Suites du mouvement de résistance du Kommando Rhino à Freiburg, sur la frontière, à 85 km de Strasbourg et 20 km de Mulhouse
Pour rappel, le Kommando Rhino est le nom d’un terrain vague réapproprié par les groupes autonomes et anarchistes locaux et réaménagé, de sorte qu’il est devenu un lieu de vie autonome et alternatif où vivent 35 personnes au moins. De l’idée du WagenPlatz, c’est un lieu où des personnes vivent collectivement en camions ou roulottes, avec des structures autogérées communes fabriquées collectivement : une cuisine, un bar, une bibliothèque, une salle de son et projection-cinéma, un jardin-potager autogéré, une terrasse avec « postes de garde », etc. De nombreuses activités sont proposées à la population avec les camarades : débats, projections, concerts, jardinage, échanges culturels, activités artistiques, soirées de solidarité par rapport à d’autres initiatives, lieux d’organisation de manifs et actions, le tout mêlé au fait que ce soit un lieu de vie alternatif et collectif.
Or, ce terrain est un enjeu capitaliste et rentable pour la municipalité qui veut raser le Kommando Rhino sans solution de substitut pour y construire à la place un hôtel haut de gamme et un centre commercial. Depuis des mois, la résistance s’organise dans ce qui reste une guerre froide avec la municipalité, résistance qui se consolide et se radicalise : il y a tant des manifs-parades culturelles et de musique, que des manifs sauvages Bass Parade sous forme de Reclaim The Street avec du son anarcho-punk ou electro, des festivals de musique et d’activités culturelles, des actions commandos (nombreuses attaques quotidiennes à la peinture et à coups de pierre de l’hôtel de ville, de commissariats, de la mairie, de l’entreprise qui est à la base du projet de l’hôtel, etc.), activités alternatives familiales et tournées vers la population, projections anticapitalistes, etc.
La semaine dernière eut lieu la grande manif Reclaim The Street NACHT.TANZ.DEMO où se rassemblèrent plus de 600 personnes toute la nuit en cortège mobile de son et musique qui a bloqué toute la ville, avec une partie « Black Bloc » en cas d’attaque des flics ; des fumigènes ont été utilisés sur des toits de bâtiments où furent déployées de grandes banderoles de résistance, avec tirs de feux d’artifice. Le lendemain un lieu a été pris par 40 camarades dans la continuité de la nuit pour l’ouverture d’un squat politique, mais attaqué et évacué par une centaine de flics trois heures après.
Samedi 23 juillet, environ 400 personnes ont défilé sauvagement dans tout Freiburg sous forme d’un cortège Black Block, avec un camion sono pour faire des déclarations et communiqués, et défendre la position radicale et anticapitaliste envers la population. Le cadrage policier était conséquent avec plus de 200 CRS et « brigades noires » comme on dit, ces flics anti-émeute de la police spéciale. À cinq reprises, les flics ont brutalement bloqué le cortège et échangé coups de poing et de matraques à la banderole de tête qui a solidairement résisté, avec le réflexe collectif de tous se mettre en lignes coude à coude et marcher sur les 3-4 lignes de flics afin d’ouvrir le passage et continuer la manif. Ils ont cherché l’incident, mais on ne leur a pas donné cette occasion, n’ayant pas le rapport de force. En cas d’attaque d’envergure de la police, comme toujours, un point B de rassemblement était prévu pour repartir en manif sauvage offensive.
La présence de plusieurs dizaines de Français a été appréciée par les camarades allemands qui consolident les réseaux de résistance intersquat, notamment avec les camarades suisses.
RAPPEL DES SUITES DU MOUVEMENT DE RÉSISTANCE :
À PARTIR DU 28 JUILLET ET POUR TOUT LE WEEK-END, FESTIVAL DE SOLIDARITÉ ET DE RÉSISTANCE au Kommando Rhino (au quartier Vauban M1, à un quart d’heure à pied du KTS) avec de nombreux concerts. Si toutes les pistes ont été tenté pour éviter la confrontation directe et la guerre ouverte, la mairie a rejeté toute issue et solution possible.
L’attaque policière d’envergure pour évacuation et expulsion du Kommnado Rhino est prévue à partir du 28 juillet, mais aura très probablement lieu le lundi 1er août à l’aube vers 6 heures du matin.
D’ores et déjà, des plans d’autodéfense sont planifiés et élaborés pour une résistance directe à l’attaque policière.
Le secteur sera sécurisé par des barricades et une dure bataille de rue s’annonce.
KOMMANDO RHINO BLEIBT, SOLIDARITÉ avec tous les ESPACES LIBRES ET AUTOGÉRÉS !
guitoto – 24 juillet 2011.
question d’analyse de la pertinence politique au sein de la forme d’action elle-même, je suppose : c’est pas parce qu’il n’y a pas de jets de cocktails et de barricades qu’une manif est « molle »; elle était sauvage car non déclarée, déjà et tout bêtement, et que en fonction de cela ET de la multiplication des actions quotidiennes (attaques de comicos et de l’entreprise de l’hôtel notamment) la police était massivement présente et agressive, ce qui 1) ne nous a pas empêché de défiler dans toute la ville en bloquant longuement des axes-carrefours lors des déclarations et communiqués 2) de ne pas nous laisser intimider par les provocations policières malgré notre petit nombre (400) 3) au contraire de rester solidaires et de continuer à défiler au centre, avec une rage joyeuse et vigilante 4 -le plus important- ) de toute façon, l’objectif de cette manif n’était pas que ça fritte mais de faire une démonstration de force de nos capacités de mobilisation et d’organisation offensive (par le black bloc ici) en cas de répression policière et par rapport à l’expulsion du Rhino. Il serait peut-être temps de comprendre que le mode d’action cortège-bloc en noir n’est pas systématiquement et symptomatiquement conséquent d’une émeute de principe; bien au contraire notre force réside en notre capacité et discipline collective à user du black bloc comme mode de démonstration de force dans une stratégie commune, surtout dans le cas d’une lutte de ce genre de défense de lieu autogéré. Toutes les manifs autonomes et anarchistes en allemagne sont sous forme de BBloc, et généralement assez massifs et forts, mais ça ne fritte que 2 fois sur 5, car la question collective et stratégique de la pertinence de telle action prime sur l’envie de casser du keuf.
Mais je comprends ce genre de commentaire de la part d’un français qui peut-être découvre une manif EN allemagne, car il est vrai que la plus grande faiblesse des français (par rapport à nos camarades allemands ou italiens) est de ne pas parvenir à former des cortèges autonomes au sens d’une capacité à court et long terme d’une présence radicale offensive et « carrée » dans toute lutte. Les allemands (tant les flics que les soc-dem, la population citoyenne-badaude et les médias), entre autres, sont bcp plus « habitués » à voir systématiquement une présence radicale autonome, que ce soit sous forme de black bloc ou autre dans quelque lutte que ce soit, et ce depuis au moins une décennie. Donc forcément, la question de la pertinence politique se situe à un autre niveau; enfin, why guimyto ? cite une seule chose factuelle erronée dans l’article publié. Si pour toi il n’y a à retenir de la manif qu’elle était « molle », alors c’est toi qui est dans le fantasme du riotporn…
Sur la manif du 23 juillet, on pourra s’étonner du compte-rendu, car la manif a été très loin d’être « sauvage », elle était plutôt toute molle, lente et sur-encadrée par la flicaille. Et dire qu’à « cinq reprises, les flics ont brutalement bloqué le cortège et échangé coups de poing et de matraques à la banderole de tête qui a solidairement résisté, avec le réflexe collectif de tous se mettre en lignes coude à coude et marcher sur les 3-4 lignes de flics afin d’ouvrir le passage et continuer la manif », c’est du pur fantasme, il ne s’est rien passé de tel, les flics n’ont pas eu à nous violenter pour nous pacifier…