux ressentent des émotions […] et que nos émotions les plus fortes et les plus basiques proviennent de réseaux neuronaux que nous partageons avec tous les mammifères », explique par ailleurs Panksepp. « Malheureusement, à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas scientifiquement comparer l’intensité et des sentiments entre espèces. »

Leur presse (Cécile Dumas, Sciences et Avenir.fr, 9 décembre 2011)

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Une réponse à [Scientifiquement prouvé] Flics, procs, juges et matons au-dessous du rat

  1. A.D. dit :

    « Cependant, le rongeur arrête-t-il d’actionner le levier par empathie, pour que cesse la douleur de l’autre, ou par peur ? Interpréter les comportements, comprendre les motivations est toujours complexe dans les études sur les animaux. Ainsi, cette fois encore, on ne peut exclure que les rats libèrent leurs compagnons pour ne plus entendre leurs cris de détresse — et soulager leurs oreilles plutôt que leurs congénères. »
    empathie= faire cesser la douleur chez l’autre = peur de la douleur = libérer le congénère= ne plus avoir à supporter sa détresse=empathie = etc…

    On comprend d’autant moins ce comportement que l’on est « un spécialiste », c’est ça qui apparaît avec cette Cécile Dumas et ses fréquentations professionnelles. Tout ça est une rationalisation destiné à maintenir la distance. a l’heure actuelle, il n’est plus besoin de comparer un type normal, d’un flic, ou d’un blanche-blouseur aux ordres.
    Cécile Dumas est un cyborg, c’est la solution la moins péjorative.

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