Crise à Mayotte : nouveaux heurts entre jeunes et gendarmes

Jeunes et gendarmes s’affrontent à Mayotte, sur fond de crise sociale

Des heurts violents ont opposé durant toute la matinée de mardi des protestataires aux gendarmes mobiles à Dzoumogné, au nord de Mayotte. Dès 7 heures du matin, des dizaines de jeunes de cette localité ont bloqué la circulation par des barrages érigés avec des troncs d’arbre, participant à leur manière à la grève générale contre la vie chère qui touche l’île depuis près d’un mois. Ils ont ensuite attaqué à coup de galet, de barre de fer et de cocktail Molotov les forces de l’ordre venues lever ces barrages. Ces dernières ont riposté à plusieurs reprises avec des gaz lacrymogènes pour se dégager.

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La ville a vécu pendant près de six heures un véritable état de siège. À leur départ de Dzoumogné vers midi pour Mamoudzou, la capitale, en passant par la localité portuaire de Longoni, les colonnes de véhicules des gendarmes mobiles ont dû effectuer plusieurs arrêts en attendant qu’un bulldozer dégage les troncs d’arbre qui barraient les axes routiers.

La mort d’un manifestant mercredi 19 octobre avait provoqué de violents affrontements avec les forces de l’ordre et des pillages à Mamoudzou, la préfecture de l’île.

La rencontre prévue entre le médiateur nommé par le gouvernement au sein de l’Observatoire des prix, Stanislas Martin, et les leaders syndicaux s’est bien ouverte mardi matin. Rien n’avait filtré à 14 heures de cette entrevue, les syndicalistes devant rendre compte d’abord à leur base au cours d’une assemblée générale en fin d’après-midi. Le médiateur doit poursuivre tout le long de la journée des discussions avec des chefs d’entreprises de la grande distribution et du bâtiment, ainsi qu’avec le président du conseil général, Daniel Zaidani.

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L'intersyndicale de Mayotte lit sa lettre ouverte à Stanislas Martin, médiateur du ministère, au milieu des manifestants, le 24 octobre 2011 à Mamoudzou (Mayotte)

La veille, le premier rendez-vous entre l’intersyndicale, les associations de consommateurs et Stanislas Martin pour trouver une solution à la crise sociale qui frappe l’île depuis un mois n’avait abouti à rien. Les partenaires sociaux, mécontents de l’ordre du jour et la marge de manœuvre du représentant du gouvernement français, avaient annoncé la poursuite de la grève générale.

« Nous attendions un négociateur, on nous envoie un médiateur ayant pour mission d’écouter les différentes parties et de produire pour la semaine prochaine un rapport, notamment à l’intention des membres de l’Observatoire des prix (…) Nous voulons l’ouverture de véritables négociations », avait déclaré Salim Naouda, secrétaire départemental de la CGT Mayotte.

Leur presse (Le Monde.fr), 25 octobre 2011.

 

Crise à Mayotte : nouveaux heurts entre jeunes et gendarmes

La commune de Dzoumogné, au nord de l’île de Mayotte, a vécu mardi martin un véritable état de siège pendant près de six heures. De violents heurts ont opposé de jeunes protestataires aux gendarmes mobiles. Un adolescent a été blessé. Les négociations entre les leaders syndicaux du 101e département français et le médiateur nommé samedi par la ministre de l’Outremer ont repris et doivent se poursuivre mercredi.

Vers 7 heures du matin, des dizaines de jeunes de Dzoumogné ont bloqué la circulation par des barrages érigés avec des troncs d’arbres, participant à leur manière à la grève générale contre la vie chère entamée le 27 septembre. Ils ont ensuite attaqué à coup de galets, de barres de fer et de cocktails molotov les gendarmes mobiles venus lever ces barrages. Ces derniers, au nombre d’environ 150, ont riposté à plusieurs reprises avec des gaz lacrymogènes pour se dégager.

Au cours de ces affrontements, un adolescent de 14 ans a été atteint par un gomme-cogne à la mâchoire et a dû être transféré par hélicoptère au centre hospitalier de Mamoudzou, la capitale de l’île. Ses jours ne sont pas en danger, selon une source hospitalière. Le 19 octobre, un manifestant de 39 ans était décédé à Mamoudzou après une échauffourée entre protestataires et policiers.

Les négociations ont repris

La rencontre entre le médiateur, Stanislas Martin, et les leaders syndicaux s’est bien ouverte mardi matin, après le départ de l’intersyndicale la veille lors de la première réunion avec l’émissaire tout juste arrivé de métropole. Les discussions se sont déroulées dans une volonté commune de trouver une solution pour sortir Mayotte de la crise sociale. Les syndicats ont réitéré leur exigence immédiate d’obtenir une baisse du prix de la viande avant de s’engager davantage dans d’éventuelles négociations.

Le médiateur a promis de leur fournir le plus rapidement possible un rapport d’étape après ses rencontres avec des importateurs de viande. « Nous allons demander aux entreprises concernées de nous apporter des données à ce sujet pour les examiner et en discuter mais il faudra du temps pour obtenir des résultats établis sur ces sujets qui ne sont pas faciles », a déclaré le médiateur aux syndicalistes. Les deux parties doivent se retrouver mercredi.

Leur presse (Le Parisien.fr), 25 octobre 2011.

 

Manifestations à Mayotte : « Le vrai problème, ce n’est pas le nombre des manifestants mais ce qu’ils comptent faire »

Le nombre de manifestants diminue, mais de nouveaux heurts ont éclaté dans le nord de l’île…

Entre les deux, Mayotte balance. Alors que le nombre de manifestants décroît depuis jeudi, l’île semble ce mardi en équilibre instable entre résignation et explosion. Place de la République à Mamoudzou, lieu traditionnel de rencontre des manifestants, on parle beaucoup pour décider de la suite à donner au mouvement.

Les barrages sont en place mais les rangs sont clairsemés. « Le vrai problème n’est pas le nombre des manifestants, mais ce qu’ils comptent faire », coupe Saïd Boinali, secrétaire général de la Cfdt, qui précise que les syndicats n’ont pas appelé à se réunir ce mardi.

Car les manifestants ont envie d’en découdre. Après la déception de la première réunion avec le médiateur la veille, ils veulent marcher sur le quartier de Kawéni pour forcer les commerces à fermer. « Le commissaire m’a prévenu que c’était une zone rouge, et qu’à la moindre casse, il me foutait en taule », explique Saïd Boinali. Et si l’homme refuse de « prendre des risques inutiles », il assure qu’il ne parle pas de son cas personnel mais de sa responsabilité en terme de bonne tenue des manifestations, alors que de nouveaux heurts ont éclaté dans le nord de l’île entre jeunes et forces de l’ordre au cours desquels un adolescent a été légèrement blessé par un tir de flashball, selon la chaîne Mayotte Première.

Car les responsables syndicaux le reconnaissent, « il y a un problème d’organisation du mouvement ». Fière d’être « la seule mzungu (blanche, ndlr) à participer à la grève », Gwen trouve au contraire que « le fonctionnement démocratique est intéressant ».

Les responsables syndicaux rendent compte aux manifestants sur la place publique, avant que ces derniers ne décident de la suite à donner aux événements. Et c’est bien là que réside le problème des syndicats, qui tentent de temporiser jusqu’à mercredi.

Les prix du gaz et de la viande en urgence

Mercredi, l’intersyndicale doit à nouveau rencontrer le médiateur après ses discussions avec la grande distribution. Et Saïd Boinali a bon espoir que Stanislas Martin ait changé de méthode et accepte de négocier les prix. « Quand Paris aura pris conscience qu’il faut traiter l’urgence, ça peut se régler en une semaine », estime-t-il. Et l’urgence, en l’occurrence, c’est le prix du gaz et de la viande.

Une avancée dans ces domaines laisserait un répit. Mais à terme, Saïd Boinali sait ce qu’il veut : « Au global, les prix ont augmenté de 52% à Mayotte depuis 2007. Nous voulons une baisse de 22%, pour limiter la hausse à 30% par rapport à 2007. » Lucide, le syndicaliste a toutefois bien conscience que Mayotte est bien loin de la métropole, où « malgré les millions de gens dans les rues contre les retraites, l’État n’a pas cédé ».

Leur presse (Julien Ménielle, 20 Minutes.fr), 25 octobre 2011.

 

Manifestations contre la vie chère : Un médiateur ne suffit pas à calmer Mayotte

Après presque un mois de conflit social sur l’île et département français, l’arrivée de Stanislas Martin, nommé par la ministre, n’a pas convaincu les manifestants…

« On a commencé à avancer. » En sortant de la réunion de l’Observatoire des prix, ce lundi à Mamoudzou, préfecture de Mayotte, Stanislas Martin veut y croire. Nommé deux jours plus tôt par la ministre de l’Outre-Mer Marie-Luce Penchard, le médiateur a pour mission de mettre fin à près d’un mois de conflit qui secoue violemment le département. Pourtant, quelques minutes plus tôt, l’intersyndicale et plusieurs associations ont quitté la table.

« Une qualité qu’on donne aux chiens en métropole »

La grogne, à l’instar de celle qui a agité la Guadeloupe et la Martinique début 2009, porte sur la « vie chère ». Le prix des produits dits de première nécessité, comme le gaz ou les denrées alimentaires. Un accord, signé lundi dernier par le seul syndicat FO, et promettant une promotion temporaire sur quelques produits comme les ailes de poulet, le riz ou l’huile, n’a fait que renforcer la détermination des non-signataires.

« On nous prend pour des cons », s’étrangle Ibrahim, casquette Cfdt sur la tête. En descendant du podium installé place de la République, où il vient d’annoncer à la foule que « le médiateur est venu recueillir des informations mais pas faire de propositions », il détaille les prix des produits visés par l’accord, ticket de caisse en main. Le compte n’y est pas. « Ils ont même augmenté le prix des pièces moins chères, crie une femme, une qualité qu’on donne aux chiens en métropole. »

Percussions improvisées

Pourtant « l’accord est respecté », assure le préfet Thomas Degos au sortir de la réunion de l’Observatoire des prix à laquelle il n’a pris part qu’au tout début, étant persona non grata pour avoir choisi la manière forte face aux manifestants. Et plus encore depuis la mort d’un d’entre eux, mercredi, même si pour l’heure l’autopsie n’a pas démontré la responsabilité policière, pointant les secours et d’éventuelles mauvaises manœuvres de réanimation. Le préfet appelle chacun à « prendre ses responsabilités », avant de s’engouffrer dans sa voiture.

Quelques dizaines de minutes plus tard, les manifestants qui ont vidés la place de la République sont devant la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, attendant la sortie du médiateur. Les chants des femmes, qui réclament son départ comme celui du préfet et du commissaire de police, sont rythmés du son de percussions improvisées sur un vieux frigo ou une poubelle. L’ambiance est pacifiste, les policiers semblent peu inquiets.

« Je n’ai toujours pas trouvé de gaz »

Quand Stanislas Martin sort du bâtiment, qui a tiré le rideau de fer, il est cependant pris à parti par quelques femmes. « On n’a pas besoin de vos cravates, on veut des solutions », crie un homme dans la foule. Juché sur les percussions de fortune des manifestants, le médiateur écoute la lettre ouverte de l’intersyndicale et des associations. L’homme n’est pas venu négocier les prix, il n’est pas le bienvenu. Mais les signataires acceptent de le rencontrer rapidement pour lui exposer leurs demandes.

Les manifestants ont donc reconduit leur mouvement. En attendant, depuis samedi, le préfet a fait rouvrir certains commerces. D’autres ont rouvert spontanément ce lundi, « avant de refermer en voyant passer les manifestants », raconte un commerçant installé sur l’île depuis 15 ans. « Et je n’ai toujours pas trouvé de gaz », se lamente Alexandre, enseignant à Mayotte. Mais pas de nouvelles violences, ni de magasin brûlé depuis la mort d’Ali El Anziz. Certains, pourtant, craignent que son enterrement, prévu dans la semaine, ne ravive les flammes de la colère.

Leur presse (Julien Ménielle, 20 Minutes.fr), 24 octobre 2011.

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