[Notre-Dame-des-Landes] Village autogéré sur la ZAD en juillet

À L’OCCASION DE LA TENUE EN FRANCE DU G8 ET DU G20, APPEL À CONVERGENCE DES LUTTES ANTICAPITALISTES LORS D’UN VILLAGE AUTOGÉRÉ, DU 11 JUILLET 2011 À LA FIN DU MOIS (AU MOINS !)

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POURQUOI CETTE MOBILISATION ?

La nocivité du capitalisme n’est plus à démontrer. Après des décennies d’analyses politiques   et de débats interminables nous savons combien ses effets sont violents, autant à l’égard des peuples que de leur environnement. Les « élites » économiques et politiques se sont arrangées pour instaurer et maintenir un système servant leurs intérêts. La machine est rodée. Elle se renforce et nous ressentons toujours plus la rage et le besoin de nous insurger contre ce monde qui ne nous correspond pas.

Notre lutte contre le capitalisme n’en est pas à ses débuts. Au-delà des actions locales et individuelles, ce combat a souvent pris la forme de nombreux rassemblements et campements internationaux contre le G8 et le G20. En parallèle de ces contre-sommets, partout en Europe la pratique des campements thématiques s’est développée : les camps No Border, les Camps Action Climat et aujourd’hui les campements de résistance.

Le constat tiré des contre-sommets nous a montré que la pression du temps et la répression nous gênaient dans la réalisation de nos objectifs. Depuis quelques temps, la volonté de sortir des schémas de luttes classiques émerge. Il nous faut utiliser des temporalités et des lieux différents que ceux décidés et utilisés par les gouvernements lors des contre-sommets. Nous souhaitons, surtout, sortir de la simple critique et nous concentrer sur la convergence internationale, l’échange et le partage de pratiques pour la solidification de nos réseaux.

C’est pour toutes ces raisons, et après un bilan critique des mobilisations passées, que les participant.es aux réunions de préparation des contre-sommets des G8 et G20 (Dijon, novembre 2010 et Paris, février et avril 2011), réuni.es dans un collectif informel, NoG2011, ont voulu changer les modes d’organisation et faire naître un projet qui soit quelque peu différent des contre-sommets ou des camps habituels.

Le premier temps de cette mobilisation, celui des actions décentralisées contre le G8, s’est déroulé les 26 et 27 mai 2011. Dans près d’une trentaine de villes et 6 pays différents, des actions ont exprimé notre refus de ce monde qu’ils prétendent nous imposer.

LE VILLAGE AUTOGÉRÉ, sur la ZAD, À PARTIR DU 11 JUILLET 2011

Y’a la construction d’un aéroport à empêcher peut-être ?
Ou pourquoi nous souhaitons lier la mobilisation internationale contre les G8/G20 en France à la lutte en cours sur la ZAD

La Zone À Defendre (ZAD)
Au nord de Nantes existe depuis 40 ans le projet de détruire 2000 ha de bocages pour construire un deuxième aéroport parfaitement inutile. L’objectif à terme est de bétonner toute la région, pour le plus grand profit des industriels ! Depuis le Camp Action Climat de 2009 un appel à occuper la zone a été lancé : de plus en plus nombreuses sont les personnes ayant répondu à cet appel et ont rejoint la lutte locale.

Le village doit pour nous être un moment de lien entre cette lutte locale et la lutte plus globale contre le capitalisme. À nous d’enrichir cette lutte, d’apprendre et d’échanger avec celleux qui la mènent. Au delà de l’expérience autogestionnaire, du vivre ensemble sans dieu ni maîtres, nous espérons contribuer à développer les infrastructures locales et inciter les personnes qui le souhaitent à y rester investies.

Par ailleurs ce village se veut aussi un « entre sommets ». Réaliser des actions décentralisées nous paraît important, pour autant pour en tirer des expériences nous avons besoin d’un temps collectif d’analyse de ce qui aura été entrepris. Le village permet ce temps de partage ainsi que la préparation collective de la mobilisation contre le G20 en novembre. En se dégageant de la nasse policière le village doit se donner de l’air ! En prenant du temps en plus on multiplie les possibilités d’ateliers, débats, échanges pratiques et théoriques. Par ailleurs en prenant le temps de se rencontrer, de construire des liens ensemble, on prépare aussi des mobilisations futures plus efficaces !

Enfin ce village sera un espace ouvert et festif, ou seront proposés concerts, espaces jeux et enfants et bien sûr cuisines collectives à prix libre et bars.

AGENDA :

1er au 8 juillet : semaine de préparation du village, récupération du matériel sur la ZAD

9 juillet : investissement du terrain pour le montage

11 juillet : ouverture officielle du village

Le centre de convergence du 1er au 11 juillet sera le squat l’Inter-Minables, à Nantes, au 117 route de Rennes. Venez nombreu.ses aider à finaliser le projet ! Le 9 juillet commencera le montage sur un terrain de la ZAD, pour ouvrir officiellement le 11 juillet. Projet collectif le village ne fonctionnera que collectivement, emparez-vous-en, amenez vos ateliers, préparez les débats qui vous tiennent à cœur, faites tourner l’info autour de vous !

POUR TOUT CONTACT

nog2011.noblogs.org

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2 réponses à [Notre-Dame-des-Landes] Village autogéré sur la ZAD en juillet

  1. solidarité dit :

    quelques remarques…

    A propos du « village long » de juillet sur la ZAD

    En octobre dernier, à la suite d’une réunion Camp Action Climat (CAC), l’idée d’un « campement permanent » cette été à Notre Dame des Landes a été soumise à l’Assemblée Générale Populaire. Cette assembée réunit divers collectifs d’opposantes à l’aéroport. En janvier, après avoir été retravaillée par écrit (voir le texte « Deauville je ne boirai pas de ton eau »), la proposition du groupe que nous appellerons NoG tient en résumé dans les points suivants : appeler à des actions décentralisées durant les G8-G20, plutôt que d’organiser un contre sommet et d’en subir les répressions appeler à un village long entre les G8-G20, permettant de discuter des stratégies des contre-sommets et de perspectives à long terme en réunissant différents collectifs tels que dissent, no-border, camp action climat, reclaim the fields, critical mass… monter pour cela un village international en soutien à une lutte locale

    La proposition était très ouverte et peu précise. De nombreuses et riches discussions ont eu lieu parmi les occupant-e-s sans que se dégage une position commune claire. Differentes façons d’aborder le sujet ont été tentées. Dans l’absolu, voulons-nous organiser un gros rassemblement ? En quoi ce camp pourrait nourrir la lutte ici ? En avons nous l’énergie en plus des projets déjà engagés ? Pensons nous qu’il s’agit d’une priorité sur ce que l’on mene déjà ? La proposition de Nog est elle compatible avec ce que nous imaginons, et enfin, comment la concrétiser quand et avec qui ? Comment ce camp peut-il être accueilli et perçu par les gens du coin ainsi que par les autres composantes du mouvement contre l’aéroport

    En AG Populaire, il a été impossible de discuter. Le Collectif de Lutte Contre l’Aéroport (CLCA) l’empêchait et affirmait organiser ce camp avec ou sans les autres. Rapidement quelques occupant-e-s se sont rendues à une première réunion à Paris pour exprimer des questionnements et avoir des précisions sur la proposition. Illes reviennent sans avancée significative et avec des réticences face aux partis et organisations présentes à la réunion.

    Une tentative de rencontre sur la ZAD entre les occupantes et NoG avorte. Des occupantes craignent d’aborder directement le « comment » de ce camp avant même de rencontrer le collectif de NoG.

    Quelques temps après, NoG apparaît à la coordination des associations et des partis contre l’aéroport qui refuse son engagement dans ce projet (à l’exception de deux organisations). En mars, les occupant-e-s apprennent, indirectement, qu’a Lyon, NoG a décidé que le camp ne se réalisera pas sur la ZAD. Puis, début avril, lors d’une semaine d’échange de savoirs sur la ZAD, les occupantes apprennent lors d’une projection que NoG est finalement revenu sur sa décision pour appeler à un « village long » de 3 semaines en juillet sur un terrain proposé par le CLCA lors d’une troisième réunion de NoG à Paris. Après la manif-action du 7 mai, lors d’une discussion entre des occupantes et des personnes du collectif NoG, l’idée est à nouveau abandonnée, puis elle réapparait finalement à l’initiative du CLCA et de quelques membres de NoG.

    Aucun processus satisfaisant d’élaboration commune de ce projet entre les occupantes et le collectif NoG n’a vu le jour. Aujourd’hui, il est clair que les enjeux de ces deux groupes se sont mal rencontrés. Des erreurs de part et d’autres ont contribué à ce climat de méfiance voire de guerre. Nous sommes quelques unes à vouloir éclaircir et faire le bilan autocritique de cette histoire.

    La réflexion de fond sur les contre-sommets lancée par le groupe NoG questionnant la pratique de ces rassemblements et leurs objectifs nous parait intéressante. Je crois pouvoir dire que à priori les positions n’étaient pas tranchées entre les occupantes sur la pertinence de réaliser ce camp ici mais que la discussion n’était pas simple.

    La proposition qui nous a été faite soulève beaucoup de questions car c’est un gros projet qui mérite qu’on lui accorde du temps. Or, malgré la sensation première d’en avoir devant nous pour réfléchir, le peu de contact avec le groupe NoG nous a fait perdre progressivement en confiance. Au fur et à mesure disparaissait l’impression d’avoir affaire à un groupe fort et structuré avec des personnes investies dans le projet, qui s’engagent avec nous pour l’élaborer. De notre côté, la volonté de réfléchir posément sur cette question avec des camarades opposant-e-s à l’aéroport n’a pas abouti. Les aigreurs et frustrations ont pris le dessus.

    Les attentes de NoG en ce qui concerne l’implication des occupant-e-s ont été difficiles à comprendre. Elles paraissaient peu claires voire contradictoires : entre le « élaborer ensemble » et le « on s’occupe de tout ». Nous avons compris que ce qui était en jeu pour NoG était de le faire en lien avec le mouvement des occupations. Mais nous ne parvenions pas ici à nous saisir d’un sens commun à ce projet. Ce qui nous était adressé nous semblait alors une demande d’autorisation. Nous avons rapidement refusé de nous positionner sur cette base.

    Nous avons eu des difficultés de part et d’autre à faire une « jonction » sur le point du « village long » sans se rencontrer plus sur l’ensemble complexe des perspectives propre de chaque groupe. Les rares moments de rencontres ont eu lieu lors d’évenements sur la ZAD et donc parmi plein de gens de passage. Les débats s’en trouvaient dilués ou orientés hors des questions que se posaient les occupant-e-s. Il en ressort une impression de séduction autour de l’ « unité des luttes », de grandes idées qui ont pris le pas sur l’expression du besoin de NoG d’un espace fort pour accueillir un projet expérimental et difficile à mener.

    Il n’y a pas lieu ici de comparer l’organisation de nos groupes, mais de questionner leur mise en relation. Sur la ZAD, il n’y a pas un collectif d’occupantes mais une cohabitation de formes hétéroclites de regroupement de personnes. Garder une continuité est une de nos grandes difficultés car nous formons un ensemble mouvant et accueillons en permanence de nouvelles occupantes ainsi que des gens de passage. Se coordonner et se donner des perspectives communes est un processus lent et difficile, jalonné de tentatives tantôt avortées tantôt abouties.

    Un choix stratégique présente toujours à priori un aspect enthousiasmant et une prise de risque. On porte souvent plus facilement des projets concrets plutôt qu’un travail d’ensemble sur des objectifs stratégiques. Les diverses expériences de lutte (partagées et récoltées) sont autant de grains à moudre pour discuter. Mais les discussions de fond nécessitent des confiances mutuelles, qui se construisent avec le temps. Le mouvement des occupations est un bon exemple de ces processus. Choisir d’appeler à vivre massivement sur la zone pour être de plus en plus nombreuses à lutter sur le terrain est une stratégie possible mais elle amène des difficultés à se structurer, à élaborer ensemble et à intensifier nos liens (en interne et localement). Ainsi jusqu’en chacune de nous, ces deux stratégies (rechercher l’ouverture et/ou la densité) peuvent s’affronter. Des réticences à appeler au village long sur la ZAD émergent de cette contradiction.

    Nous sommes parties en tournée d’informations cet hiver avec aussi pour objectif de se lier à d’autres luttes. Nous avons tiré de ces rencontres qu’il y a matière à renforcer un peu partout les luttes contre l’aménagement du territoire et que, bien que forte, la lutte contre l’aréoport ne doit pas devenir centrale.

    Nous sommes donc en recherche quant à l’équilibre actuel et à venir, entre une lutte à intensifier à un niveau local et dans ses liens avec d’autres luttes, d’autres réseaux et projets.

    Aussi dans une perspective de remise en question du système dans son entièreté, nous avançons doucement mais sûrement dans nos liens avec des habitantes des environs. Il est peu probable que le « village long » renforce ces liens bien qu’il s’agissent d’un enjeu important pour nous. Aussi nous travaillons à bousculer les catégorisations des militantes, « anarchistes » ou « citoyennistes », « radicaux » ou « résignés ».

    Nous envisageons cette lutte sur un long terme. Les occupations représentent une étape plus qu’une fin en soi. Habiter un espace avec des personnes différentes, partager la nécessité de s’organiser, des rencontres sensibles qui donnent des envies communes de s’autonomiser .

    Nous sommes quelques personnes à constater que certaines problématiques semblent communes aux occupantes de la ZAD et au mouvement de NoG, telles que l’ouverture sur d’autres luttes locales ou globales, l’organisation en groupe ouvert ou restreint, éphémère ou stable, l’alternance stratégique entre des actions centralisées et décentralisées et sûrement bien d’autres.

    A ce stade de la rencontre, plutôt que se lancer à la dernière minute dans l’élaboration du « village long », nous sommes plus attirées par des discussions sur ces questions avec celleux qui le veulent. Le « village long » se fait donc sans les occupantes à titre collectif.

  2. solidarité dit :

    Pour mémoire…
    Un retour un peu critique sur le VAAAG en 2003 :

    (…)
    Un bilan mitigé

    Le fonctionnement pratique du village a été relativement bon, mis à part quelques divergences avec des teuffeurs, quelques mecs bourrés. L’intendance — bouffe, aide médicale, nettoyage, bars, eau et électricité — s’est organisée dans le consensus et l’efficacité. Concerts, forum et tables de presse se sont bien tenus offrant animation et dimension politique. L’ambiance générale a été plutôt bonne, une fois résolus quelques frictions sur le caractère uniquement végétarien de la nourriture distribuée dans les cantines, sur la présence bruyante de quelques teuffeurs… Par ailleurs le village a drainé beaucoup de monde, suscité de nombreuses visites.

    Tout cela n’est pas négligeable, cependant un certain nombre de faits nous ont paru préoccupants.

    Concernant les AG et la «démocratie directe»

    Tout d’abord, Les AG nous paraissent avoir été mal organisées : absence de lieu adéquat pour les AG (celle du dimanche sur la répression s’est tenue au milieu du camp, dans le bruit et les va-et-vient), absence de sonorisation (dur de s’entendre quand on est 400), traductions déficientes (assurées sur le tas par des personnes de bonne volonté auprès de certains groupes d’étrangerEs… quand elles étaient assurées), pas d’ordre du jour, pas de votes sur les différentes propositions…

    Le samedi : Il n’y a pas eu d’AG pour préparer la manif du lendemain. Les organisations membres de la CLAAAC se sont contentées d’exposer, lors d’une réunion ouverte, le cadre (préalablement défini entre elles) de la manif du dimanche. Une fois ce cadre rappelé, les tâches ont été réparties entre militantEs et volontaires. Les habitantEs du VAAAG n’ont eu sur cette question aucun pouvoir réel de décision. Il semble que le CLAAAC n’a pas souhaité prendre le risque d’un éventuel télescopage entre ses décisions et celles qui auraient pu être prises par une AG des HabitantEs du VAAAG.

    De fait, les organisations, se sont installées dans un rôle d’avant-garde dans un village qui se voulait une expérience active d’autogestion tant pratique que politique. Or sur le plan politique, il y a eu un clair déficit démocratique.

    Le dimanche : L’AG anti-répression fut très chaotique, ne débouchant sur aucune prise de décision formelle. La peur de la répression (pourtant peu probable vu l’attitude mesurée de la police française lors des incidents du samedi, les déclarations apaisantes de Sarkozy et le fait qu’on se trouvait à moins de 48 heures d’un préavis de grève générale) fut attisée pêle-mêle par des gens du CLAAAC, des habitantEs inexpérimentéEs et des aussi des gens du VIG. Les propositions d’aller protester contre la répression en Suisse ou à la frontière furent évacuées lorsque des partisanEs de la descente à la mairie d’Annemasse finirent par se lever en gueulant «Tous à la mairie» provoquant ainsi la dissolution de l’AG. Spontanéité ou manipulation ? Soulignons au passage la docilité de l’AG…

    Le lundi : Face à la répression coté suisse, les habitantEs ont été confrontéEs à la confusion de l’information et à une legal team, dirigiste et assez parano, qui a pris toutes les décisions concernant l’organisation des convois. Ce type de décision devait-elle être monopolisée par la legal team ou passer par une AG ? Surtout que l’attitude autoritaire a souvent été lourde, sûrement accentuée par la fatigue de la legal team.

    En conclusion, si les AG de quartiers à caractère essentiellement pratique, logistique ont bien fonctionné, cependant, à aucun moment, n’ont été impulsées des AG structurées permettant aux habitantEs du VAAAG de définir collectivement et directement le contenu politique, stratégique et pratique des actions. Aucun effort particulier n’a été fait pour alimenter l’auto-organisation des habitantEs du village. Concrètement, les AG ont été vues comme secondaires, d’une importance marginale, là où elles auraient du revêtir un caractère central.

    Concernant les manifs et actions

    Par ailleurs, coté français, le cortège anarchiste du dimanche a revêtu un caractère très classique. Un défilé traditionnel, en rouge et noir. Les organisations du CLAAAC avaient décidé d’une manif «populaire et familiale ». Objectif atteint : elle fut banale. Pour ces organisations, il s’agissait de rompre avec l’image des «casseurs» et des «violents» et de s’offrir une vitrine médiatiquement et politiquement correcte. En l’occurrence, la manifestation du dimanche a été une éclatante démonstration que le mouvement anarchiste pouvait faire aussi peu et mal que les autres. A l’intérieur du défilé aucun aspect véritablement créatif et/ou festif. Juste de gentils GO anars sur des chars gueulant quelques slogans repris chaotiquement et qui incitent le cortège à s’éloigner précipitamment quand une station service est abîmée (alors qu’aucune intervention policière n’était possible à ce moment là, à cet endroit là), des responsables de SO qui crient des ordres à leurs maigres troupes, peu de créativité de la foule elle-même… si ce n’est quelques petits groupes autonomes redécorant les panneaux publicitaires et les vitrines…

    Nous avons été frappés par le légalisme affiché du CLAAAC (et donc des organisations qui le composait) et par celui qui a régné lors de la manif. Hypocritement, le CLAAAC a incité les gens qui voulaient des formes d’actions plus radicales à s’organiser pour aller les faire «ailleurs», c’est à dire loin d’eux et de leur projet de manif présentable. Evidemment, les orgas n’ont à aucun moment cherché à faciliter l’émergence d’initiatives différentes : pas d’espace de discussion et refus que la manif soit utilisée comme base arrière, ne serait ce qu’à partir d’un moment T. Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner du fait que rien n’est pu s’organiser coté français et qu’il ne se soit quasiment rien passé à Genève le dimanche.

    Quant aux blocages, il y en eu un seul côté français, le dimanche matin. De nombreuses personnes y ont participé (ce qui nous semble symptomatique du fait que beaucoup de gens n’étaient pas venus à Evian pour participer à une manif traditionnelle qu’ils peuvent «s’offrir» régulièrement dans leur ville d’origine). Là au moins, il y a eu «action directe». Notons au passage que beaucoup de gens du VIG ont co-organisé et participé à cette action. Notons aussi qu’aucune autre action ne fut prévue pour le lundi et le mardi, alors que continuait le G8… «L’action directe», tellement encensée (en paroles) par le mouvement, fut décidément peu mise en œuvre…

    Le légalisme nous a semblé, malheureusement, fortement intégré par une majorité des personnes présentes au VAAAG. Nous insistons sur ce point car il signifie que le mouvement anar qui prétend combattre le système insère, dans les faits, son action dans le moule idéologique du pouvoir. Il y a là d’un point de vue révolutionnaire un véritable problème et la nécessité d’un travail de rupture d’avec le légalisme. Nous étions des milliers, face à un État français momentanément empêtrer dans un conflit social d’ampleur… et nous n’avons même pas cherché à en profiter. Nous avons suivi les recommandations de la loi, de la gauche altermondialiste et des médias. Cela doit sérieusement nous interroger. Déjà, l’année passée, durant l’entre 2 tours, à aucun moment, le mouvement n’a cherché à radicaliser la situation de crise politique. On ne peut faire fi du contexte social et historique. La force des gouvernements successifs et du MEDEF, c’est d’avoir retiré aux opprimés, par le légalisme et le renoncement à l’action directe, leurs capacités de nuisance. Cela aboutit à la pacification des pratiques réelles de lutte. Nous en avons eu dernièrement un nouvel exemple avec la mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Si face au décervelage citoyenniste et médiatique, face à l’ordre sécuritaire et à la répression accrue du mouvement social, le mouvement révolutionnaire courbe l’échine, qui résistera ?

    A ce propos, si le mouvement anar a eu sa sucette sous forme d’un article sympathique du «Monde», c’est sûrement tout autant le nombre de manifestantEs qu’il a rassemblé que sa pacification qui a ainsi été récompensé. Il faut noter que l’attitude de la CLAAAC face aux médias a sensiblement évolué : refus par les habitantEs de leur présence dans le village au début, puis visites guidées de l’espace dit «politique» par des journalistes accompagnés de membres de la CLAAAC lorsque le «temps fort» de la manif du dimanche approchait. Il semble que l’hostilité majoritaire des habitantEs vis à vis des médias n’ait pas toujours convenu aux organisations de la CLAAAC. Passée le temps médiatique de la manif du dimanche, les organisations se sont en tant que telles évaporées. Même si des AG de grève devaient avoir lieu le lundi et même s’il fallait préparer la grève générale du mardi, une évaporation si rapide et importante (avec démontage de toutes les tables de presse) laisse forcément songeur…

    A propos de la passivité des manifestantEs

    Nous avons été également relativement surpris de la relative passivité de nombreux habitantEs du VAAAG face aux événements et à l’encadrement politique. Beaucoup trop de spectateurs, donc beaucoup trop de frustrations également. Il semble que ce soit le prix qu’il ait fallut payer au succès du camp. Peu d’expérience et des espaces d’auto-organisation insuffisamment ouverts. Il y avait effectivement plein de gens mais peu expérimentés sur le plan pratique, peu rodés aux AG massives, parfois peu politisés (ou sur des bases politiques plus proches du citoyennisme que de l’anarchisme), le plus souvent confrontés à leur premier G8. Régnait, dès lors, un effet d’attente et de consommation d’action très difficile à briser.

    Partout, surtout à partir du dimanche, rôdait la peur de la répression, irrationnelle, sans rapport réel avec les événements et la situation politique et sociale liée à un manque d’analyse et à une méconnaissance des phénomènes de foule. Manque d’expérience pratique aussi dans les moments un peu plus chauds du samedi. Naïveté aussi souvent, devant des troupes policières qui reculent face à des manifestants pacifiques pour se positionner plus loin, par exemple.

    Tout cela a débouché sur une certaine passivité face aux plus expérimentés… CLAAAC et legal team., d’autant plus confortés dans une position d’avant-garde et alimentant à l’occasion ce sentiment diffus et pesant de peur.

    Ce manque d’expérience s’est traduit par un manque criant de vision stratégique et ce d’autant plus que de son coté la CLAAAC en avait tracé les principaux contours.

    On ne peut donc que regretter la carence de liaison efficace avec la Suisse et la mise au point de stratégies sinon communes, au moins complémentaires, afin de perturber au mieux le G8 — si tel était l’objectif — pendant l’ensemble de sa durée et non pas seulement pendant la journée d’ouverture. Nous ne pouvons que déplorer également le manque de réactivité et de créativité face aux contre-mesures répressives prises par le pouvoir coté suisse. Le choix d’Evian, ville frontalière bordée par le lac Leman fut du point de vue du maintien de l’ordre très judicieux, dispersant de fait les forces contestatrices entre 2 États et 3 villes.

    Bien sûr, notre vision ne peut être que partielle et elle comporte sa part de subjectivité.

    Nous précisons une nouvelle fois que notre démarche critique vise à chercher les limites et les faiblesses de cette initiative anti-G8, d’autant plus qu’elles incitent à nous questionner également sur celles du mouvement anarchiste français.

    Nous sommes bien conscients du fait que des centaines de gens qui ne se connaissent pas, avec des niveaux d’expériences différents, des sensibilités diverses ne peuvent se mettre à fonctionner collectivement de manière efficace, comme par magie, du jour au lendemain (ni même en quelques jours).

    Nous sommes bien conscient que côté français, on a encore peu d’expérience dans les domaines de l’organisation de villages libertaires, de l’organisation d’actions offensives ou de désobéissance civile de masse, des AG massives. Coté suisse, ils semblaient avoir plus d’expérience (squats, manifs anti-Davos…).

    Nous sommes bien conscients que les organisateurs de la CLAAAC furent débordés par la masse de travail liée au succès du VAAAG et pour certainEs parfois proches de l’épuisement.

    Pourtant l’idée d’organiser un (ou des) villages(s) libertaires (et pourquoi pas aussi en dehors de l’agenda des grands sommets étatiques) est, en soi, une bonne chose… à condition que la qualité du fonctionnement, des débats et des pratiques soit aussi au rendez-vous et que ces initiatives servent réellement à élever le niveau moyen de politisation et d’expérience pratique de larges franges du mouvement.

    Nous n’avons pas besoin de vitrines médiatiques, nous avons tous besoin de «laboratoires» pour forger une radicalité adaptée à la situation présente et pour gagner en expérience pratique et tactique.

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