Ce qui était annoncé est arrivé : les fafs réunis ce week-end pour un rassemblement « pour la liberté » d’exprimer publiquement leur xénophobie et psychoses racistes collectives, en ont profité pour se livrer dans Lyon à leur jeu préfêré depuis des mois. Attaques racistes, attaques politiques, de nombreuses personnes sont ce matin hospitalisées, alors que la pref et les médias s’obstinent à parler d’une prétendue guéguerre. Le point sur les infos qui nous parviennent au compte-goutte et les questions qu’elles soulèvent et le compte-rendu de la journée de samedi.
Mise à jour dimanche 15/05 13h30 : Samedi soir, après leur pogrom dans le vieux Lyon les nervis participant au rassemblement identitaire se sont livrés dans les pentes de la Croix-Rousse à de multiple ratonnades, attaquant les lieux alternatifs, bars du quartier, et surtout de nombreuses personnes, souvent au hasard. Selon nos sources près d’une dizaine de personnes ont été hospitalisées suite à ces violences, certaines dans un état grave.
Par ailleurs des camarades interpellés après la manifestation sont toujours en garde à vue. Un Rassemblement de soutien a lieu aujourd’hui à partir de 13h devant le commissariat de 2e arr. 47 rue de la Charité. Un point info aura également lieu en début d’après midi au Salon du Livre libertaire.
— Dans la nuit, une ratonnade politique a été organisée par les nazis sur les pentes de la Croix-Rousse, attaquant les lieux alternatifs, bars du quartiers, et surtout de nombreuses personnes, souvent au hasard. Vers une heure du matin notamment, le bar le Phoebus, situé juste à côté du Centre Social Autogéré de la Croix-Rousse, a été attaqué. Bilan : 3 personnes tabassées dont une personne a été hospitalisée, des dégâts matériels (vitres cassées) sont à déplorer également. Une attaque purement motivée par la présence de personnes n’ayant pas la bonne « couleur de peau » devant le bar. Témoignage :
Hier soir, alors que nous allions au Phoebus, un groupe de 20 minimum de néo-nazis ont attaqué le bar. Je ne savais pas qu’il y avait une manifestation nazie donc je n’ai compris ce qui se passait que lorsqu’ils ont commencé à scander des « bamboulas » à l’adresse du videur, « zieg heil » etc… ils ont balancé des bouteilles sur la devanture, sont même rentrés un peu à l’intérieur malgré les grilles, puis se sont dispersés. Nous étions deux et étant basané, je me suis éloigné dès que j’ai compris (ils étaient vraiment ultra violents) et on a appelé la police, qui pour le coup sont arrivés au moment où on appelait en grand nombre.
Plus tard, descente sur la place Colbert. Selon nos sources près d’une dizaine de personnes sont encore hospitalisées suite à ces violences, certaines dans un état grave, dont une personne (extérieure aux mouvements libertaires ou antifascistes a priori) en réanimation ! [Dimanche matin cette personne était stabilisée et passait encore de nombreux examens.]
— Pas d’élements encore sur les alentours du local néo-nazi où se déroulait hier soir un concert. D’après nos informations, l’omerta règne depuis plusieurs mois parmi les habitant-e-s qui ont peur de représailles.
— À 17h, un simple détour par le pont des Terreaux d’une petite centaine de militantEs antifas, pour rappeler qu’aucun quartier ne doit rester interdit à personne dans Lyon, s’est fait attaquer conjointement par la police et les fafs. Rappelons que la préfecture avait publiquement déconseillé aux Lyonnais-e-s de fréquenter le quartier St Jean pendant tout l’après-midi. Dans quelle mesure est-ce tolérable ? Combien de fois faudra-t-il faire attention où les gens mettent les pieds, en fonction de leurs origines ou de leurs opinions politiques ? Des militantEs antifascistes ont alors été arrêtés, et sont toujours en garde à vue. Un rassemblement de soutien a lieu aujourd’hui à partir de 13h devant le commissariat de 2e arr. 47 rue de la Charité. Un point info aura également lieu en début d’après midi au Salon du Livre libertaire.
— Hier après-midi vers 16h30, après la dispersion du rassemblement islamophobe, les identitaires sont passé à l’acte : 3 commerces de St Jean tenus par des personnes d’origine immigrée ont été attaqués, dont un kebab vandalisé rue de la Quarantaine, qui n’a pas compris ce qui lui arrivait, il ne savait pas qu’il était dans leur ligne de mire.
Des personnes (jeunes d’origine turque et maghrébine) auraient également été lynchées en plein samedi après-midi. Des cris, des insultes, et également des dégradations. Les cibles sont choisies. Des commerçants étrangers qui tiennent des kebabs. L’un d’eux a vu sa vitrine voler en éclats. « On a eu peur, raconte-t-il, je ne comprenais pas ce qu’ils me voulaient, je ne savais pas que j’étais dans leur ligne de mire. Puis il s’inquiète, « je vais être remboursé pour ma vitrine ? » Plusieurs commerçants de la rue raconteront des scènes identiques.
— Une personne a été blessée dans le 6e arrondissement (article Lyon Cap’).
— Le Grnnd Zéro Gerland où se déroule un salon de la micro-édition a été menacé.
Questions aux médias « professionnels » et à la préfecture à la vue de ces événements
— Article de Lyon Cap de samedi 23h : Lyon Cap’ réussit encore à titrer sur « Extrême-droite/gauche : des débordements malgré des mobilisations très cadrées », renvoyant une fois de plus néo-nazis et antifascistes dos à dos, ce qui commence à vraiment tenir de l’exploit. Certes c’est la stratégie de la préfecture, dont on peut comprendre la motivation consistant à affaiblir des collectifs libertaires puissants à Lyon et bien implantés. Pour Lyon Cap’ on commence à s’interroger si certaines sympathies d’extrême-droite du directeur de publication ou de membres de sa rédaction (voir cette histoire étrange autour de l’agression de Villeurbanne) ne commenceraient pas à se ressentir très clairement éditorialement. Ce qui expliquerait la présence d’une vidéo des identitaires sur le blog de Didier Maïsto.
— Dans le Progrès ce matin, on peut lire les propos hallucinants du préfet : « On a assuré la paix publique avec des gens déterminés dans les deux camps à mener des actions violentes ». Quelle est la stratégie de la préfecture de parler d’une guéguerre quand les agressions, organisées, répétées, ne sont le fait que d’un seul « camp » ? Comment ne pas comprendre qu’une partie des militantEs politiques d’extrême-gauche ne soient pas en colère, à la vue encore des camarades agressés encore cette nuit gratuitement ? Que va dire la préfecture concernant les agressions de personnes immigrées ? Qu’il s’agit aussi d’une guéguerre ? Ça suffit ! Face à la montée de ces violences, nous ne pouvons, nous habitantEs proches de ces locaux de haine, personnes immigrées, homosexuelLEs, militantEs politiques pour l’égalité, que compter sur nous-mêmes et développer nos capacités d’auto-défense, tant sur le plan physique que politique (et ce dernier point reste à développer largement).
— Une grande majorité de la presse se contente aujourd’hui de reprendre la pseudo revendication d’une traçabilité de la viande hallal. Les faits démontrent eux le second degré de ce discours, qui ne trompe que les journaleux.
Rebellyon, 15 mai 2011.