[Athènes] La police travaille place Syntagma

Opération policière de grande envergure sur la place Syntagma

À 2h30 du matin (GMT +2), les unités de police anti-émeute accompagnées des motards de la DIAS ont mené une opération à grande échelle sur la place Syntagma, à l’improviste. Les flics ont concentré des forces immenses, ils ont encerclé le rassemblement et ont utilisé de la violence, des grenades à choc et des gaz lacrymogène pour pousser les gens vers le centre de la Place. Les gens n’étaient pas préparés à une telle escalade soudaine, mais des barricades de poubelles ont été érigées sur la rue Stadiou, et sur la rue Filellinon de la musique live sortait des enceintes et certaines personnes dansaient sur la place tandis que d’autres entraient en confrontation avec les flics. Après une heure, les flics se sont retirés, laissant au moins une personne blessée. Vers minuit la majorité parlementaire du PASOK a accordé un vote de confiance à leur gouvernement. Il est donc possible que cette opération policière ait été menée afin de s’assurer que les députés puissent cette fois-ci quitter le Parlement par la grande porte, car les gens sur Syntagma sont de plus en plus furieux.

Traduit de l’anglais (From the Greek Streets) – Le Réveil, 22 juin 2011.

 

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21 juin 2001

 

Athènes : Un rassemblement marqué par de nouveaux débordements

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants…

Comme le craignaient la plupart des  « indignés » grecs de la place Syntagma, à Athènes, la relative quiétude de leur rassemblement devant le parlement grec ce mardi soir a été rompue en fin de mobilisation par l’intervention musclée des forces de l’ordre.

Pourtant, l’ambiance avait été bon enfant jusque-là, la mouvement rassemblant, dès 19h00, plusieurs milliers de personnes aux abords de la place Syntagma. Vers minuit, une certaine tension se ressentait à l’approche du résultat du vote de confiance du gouvernement effectué par les députés. Et c’est aux cris de « voleurs, voleurs ! » que le très prévisible verdict est tombé vers 1h du matin : la confiance a été votée.

« Une première défaite pour le mouvement social »

« Je m’inquiète moins pour moi que pour les milliers de personnes qui travaillent dans le secteur public », a aussitôt réagi Demos, un ancien cuisinier. « Aujourd’hui, c’est aussi une première défaite pour le mouvement social, il y avait moins de monde que lors des dernières mobilisations », a reconnu Antoine, un jeune Belge étudiant en Grèce et assurant des services de traduction en français pour les indignés de Syntagma.

Massés dans un premier temps face au Parlement, les manifestants se sont alors déplacés près d’un accès lourdement gardé par des policiers équipés de casques et de boucliers. Une heure plus tard, vers 2h00, le face à face pacifique a fini par dégénérer avec l’envoi de projectiles sur les forces de l’ordre.

Des casseurs issus de la police ?

« Ce sont des personnes que l’on n’a jamais vues qui ont fait cela », a accusé Mary, une comédienne qui occupe Syntagma depuis fin mai, insinuant, comme beaucoup d’autres, que les policiers eux-mêmes soient à l’origine de cette provocation. Des manifestants affirment en effet avoir mis la main, lors d’un débordement précédent, sur un « casseur » muni d’une carte de la police.

« C’était prévu », a renchéri Marianna, une professeure de philosophie membre de l’équipe « politique » de Syntagma. Les affrontements ont alors débuté entre une poignée de manifestants et les forces de l’ordre qui ont rapidement chargé avec l’aide de gaz lacrymogènes. La dispersion a mené la plupart des protestataires, masque à oxygène ou gel de protection sur la figure, au cœur de la grande place athénienne qui a fini par être encerclée, des policiers arrivant de différentes rues adjacentes.

Fin des combats à 3h du matin

« Ils veulent effrayer les gens, les faire partir », a expliqué Marianna. Un porte-parole des occupants de Syntagma a alors lancé plusieurs appels : le souhait de non-violence pour ses congénères et celui de partir pour les forces de l’ordre. Cependant, des jeunes protestataires ont mis feu à des poubelles et placé des containers sur la voie publique, provoquant une nouvelle intervention de la police qui est repartie ensuite sous les applaudissements moqueurs des manifestants.

Autour de la place, les quelques rares cafés encore ouverts ont mis dehors toutes les personnes venues se réfugier à l’intérieur avant de baisser leur rideau. Celui des palaces bordant Syntagma l’étant depuis longtemps. Les pressions successives des forces de l’ordre en plusieurs points de la place ont ainsi provoqué des mouvements de foule pendant près d’une heure. Vers 3h00, la police a fini par regagner son positionnement initial devant l’entrée du parlement, snobée une fois de plus par une vingtaine d’indignés s’offrant une session de sirtaki devant elle. On ignore si des personnes ont été blessées dans les heurts.

Leur presse (Corentin Chauvel, 20 Minutes), 22 juin 2011.

 

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15 juin 2011

 

Les dernières heures de Pompéi (premières réflexions depuis la place de Syntagma, aujourd’hui)

Syntagma, Athènes, le 15 Juin 2011. Comment mettre des mots sur ce que nous avons vécu sur cette place, au cours d’une seule journée ?

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Une société en plein bouleversement, les plus insolites des suspects ont maintenant pris la rue. La place de Syntagma était censée être l’épicentre de la tentative d’aujourd’hui de bloquer le Parlement, selon l’appel de l’Assemblée Populaire de la place. Elle était également le point principal de la grève générale. À certains moments, c’était comme des mondes en collusion : la naïveté du pacifisme, la fétichisation de la violence anti-policière. Et autour de cette collusion, une myriade d’autres… À Syntagma, aujourd’hui, nous avons repoussé les néo-nazis de l’Aube Dorée, qui ont eu le culot de se présenter dans une grève générale. Nous avons vu l’affrontement des manifestants avec la police dans le coin au sud-est de la place (qui a duré déraisonnablement longtemps), suivi par une tentative — étonnante mais seulement momentanée — d’expulsion des milliers de manifestants de la place. Des gens qui furent piétinés sur des tentes, gazés comme des fourmis, des évanouissements partout.

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Au moment où la moto-police (force Delta) a essayé d’entrer en jeu, les gens avaient déjà appris les règles du jeu et ils les ont repoussés loin. Douze heures de tabassage quasiment sans cesse, de gaz lacrymogènes lancés, de chasse, de combat. Pour ces douze heures, Syntagma a comprimé et clairement montré les modèles hasardeux dans lesquels les actions des gens sont coincées par cet ordre social. Un ordre social qui s’écroule, une autorité en faillite qui n’est plus capable à gérer son peuple. Un régime qui est tombé il y a quelque temps, ne reposant que sur la fausseté d’une certaine unité nationale imaginée dans un effort pour construire un changement, et allonger ses jours.

Comment est-ce qu’on peut croire cela ? Les centaines de milliers de personnes qui étaient dans les rues d’Athènes aujourd’hui, le savent déjà : Syntagma fut une tempête, nous attendons maintenant le tonnerre.

Traduit de l’anglais (From the Greek Streets) – Contra Info, 16 juin 2011.

 

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