Récupérer de la nourriture au sein de son entreprise, motif de licenciement en vogue

 

Ces derniers mois, plusieurs cas de licenciements pour faute grave ont fait les gros titres, car les salariés menacés de licenciement avaient récupéré de la nourriture vouée à être jetée au sein de leur entreprise…

Des salariés menacés de licenciement pour avoir récupéré de la nourriture au sein de leur entreprise. L’histoire n’est pas nouvelle et a même tendance à se répéter depuis quelque mois. Dernière affaire en date : celle de deux salariés du cabinet d’avocats parisien Gide-Loyrette-Nouel, licenciés pour avoir ramassé les restes de buffets organisés au sein de leur entreprise.

Selon les lettres de licenciement, identiques, reçues par les deux employés, leur direction leur reproche « la disparition régulière de nourriture et de bouteilles à l’issue de repas servis dans le cadre de réunions clients ou de réunions internes ». Les deux salariés reconnaissent s’être servis, mais uniquement d’aliments entamés en passe d’être jetés, selon leur avocat, Maître Antoine Gillot. Ils ont reçu le 27 juin leur convocation pour un entretien préalable le 7 juillet, et ont été mis à pied à titre conservatoire. Ils vont saisir les prud’hommes.

Mis à pied pour avoir récupéré six melons et deux salades

Du côté de la grande distribution, qui n’apprécie pas que l’on « glane » dans ses poubelles, plusieurs affaires du même genre ont fait les gros titres ces derniers mois. Fin juin, un employé de Monoprix (Casino – Galeries Lafayette) à Marseille avait été mis à pied pour avoir récupéré six melons et deux salades dans les poubelles.

Un licenciement avait été envisagé, mais la direction avait finalement fait marche arrière, lui infligeant « une simple mise à pied d’une journée pour non-respect du règlement intérieur » et le laissant reprendre ses fonctions le 8 juillet.

Licenciée pour faute grave pour des légumes « défraîchis »

Le 15 juillet, c’était au tour d’une salariée d’un magasin ED à Nieppe, dans le Nord, de se voir notifier son licenciement pour faute grave. Fait reproché ? Avoir volé des salades, des poireaux et du persil « défraîchis » dans le supermarché où elle travaille. Les légumes en question ont été découverts dans sa voiture par un chef de secteur le 1er juin dernier.

L’employée affirme les avoir obtenu auprès d’un primeur indépendant, qui a fourni une attestation le confirmant, mais la direction d’Ed a confirmé le licenciement, affirmant que la salariée avait « reconnu lors du contrôle de sortie avoir en sa possession de la marchandise en provenance du magasin ». Elle a saisi Force ouvrière qui va poursuivre Ed devant les prud’hommes en son nom.

En Belgique aussi

À l’étranger aussi, le licenciement pour vol de nourriture devient commun. En Belgique, cinq employés du Lidl de Libramont ont ainsi été licenciés pour faute grave en novembre pour avoir emporté des produits destinés à être jetés en raison d’une panne de frigo, sur proposition d’une assistante-gestionnaire.

En octobre, c’était un salarié du Lidl de Montegnée qui avait été licencié, après avoir ressorti d’une poubelle deux oranges, trois poires et une mangue en « pertes » et les avoir posées sur la table du réfectoire du personnel.

Leur presse (20 minutes.fr), 28 juillet 2011.

 

Licenciés pour avoir pioché dans le buffet ?

Deux employés de Gide-Loyrette-Nouel se préparent à saisir les prud’hommes, affirmant avoir été licenciés pour avoir récupéré des restes de buffets organisés par ce grand cabinet français d’avocats, a indiqué leur avocat.

Les faits remontent à juin, selon les lettres de licenciement. Les salariés de 56 et 34 ans, respectivement embauchés en novembre 2007 et en avril 2008 à des postes réservés à des handicapés, étaient depuis 2009 gestionnaires du parc informatique du cabinet. Les deux courriers, identiques, leur imputent « la disparition régulière de nourriture et de bouteilles (dans une salle du cabinet parisien) à l’issue de repas servis dans le cadre de réunions clients ou de réunions internes ».

Les deux salariés reconnaissent s’être servis, mais uniquement d’aliments entamés en passe d’être jetés, a expliqué leur avocat, Me Antoine Gillot, en racontant notamment le cas où les deux hommes ont vu que des serveurs débarrassaient des tables dans une salle de réunion voisine de leur bureau. « Ils leur ont demandé ce qu’ils comptaient faire des restes de nourriture et le maître d’hôtel leur a répondu qu’ils pouvaient se servir car tout partait à la poubelle », a-t-il dit.

Ils ont reçu le 27 juin leur convocation pour un entretien préalable le 7 juillet et ont été mis à pied à titre conservatoire. « Après l’entretien, je redoutais qu’ils reçoivent un avertissement. Ce qu’ils ont reçu le 19 juillet, c’était une lettre de licenciement », a dit leur avocat. « Ils vont évidemment saisir les prud’hommes. »

De son côté, l’entreprise s’est défendue en parlant d’une « information erronée et caricaturale ». Une porte-parole de Gide-Loyrette-Nouel a assuré que le licenciement s’appuyait sur « des motifs réels et sérieux » qu’elle s’est toutefois « interdit de détailler pour des raisons d’éthique professionnelle ».

Leur presse (Le JDD.fr), 26 juillet 2011.

 

Libramont (Belgique) – Manifestation chez Lidl après 5 licenciements

Le personnel licencié a manifesté hier jeudi devant le magasin Lidl de Libramont. Syndicats et direction doivent se rencontrer ce vendredi.

Trois des cinq personnes licenciées ont manifesté leur mécontentement, hier aprèsmidi, devant le Lidl de Libramont.

Le magasin a été fermé pendant plus de deux heures, en guise de protestation. Une quatrième personne, actuellement en maladie et présente le jour des faits (et qui pourrait être concernée par le licenciement), est venue se joindre à l’action. De nombreux clients, ayant appris la nouvelle dans L’Avenir jeudi matin, sont venus soutenir le personnel licencié. Un personnel qui a reçu de nombreuses marques de sympathie.

Pendant ce temps, un conseil d’entreprise s’est tenu à Libramont, suivi d’une concertation avec délégation syndicale. Une demande de réintégration des cinq membres du personnel licenciés a été demandée, ce qu’a refusé subito presto la direction, qui ne semble ouverte au dialogue.

Une autre réunion entre les délégations syndicales et des représentants de la direction est prévue ce vendredi matin. Même si la réintégration des personnes semble compromise, les licenciés se défendent du motif de licenciement pour faute grave. M. Bergmann (Setca-FGTB) rejette également ce motif, « vu qu’une autorisation avait été donnée au personnel d’emporter des marchandises qui devaient être jetées ».

Rappelons que cinq membres du personnel du Lidl de Libramont ont été licenciés pour faute grave (lire notre édition de jeudi).

Qu’au moins trois d’entre elles, selon nos dernières informations, ont emporté une infime partie de produits alimentaires destinés à être jetés, et cela sur proposition d’une responsable présente.

En ce qui concerne les deux autres licenciements, d’autres faits pourraient être reprochés. Parmi les personnes licenciées figure une responsable gestionnaire qui aurait proposé de reprendre la marchandise destinée à la poubelle.

Leur presse (L’Avenir.net), 5 novembre 2010.

 

Lidl de Montegnée (Belgique) : le gérant licencié « pour avoir offert des fruits invendus à son personnel »

Selon la CNE, le gérant du magasin Lidl de Montegnée (province de Liège) a reçu son C4 pour avoir offert des fruits invendus à son personnel. Une mobilisation se crée.

Une vingtaine de membres du personnel du Lidl de Montegnée se sont rassemblés ce lundi matin devant le supermarché. Ils protestent contre le licenciement du gérant du magasin. Selon le syndicat chrétien CNE, ce dernier a été licencié pour faute grave vendredi après avoir mis à disposition de ses collaborateurs quelques fruits qui avaient presque atteint leur date limite de consommation et qui ne pouvaient donc plus être vendus.

« Il s’agit de trois oranges, deux poires et une mangue. Ce n’est pas un vol puisque ces fruits étaient destinés à la poubelle. La gravité de la sanction est sans commune mesure avec ce qui a été fait », dénonce Romuald Geury, permanent CNE. « On refuse de reconnaître ce licenciement pour faute grave qui n’est pas justifié », a-t-il ajouté.

Une rencontre était prévue dans la matinée, entre le syndicat et un représentant de la direction. Il semble cependant peu probable que la direction fasse marche arrière.

Leur presse (L’Avenir.net), 4 octobre 2010.

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