le mardi 14
À 17 heures le rendez-vous était donné, des colonnes descendent depuis différents points de la ville. Par zone les comités de quartier se regroupent peu à peu pour marcher ensemble vers le parlement. Je joins une de ces colonnes sur une avenue près du centre et le sentiment de force collective est impressionnant. On bloque la circulation et beaucoup vont avec des pancartes renforcées avec des matelas pour pouvoir supporter les charges et éviter les coups… Depuis les balcons, un grand nombre de voisin-e-s frappe dans des casseroles en signe de soutien au mouvement. Arrivée aux portes du parc où se trouve le parlement, celui-ci est fermé et blindé de policiers anti-émeutes. On se regroupe donc par zone pour occuper les différentes portes et empêcher ainsi l’accès le lendemain matin aux députés qui veulent voter les coupures budgétaires.
À ce moment-là il y a plusieurs milliers de personnes autour du parc. Une assemblée générale commence avec des intervenants des différents secteurs affectés par les coupures budgétaires : personnel de santé et éducation, migrants, femmes…
Près de 2000 personnes restent dormir sur place dans un joyeux chaos, entre musicien-ne-s indigné-e-s, sandwich partagé et camping sauvage. De fait, une grande partie des campeur-euse-s commencent spontanément à rassembler du matériel devant les portes pour les barricader tant bien que mal, il y aura même un groupe de soudeurs qui viendra essayer de les sceller complètement… L’initiative provoque une fois de plus des débats, certain-e-s n’étant pas très à l’aise avec la stratégie. Et comme on essaye de construire ensemble la résistance en respectant les différents sensibilités, c’est délicat. Finalement personne ne se voit de démonter ce qui a déjà été fait et on va dormir une paire d’heures.
le mercredi 15
Depuis 5 heures du matin, le flux de gens arrivant sur les lieux est constant. La sensation de forteresse assiégée est impactante, tout comme celle des centaines de policiers obligés à la nuit blanche pour protéger les élus de la population… Rapidement, on apprend que la police charge à une des portes de l’autre côté et beaucoup se dirigent vers là-bas. La police occupe déjà la porte et commence à être encerclée peu à peu. Au bout d’un moment, un grand nombre de fourgons descend à toute allure et charge sur la foule qui s’était protégée derrière des barricades. Une nouvelle fois, les indigné-e-s résistent et ne se dispersent pas malgré les tirs de flashball et les coups de matraques.
Les flics maintiennent un cordon et peu à peu commencent à passer des voitures de police et des voitures officielles. Un groupe de « secretas » (flics en civil) se fait repérer et expulser du rassemblement. Soudain un mouvement de foule, un député, ancien responsable de la police catalane qui essayait de passer au milieu des gens se fait huer et pousser jusqu’à ce qu’il doive fuir devant la colère des indigné-e-s. Ce ne sera pas le seul de la matinée. Beaucoup passent malgré tout derrière le cordon et se font siffler, ça chante « Personne ne nous représente », « Barcelone ville propre – politiciens à la merde », « El pueblo unido jamas sera vencido »…
Mais de l’autre côté du cordon, plus en amont des centaines de gens commencent à renverser les poubelles sur la route et les rues aux alentours sont alors coupées par des dizaines de barricades. La police est manifestement dépassée par l’ampleur et la diversité du blocage. On apprend par la radio que le gouvernement a été obligé à réaliser un pont aérien entre un commissariat et le parlement pour pouvoir y accéder. La session parlementaire commence donc avec de grand nombre de fauteuils vides, et les présent-e-s ne sont pas très fier-e-s…
Les médias, relayant les propos des politiciens condamnent les violences et le chef du gouvernement insiste que les actions des indigné-e-s justifient l’usage de la force de la part de la police. Pendant ce temps-là, ça se rassemble devant la porte du parlement avec la consigne de ne pas les laisser sortir comme l’ont fait les Grec-que-s la semaine dernière…
Affaire à suivre…
Liste de diffusion du réseau Sans titre, 15 juin 2011.
Enfin un communiqué honnête sur ce qui se passe en Espagne ! « Totos », vous constaterez que les « bisounours » savent résister, voire être offensifs, et ont la niaque. Faites-en autant. Naturellement, pour vous, ce genre d’article, c’est de la propagande. Par contre, ce que vous écrivez est toujours exact, bien sûr !