[Périgueux] Les squatteurs des Bains douches ont été expulsés

Les squatteurs des Bains douches ont été expulsés

C’est le juge des référés qui a ordonné cette expulsion suite à la demande de l’avocat du propriétaire de l’immeuble qui souhaite le vendre, la Caisse d’Épargne.

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Manche de pioche ou tringle à rideau, ce porte-drapeau a été l'objet d'âpres négociations entre les parties.

La rue Louis-Mie était complètement coupée. D’un côté comme de l’autre, un barrage de policiers empêchait quiconque d’y pénétrer, sauf ses habitants. Devant les anciens Bains douches municipaux de Périgueux, des déménageurs remplissaient un camion d’objets et de meubles divers et variés. Au même moment, au niveau de l’intersection de cette rue avec la rue Guynemer, une poignée de personnes tentaient de faire entendre raison aux policiers.

Hier après-midi [22 juillet], les occupants de l’immeuble des anciens Bains douches ont été expulsés, et leurs biens vidés. Un important dispositif policier était là pour couvrir cette opération et décourager toute velléité de résistance ou de rébellion.

Une ordonnance d’expulsion

Tout a commencé mardi [19 juillet], quand des policiers de la brigade anticriminalité ont fait une descente. Immédiatement, les occupants avaient apposé sur la façade une vaste banderole sur laquelle on pouvait lire : « Face aux expulsions : réquisition ». Le lendemain, le propriétaire de l’immeuble, la Caisse d’Épargne, mandatait un huissier pour constater cette occupation. Une fois celle-ci dûment constatée, un avocat de la banque a introduit une requête auprès du Tribunal de grande instance. Dès le lendemain, le juge des référés rendait une ordonnance d’expulsion. Cette dernière a été faite hier, toujours sous l’œil d’un huissier qui avait mandaté une société pour vider les lieux.

Au moment de cette opération, quatre personnes étaient dans le squat. Mais deux d’entre elles ont refusé de sortir. « Il y avait un manche de pioche qu’ils voulaient récupérer. Nous ne nous y opposons pas, mais nous leur restituerons quand l’excitation sera retombée », expliquait devant une barrière, le directeur départemental de la sécurité publique, Xavier Gay-Heuzey. En fait de manche de pioche, il s’agissait d’une tringle à rideaux sur laquelle était accroché un drapeau noir, le pavillon des anarchistes. « Quand nous avons pris conscience que ça prenait une tournure politique, nous nous sommes enchaînés à deux. Finalement, quand ils nous ont rendu notre drapeau, nous sommes sortis calmement », raconte l’un des occupants.

À vendre 342’000 euros

L’immeuble était occupé depuis le 7 juillet (lire Sud-Ouest de jeudi). Les squatters ne se revendiquaient d’aucun groupe ni tendance (lire en encadré). Samedi 16, un concert de hip-hop avait eu lieu dans l’un des sous-sols. Les occupants avaient dans l’idée d’organiser régulièrement des expositions d’artistes underground. Mais le projet a tourné court.

La précipitation avec laquelle la Caisse d’Épargne a réussi a faire vider les lieux peut s’expliquer par le fait qu’elle compte vendre ce bien immobilier de 600 m², plus un jardin de 150 m². Le prix de cette mise en vente est de 342’000 euros. L’ordonnance de référé précise : « Différentes visites ont déjà eu lieu. Une offre était sur le point d’être formulée avant cette prise de possession illicite. »

Avant de partir, l’un des occupants a prévenu les policiers : « À bientôt les gars. Et plus vite que vous ne pouvez le penser. »

Leur presse (Grégoire Morizet, Sud-Ouest), 23 juillet 2011.

 

Ils squattent les Bains

Un groupe de squatters occupe les anciens Bains douches de la ville.

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« À vendre. Très bel immeuble édifié sur 600 m², composé de plusieurs lots : au sol 350 m² (avec aménagement d’une maison sur jardin), plus un appartement de 75 m². Cet ensemble est vendu libre à la vente. Contact : Michel Bourdeilh. Prix : 342’400 euros. »

Ce « très bel immeuble » n’est autre que les anciens Bains douches municipaux de Périgueux, rue Louis-Mie. Depuis le 7 juillet, y vivent une poignée de squatters qui ne se revendiquent d’aucun groupe ou collectif.

Avec eau et électricité

Derrière la façade, de style art déco, la maison n’est plus occupée depuis de longues années. Son étage se résume en un ancien appartement de 75 m², tandis qu’elle a, en soubassement, deux étages en sous-sol. Collé à elle, un vaste bâtiment, de plain-pied, a été rénové alors qu’il accueillait l’Alliance européenne. Cette dernière en est partie il y a près d’un an. Enfin, au fond de cet ensemble, un jardin de 150 m² donne sur une petite cabane en bois.

L’un des nouveaux occupants souhaitant conserver l’anonymat raconte l’installation : « La porte qui donnait sur la rue n’était pas verrouillée, alors nous sommes entrés. » Après un rapide « tour du propriétaire », ils ont décidé d’y poser leurs valises. « Il y a même l’eau et l’électricité. » Ils ont alors commencé à faire quelques petits travaux à l’intérieur, et à « protéger les vitraux qui sont splendides ».

Avec pas mal d’huile de coude et de système D, ils ont aménagé en sous-sol une petite salle de concert ou de répétition. « Il nous a fallu quatre jours pour insonoriser la pièce. »

Créer un squat d’artistes

Derrière cette occupation, ils ont plusieurs idées en tête. L’un d’eux explique : « Notre projet est d’accueillir des gens qui sont dans la galère, mais aussi de créer différentes activités culturelles, artistiques ou autres. Par exemple, si quelqu’un veut monter une expo photo, nous pouvons l’aider ici. »

Le principe est basé sur l’entraide et la confiance réciproque : « Il faut que ces activités soient accessibles à tous, librement. » Le week-end dernier, ils ont organisé un concert de hip-hop avec un groupe local. « Ça s’est super bien passé. Pour les consommations, nous n’exigeons rien, seulement ce que les gens peuvent donner. Et si tu n’as rien, tu ne donnes rien. » Certains ont amené des vieilles fripes. Du coup, les occupants ont décidé de créer une friperie, « pour ceux qui galèrent ».

Et les projets ne s’arrêtent pas là. « Nous aimerions aussi pouvoir accueillir des gens de passage qui n’ont rien. Ils pourraient s’arrêter ici quelques jours ou une semaine. »

Mais il y a un revers à la médaille : les Bains douches ont bien un propriétaire : la Caisse d’Épargne. Pour l’instant, aucune plainte n’a été déposée au commissariat de police. Mais à la suite d’une descente de la brigade anticriminalité, mardi, une banderole a été tendue sur la façade des bains. On peut y lire : « Face aux expulsions : réquisition. »

Leur presse (Grégoire Morizet, Sud-Ouest), 21 juillet 2011.

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