[Dijon] Occupation d’un immeuble avec des migrants somaliens

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Un rassemblement de soutien, suite à la réquisition d’un logement jeudi 10 novembre, a eu lieu cette après-midi, dimanche 13, rue du Docteur Bertillon à Dijon. Une cinquantaine de personnes étaient présentes. Il est toujours possible d’apporter matelas, couvertures, de la nourriture et des meubles au 8-10 rue Docteur Bertillon cette semaine.

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Les pouvoirs publics préfèrent laisser des centaines de demandeurs d’asile à la rue en plein hiver dans Dijon, notamment des Somaliens et Erythréens, plutôt que de mettre à leur disposition des bâtiments vides. La Préfecture ou la Mairie sont pourtant en droit de procéder à des réquisitions en de telles circonstances. Mais le gouvernement piétine ses engagements d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile. Dans ce contexte, des militants associatifs et individus ont décidé, au-delà de l’indignation, d’occuper un logement, 8 rue du docteur Bertillon, près des anciens abattoirs, avec un groupe de réfugiés somaliens.

Ce bâtiment est leur domicile depuis jeudi 10 novembre dernier. Il s’agit d’un immeuble laissé à l’abandon depuis des années et voué un jour à la destruction dans le cadre d’un futur projet d’urbanisme de la municipalité dijonnaise. Nous invitons aujourd’hui toutes les personnes et associations solidaires des migrant-e-s à soutenir cette initiative d’hébergement et à se mobiliser.

Quelques mots sur la situation des demandeurs d’asile à Dijon et la solidarité nécessaire :

Il y a actuellement à Dijon des centaines de réfugiés venus des pays de la Corne de l’Afrique, notamment de Somalie ou d’Érythrée. Ces jeunes ou ces familles fuient les persécutions, les guerres et famines qui ont empiré ces derniers mois, et tentent de trouver un futur. Ils ont déposé des demandes d’asile qui prendront des mois à être étudiées.

Malgré les engagements internationaux de la France sur l’accueil et l’hébergement des demandeurs d’asile, malgré les directives européennes, des centaines de ces réfugiés se retrouvent forcés de dormir sur les trottoirs, dans les parkings ou les parcs publics à Dijon. Les associations sont débordées et après des mois d’échanges, la préfecture s’est contentée de proposer l’ouverture de 64 places en foyer, sans les mettre jusqu’à ce jour à disposition. Cette situation est le fruit d’années de politiques de discrimination et de rejet des migrant-e-s, couplant la répression et les expulsions d’une part à la réduction des moyens accordés pour la solidarité et l’action sociale de l’autre.

Mardi 8 novembre, à l’initiative d’une vingtaine d’associations et syndicats dijonnais, un cercle de silence et une manifestation ont abouti à la préfecture pour demander des conditions d’accueil correctes et la réquisition de logements pour parer à l’urgence. Ces demandes n’ayant pas été suivie d’effet, un certain nombre de personnes solidaires et de réfugiés ont décidé de trouver des solutions. Nous continuerons à prendre les initiatives nécessaires pour ne pas laisser les personnes à la rue si les pouvoirs publics ne le font pas !

Solidarité avec les réfugiés !

Brassicanigra, 13 novembre 2011.

Fin octobre 2011, une quinzaine de réfugiés Somaliens viennent nous voir. Ils sont demandeurs d’asile et à la rue, squattent depuis quelques semaines le kiosque de la place Wilson, les parkings, s’entraident pour les démarches administratives et la survie au quotidien, trouvent des repas à la mosquée ou à la « passerelle » et cherchent des abris moins précaires pour l’hiver. Ils seraient plus de 600, à Dijon, à avoir fui les famines et les guerres qui font rage dans la corne de l’Afrique ou à avoir « bénéficié » du refus de Kadhafi de continuer à faire garde-frontière pour les Européens qui le bombardaient. Le lendemain, un travailleur social nous amène un ado du Congo-Brazzaville spolié de ses terres après avoir perdu ses parents. Il s’est fait jeter du foyer de mineurs où sont encore ses deux petites sœurs : les autorités ordonnent de nouveau des tests osseux pour prouver que les concerné-e-s ont plus de 18 ans et pouvoir faire du vide. Depuis les Tanneries et avec les réseaux d’ami-e-s, on essaie, comme d’autres, de trouver des gestes de solidarité sans tomber dans la charité, des matelas, des plans débrouille et des toits qui défient la loi. On se découvre et on teste ce qu’on peut faire ensemble au-delà de tout ce qui diffère dans nos positions et nos vies. De leur côté, des associations de soutien et de suivi juridique s’insurgent du refus de la préfecture et de la Mairie de débloquer plus de places d’hébergement, et ce alors même que les demandes d’asile sont en cours. La France, « terre d’accueil », quand l’accueil est rentable et d’« immigration choisie » par les autorités et les entrepreneurs, laissera cet hiver des milliers de réfugié-e-s aux pavés et aux harcèlements policiers. À nous et aux intéressé-e-s de réquisitionner des immeubles, des moyens et des forces vives pour parer aux politiques xénophobes et au maintien de l’exploitation post-coloniale. Une manifestation inter-orga est prévue pour le 8 novembre. Diverses initiatives de pression et de solidarité s’y engraineront sans nul doute. À suivre sur brassicanigra.org si vous voulez rejoindre le mouvement. (…)

Éditorial du programme d’activités de l’Espace autogéré des Tanneries en novembre 2011.

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