Sur la lutte en cours à Marseille…

 

Ce texte, mis en ligne avec beaucoup de retard, situe et explique un peu mieux le début de la lutte collective qui se passe depuis un petit mois à Marseille, et notamment à la Chrysalide, contre la traque aux sans-papiers et pour la liberté de circulation et la régularisation globale des migrants. Cette lutte mêle les camarades des deux côtés de la Méditerranée dans un joyeux bordel ! Depuis la manif et la rafle qui sont décrits ci-dessous, les événements se sont un peu précipités : rafles, arrestations, expulsions, manifs sauvages, organisation de la lutte, etc. En tout cas, pour suivre et participer au micmac, deux réunions publiques ont lieu chaque semaine à la Chrysalide à 18h le mardi et le vendredi… venez nombreux, il faut du soutien.

Le samedi 30 avril à 14h, une manifestation est partie de la place Cadenat à la Belle de Mai pour rejoindre le Centre de Rétention de Marseille. Nous avons traversé le bd National, la rue Félix Pyat jusqu’au Canet. Tout au long du parcours, mis à part quelques aigris, les gens étaient plutôt solidaires. Cette manif était prévue pour exprimer notre solidarité envers les inculpés de l’incendie de la prison pour sans-papiers du Canet le 9 mars. Aujourd’hui trois d’entre eux sont en prison au Baumettes. Le Centre de Rétention a été fermé pendant un mois et demi suite à cet acte de révolte.

À notre arrivée à proximité du CRA, trois flics en civil (BAC) ont tenté d’arrêter un manifestant. Pour une fois nous avons pu empêcher collectivement cette arrestation. Quelques CRS en tenue anti-emeute protégeaient l’entrée de la prison. Nous avons rejoint la rue surplombant le centre, et de là, nous avons pu échanger des cris et des signes avec plusieurs prisonniers parqués dans une petite cour.

Depuis sa réouverture, le CRA ne désemplit pas, bien au contraire. Suite aux révoltes en Tunisie, une brèche est ouverte dans une frontière de l’Europe. Des centaines de migrants arrivent en France via l’Italie, un grand nombre se retrouve à Marseille.

La Porte d’Aix devient un point de fixation. Des associations, en particulier Dignité Tunisienne, proche du RCD (ancien parti de Ben Ali) tentent de « canaliser »,  « trier », « recenser » les migrants. En Tunisie, comme ici : « Ben Ali dégage ». Leur but est d’organiser ce qu’ils appellent des « retours volontaires » et aussi garder leur statut de notable et d’interlocuteur auprès de l’État français. Les migrants, parqués Porte d’Aix, lieu connu pour les rafles régulières qui s’y déroulent, sont une proie facile pour les flics.

Le 27 avril au soir, une dizaine de camions de keufs sont là pour les contrôler. Ils sont ensuite alignés sur le côté de l’Arc de triomphe avant d’être embarqués et dispatchés vers différentes destinations (commissariat, foyer du SAMU social, Centre de Rétention).

Certains, déjà sur place, préviennent de la rafle en cours, grâce au numéro d’urgence de la liste téléphonique  d’alerte. Cette liste sert à s’organiser et réagir face aux opérations de police (rafles, expulsions…). Une quarantaine de personnes arrive et tente de bloquer les camions qui embarquent ceux qui sont arrêtés. D’autres profitent de la confusion pour échapper à la police. Les blocages et les cris de révolte continuent pendant environ une heure, le but étant de saboter et rendre visible l’opération en cours.

La réaction des passants et des automobilistes est mitigée, même si certains rentrent dans la mêlée. C’est alors que les CRS interviennent violemment aidés par la brigade canine. Les coups de pieds volent, les flics lâchent du lest à leurs chiens pour nous intimider et débloquer la rue. Contraints à reculer par les forces de l’ordre, les fourgons parviennent à se frayer un chemin. Sous nos cris de rage, les derniers flics récupèrent leurs chiens et rentrent à la niche.

La chasse est ouverte. Depuis  à la Porte d’Aix, à la gare St-Charles… la présence policière est constante. Les interpellations se succèdent.

Le jeudi 28 avril, une quinzaine de personnes se font serrer à la descente du train en provenance de Nice. Tous les jours les migrants se font harceler et arrêter, un nombre de plus en plus important est expulsé directement vers l’Italie sans passer devant le juge. Hier encore, 7 se font choper porte d’Aix, 2 réussissent à s’échapper en courant. Ces chiffres sont loin d’être exhaustifs.

La police et l’armée quadrillent le territoire. En ce moment  de façon intensifié, mais déjà en temps normal, le contrôle est  permanent.  Ce qui se met en place, comme d’habitude sous prétexte de « situation d’urgence », ce sont des mesures d’exception qui vont devenir la règle.

Pour participer à la lutte, des réunions publiques ont lieu tous les Mardis et Vendredis à 18h au local de La Chrysalide, 14 rue Benedit (entre la Friche et le Parc Longchamp).

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes ! 22 mai 2011.

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