Deux Égyptes, Assawra !

Morsi a réussi en 6 mois à diviser l’Égypte en deux.

Ce soir le peuple d’Égypte était  Tahrir et à Ethadéya, en masse

et, le peuple des Ikhwans, devant la mosquée de Rabaa dans la banlieue Est ; quelques kms les séparent, mais un énorme fossé idéologique, politique et social s’est creusé entre les deux.

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Dans les deux premiers lieux, la foule est gaie, diversifiée, mélangée, hommes, femmes jeunes et adultes, et même des enfants de toutes les catégories sociales, des cheiks turbonnés de l’Azhar, des soufis et des ouvriers, et tout ce monde festoie, scande des slogans plein d’humour au rythme des tambours ;

Dans le second, que des hommes, barbus, à visages fermés et haineux, qui menacent de marcher sur les lieux où se trouvent leurs adversaires pour les corriger, parce qu’ils ont osé contester et contredire leurs patriarches. Ceci est déjà arrivé mercredi dernier, il s’est reproduit à plus petite échelle hier matin à l’aube à Tahrir. Mais cette fois-ci, les occupants de la place étaient bien préparés et ont su répondre à la violence par la violence. Les guerres civiles commencent toujours par la multiplication des affrontements de ce genre. Les révoltés pacifistes n’existent plus.

Face à cette situation alarmante, l’armée a appelé les partis politiques à un dialogue national demain, cet appel est perçu par beaucoup comme un avertissement adressé à Morsi et ses Frères. Ce retour de l’armée qui affiche une certaine neutralité parviendra-t-il à désamorcer la crise politique actuelle ? rien n’est moins sûr.

Rien de neuf en ce qui concerne le référendum, 90% des juges ont déclaré le boycott, ce qui a amené l’État à étaler le vote sur deux semaines, mais les forces politiques, dont l’union a réussi à rassembler tous les adversaires des ikhwans, sont déterminées à l’annuler.

Côté économique, la délégation du FMI en visite au Caire à l’heure actuelle a adressé un ultimatum au gouvernement, s’il n’exécute pas les conditions imposés, c.a.d la hausse des prix d’un certain nombre de produits immédiatement, il annulera l’emprunt. L’annonce, puis le retrait 5 heures plus tard de la hausse des prix, des taxes et des impôts sur les revenus, révèlent la crainte du gouvernement de la réaction de la population, en particulier les plus pauvres, qui seront les plus touchés. Dans ce contexte explosif, l’enjeu pour les Ikhwans est de taille. La fuite en avant, pour sortir de cette impasse, en fomentant des troubles confessionnels est à prévoir, notamment après que Beltagui, a prétendu au cours de son discours devant la foule rassemblée hier soir aux alentours de la mosquée de Rabaa, que la majorité des manifestants de Tahrir et de Ethadéya sont des chrétiens.

Je reviens de Itihidya, j’avais suivi un des cinq cortèges qui devaient converger successivement sur la place du palais. Notre marche a commencé à 16h, sur notre parcours nous avons été rejoints par les étudiants de l’université de Ain Chams, puis par d’autres, au bout d’une heure et demie, notre cortège avait doublé, à 9h du soir, la place avait fait son plein. Cela fait trois semaines que nous descendons en masse dans les places et les rues de l’ensemble des gouvernorats de l’Égypte, et tous les jours le nombre des contestataires augmente, notre lutte finira par payer…

La révolution continue
NO PASARAN

Galila El Kadi – Mailing, 12 décembre 2012

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