Samedi 12 novembre, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle mairie de Montpellier, ce tract a été distribué. Pour information, cette nouvelle mairie à l’architecture « post-moderne » (une façade qui laisse apparaître un énorme cube noir cerné de barreaux) a coûté 130’000’000 d’euros et s’inscrit dans le processus de ré-urbanisation du quartier de Port Marianne. Un bâtiment immense, aux courbes ambitieuses, qui laisse apparaître la démesure qu’on sait être coutumière des partis qui se revendiquent proches du peuple (à quand un tout nouveau Kremlin ?). Juste à côté, un magnifique hôtel quatre étoiles, des bâtiments neufs, un paysage épuré. Et bien sur, des flics. Partout.
Contre la gentrification
La gentrification est un terme désignant le processus visant à favoriser le départ, dans les quartiers, des populations pauvres au profit de populations plus aisées. Cela signifie généralement un réaménagement complet de l’espace urbain ainsi qu’une refonte de sa gestion dans le but de répondre à de nouvelles demandes, pour une nouvelle clientèle.
À Montpellier, cela se traduit comme dans d’autres villes par plusieurs signes. Un des exemples le plus marquant concerne l’arrêté anti-mendicité En France, jusqu’en 1994, la mendicité était un délit. La refonte du code pénal revenant sur cette position, il a fallu aux villes trouver les moyens de combattre la pauvreté. Mais non pas pour la supprimer, plutôt pour la dissimuler. C’est ainsi qu’en 1996 fut acté à Montpellier l’arrêté anti-mendicité qui permet pour une courte période (généralement la saison estivale) d’éloigner des centres commerciaux les populations indésirables de par leur comportement, leur image ou leur inactivité marchande. Malgré les diverses attaques et défaites face aux tribunaux administratifs, la loi sur la sécurité intérieure de 2003 rétablit le caractère délictueux de la mendicité et le « phénomène » de ces arrêtés s’étend à toutes les villes. À Marseille, récemment, il est devenu permanent. L’objectif, à peine dissimulé, est bien sûr de nettoyer l’environnement urbain.
Pourtant, comme le rappelait le Parti socialiste à l’encontre de Georges Frèche à cette époque : « Ce n’est pas en interdisant la pauvreté qu’on la fait disparaître ». Aujourd’hui il n’est plus, mais, hélas, le PS continue de s’agiter et d’accumuler les imbécillités par-delà les aberrations.
On pourrait citer l’opération Grand Cœur, administrée par la SERM, dont le but consiste à réaménager le centre-ville et ses alentours, notamment par le rachat des immeubles et leur reconstruction ou remplacement (par des parcs ou des locaux d’un autre type). Cette politique crée une situation où des logements sont rachetés à bas prix, laissés vides des années et revendus au prix fort à des populations issues de couches salariales plus propices à une consommation courante et quotidienne dans tous les secteurs économiques montpelliérains. Il existe également un volet « Sécurité » dans cette convention, qui se fixe comme objectifs l’interdiction « de la vente d’alcool, des ventes à la sauvette […] et des populations marginales ». Tout est dit.
Cette opération s’accompagne de plusieurs autres mesures s’inscrivant dans des doctrines urbanistiques particulières assurant qu’une gestion policière de l’espace urbain supprimera effectivement les problèmes liés à la délinquance. En favorisant donc le déplacement des véhicules (suppression des murets, ouverture des espaces, agrandissement des rues…), en proscrivant les rassemblements non consommateurs (interdiction d’être immobile à plus de deux sur la voie publique, suppression des bancs ou disposition particulière structurant l’isolation, fermeture des espaces non marchands comme le Peyrou au-delà de certaines heures…) et en augmentant les capacités de contrôle et de surveillance (caméras de surveillance dont l’économie montpelliéraine jouit profondément, patrouilles de police plus fréquentes, brigades anti-bruit ou anti-tag…). Petit à petit, l’espace public en vient à être la pute du capital.
Le samedi 17 décembre 2011, à l’appel de nos amis allemands, sera organisée une journée d’action internationale contre le développement urbain capitaliste et la gentrification.
« (…) L’objectif en est de créer un événement régional et international ayant lieu partout où vous luttez et vivez et où vous vous référez de manière solidaire aux projets occupés comme la Rote Flora à Hambourg (Allemagne). (…)
La Rote Flora, dans son désir d’insociabilité, fait partie de mouvements divers qui se développent partout où les gens se rencontrent de manière critique et s’organisent dans le quotidien contre l’illusion de la fatalité capitaliste. (…)
Pour nous, des liens potentiels peuvent être faits par rapport aux thématiques suivantes : l’appropriation et la défense de projets autodéterminés et la socialisation d’espaces très disputés. La protestation contre la gentrification et la privatisation néolibérale, contre la répression et le refoulement des parties indésirables de la société, contre les contrôles policiers racistes et les déportations. (…) »
En conséquence, nous appelons à un rassemblement massif à cette date sur la place de la Comédie.
POUR UN URBANISME RÉVOLUTIONNAIRE
POUR UN BOMBARDEMENT MASSIF ET ININTERROMPU DES INTELLECTUELS CAPITALISTES
Reçu le 14 novembre 2011.