[Révolution des neiges] « Les gens ont pris goût aux manifestations de masse »

Russie : la contestation anti-Poutine gagne la province

Le mouvement de contestation de la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives du 4 décembre a aussi gagné la province russe, où des milliers de personnes ont manifesté samedi dans une cinquantaine de villes, tandis que 50.000 à 80.000 protestaient à Moscou.

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Manifestation d'opposants le 10 décembre 2011 à Moscou

Selon un comptage non-exhaustif établi par l’AFP, le nombre des manifestants a été de 10.000 samedi à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, et de quelques milliers en Sibérie et dans l’Oural.

« Le peuple s’est réveillé. C’est un élément tout à fait nouveau. Le pouvoir ne s’attendait pas à ça. Le mouvement est lancé et personne ne sait comment il va évoluer », a estimé Lev Ponomarev, l’un des dirigeants de Solidarnost qui a appelé à protester contre les fraudes ayant permis, selon l’opposition, la victoire aux élections du parti au pouvoir Russie unie.

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Les manifestations les plus importantes ont eu lieu à Saint-Pétersbourg et dans les grandes villes de Sibérie et de l’Oural : de 3.000 à 8.000 personnes ont ainsi manifesté à Novossibirsk (Sibérie), d’après les estimations divergentes de la police et des organisateurs, et près de 5.000 personnes à Tcheliabinsk (Oural), malgré une température de -20 degrés, a dit à l’AFP le représentant local du mouvement Solidarnost, Valeri Prikhodkine.

À Ekaterinbourg, principale ville de l’Oural, quelque 4.000 personnes ont manifesté et la police n’est pas intervenue bien que le rassemblement n’ait pas été autorisé, a précisé une militante de l’opposition, Larissa Bouzinovoi.

« C’est une situation tout à fait nouvelle. C’est beaucoup pour la province. Si les autorités n’arrivent pas à étouffer le mouvement d’ici à la fin de l’année, cela peut devenir très intéressant », a commenté Alexeï Malachenko, du centre Carnegie.

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Les manifestations ont rassemblé en grande majorité des jeunes, ont souligné les militants de province contactés par l’AFP. La mobilisation s’est faite essentiellement via les réseaux sociaux Facebook et Vkontake.

« Près de 80% des manifestants sont des jeunes. Ils sont très combatifs et, manifestement, ils n’ont pas peur d’être arrêtés par la police », a déclaré à l’AFP l’un des animateurs de la manifestation organisée samedi à Kazan, la capitale du Tatarstan, Ramil Khaïroulline.

« Les gens se sentent humiliés. Ils ont le sentiment d’avoir été trompés », a relevé un manifestant dans cette ville, Piotr Ivanov, un avocat.

De Blagovechensk, à 9.000 km à l’est de Moscou, sur la frontière chinoise, à Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, les slogans étaient à peu près les mêmes : « Nous voulons des élections honnêtes », « Assez de mensonges ! », « Poutine – voleur ! », « Poutine – démission ! », « Les falsificateurs en prison ! », « Nouvelles élections ! »…

De nombreux manifestants portaient un masque sur le visage ou du scotch sur la bouche pour symboliser le vol de leurs voix aux législatives.

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« Sans voix »

« Le nombre des manifestants n’est pas énorme pour des villes de plusieurs millions d’habitants, mais c’est beaucoup par rapport à d’habitude. Les gens ont pris goût aux manifestations de masse. C’est très inquiétant pour le pouvoir », a estimé Evgueni Gountmakher, de l’Institut du développement contemporain.

« La classe dirigeante doit réfléchir : l’élection présidentielle est pour bientôt (en mars) et il n’y a plus aucune confiance envers les dirigeants. C’est une crise politique grave », ajoute Alexeï Malachenko.

Leur presse (Agence Faut Payer), 10 décembre 2011.

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