Révolte contre la « vie chère » à Mayotte

Mayotte : nouvelles violences contre la vie chère

Recrudescende de violence à Mayotte. Le 101e département français est en proie depuis un mois à un mouvement social contre la vie chère avec barrages paralysant l’île et affrontements sporadiques. L’île peine vraiment à sortir de cette situation  très confuse qui préoccupe le gouvernement, les négociations sur une baisse de produits de première nécessité tardant à aboutir.

Les affrontements se poursuivent à coups de barres de fer et de cocktails Molotov. Selon un témoignage recueilli par France Info, un hôtel a été caillassé par un groupe de jeunes; les touristes qui y résidaient ont dû s’enfuir par bateau alors que les gendarmes qui se trouvaient sur place tentaient de maîtriser les manifestants.

Nombreux sont ceux qui quittent l’île comme des profs, des médecins. L’économie mahoraise tourne au ralenti, même si les commerces recommencent à ouvrir avec prudence, sous la menace des tentatives de pillage. Le secteur du bâtiment est à l’arrêt, faute de déplacement possible vers les chantiers. Ces heurts violents semblent dépasser largement le mouvement social contre la vie chère.

Lors du conseil des ministres thématique sur l’outre-mer, le chef de l’État a souhaité une « issue dans le dialogue » pour le dernier venu des DOM, territoire pauvre et à l’économie fragile situé dans l’archipel des Comores. Elle a chargé Denis Robin, ancien préfet de Mayotte, et son ancien directeur de cabinet, d’une mission pour tenter de résoudre la crise sociale contre la vie chère qui perturbe le département depuis un mois. M. Robin arrivera le 2 novembre pour entamer « toutes les consultations » qu’il jugera « utiles », une mission décidée avec l’accord du Premier ministre François Fillon.

Le mouvements se radicalise avec une centaine de jeunes

« La situation est différente d’il y a une dizaine de jours où nous avions des manifestations de la population mais aujourd’hui les Mahorais aspirent à retrouver une vie normale et visiblement, le mouvement se radicalise, peut-être avec une centaine de jeunes. Nous sommes plutôt dans un schéma de violences urbaines », a estimé Mme Penchard. De fait, les habitants de Grande-Terre voulant rejoindre Mamoudzou, chef lieu et centre névralgique de la vie économique, ont été nombreux à devoir rebrousser chemin face à des barrages érigés et tenus surtout par des adolescents. Après les attaques contre les véhicules des forces de l’ordre et des pompiers, des témoins ont fait état du caillassage des voitures des particuliers et des dérapages verbaux à l’encontre des blancs, appelés « m’zungu » dans l’île.

Conséquence paradoxale, peu de manifestants étaient présents mercredi place de la République, lieu de rassemblement habituel. Les responsables de la CGT Mayotte et de la Cisma-CFDT, Salim Naouda et Boinali Saïd, ont assuré que les syndicats « n’étaient pour rien » dans l’érection de ces barrages qui commencent à exaspérer la population. Le médiateur Stanislas Martin, spécialiste des prix et de la concurrence venu de Bercy, a continué mercredi ses consultations avec l’ensemble des parties, il doit revenir à Paris à la fin de la semaine et remettre son rapport « dans une dizaine de jours ».

Une baisse des prix sur les produits de première nécessité

Les revendications des Mahorais, et tout particulièrement des « bouénis », ces mères de familles piliers de la société mahoraises, portent sur une baisse des prix de produits de première nécessité comme les sacs de riz et les emblématiques ailes de poulets ou « mabawas », plat favori des Mahorais, ou encore la bouteille de gaz qui permet de les cuisiner. La crise risque de toucher durement ce territoire qui connaît déjà un taux de chômage de près de 18% et de plus de 30% chez les jeunes de moins de 25 ans.

Selon la Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi de Mayotte (Dieccte), citée par le site d’information Malongo, « 57 entreprises ont mis 2.260 salariés en chômage partiel ». Les élus de tous bords planchent sur des initiatives en faveur des entreprises. « Après avoir réglé les urgences, nous allons procéder d’ici le mois d’octobre à un paiement de 15 millions d’euros de factures pour honorer des dettes datant de 2008, 2009 et 2010. Cela permettra d’améliorer de manière significative les trésoreries de toutes ces entreprises », a annoncé à la presse Daniel Zaïdani, le président DVG du Conseil général.

Leur presse (Le Parisien.fr), 28 octobre 2011.

 

Manifestations à Mayotte : « On peut dire que les Mahorais ont été arnaqués »

Les organisateurs du mouvement appellent au calme et condamnent les violences mais veulent que les manifestations se poursuivent…

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« L’intersyndicale condamne avec force les agressions, les pillages, et toute destruction de biens publics ou privés. » Au 32e jour du mouvement contre la vie chère, alors que le médiateur a quitté Mayotte, syndicats et associations ont joué l’apaisement ce vendredi. Sans pour autant baisser la garde, au moins jusqu’à le remise du rapport de Stanislas Martin et l’arrivée dans l’île de celui que tout le monde appelle déjà « le négociateur ».

« Nous appelons à la poursuite de la grève dans le calme et invitons la population à venir massivement le mercredi 2 novembre place de la République pour montrer notre mobilisation au négociateur », ont appelé les organisateurs du mouvement au cours d’une conférence de presse. Boinali Saïd, de la CFDT, explique qu’il s’agit d’« accueillir pour Denis Robin », l’envoyé du gouvernement et ancien préfet de Mayotte, auquel tous reconnaissent « une capacité à négocier ».

Près de 2.350 salariés au chômage technique

Déjà, l’île a connu quelques signes de déblocages, avec la levée de certains barrages et la reprise d’une liaison maritime très empruntée. Dans les rues de Mamoudzou, la journée a été calme. Pour autant « les manifestations ont continué au Nord, au centre et dans le Sud », note Saïd Boinali. Dans le Sud, justement, la protestation a pris la forme d’une marche pacifiste réclamant en chansons le départ des « patrons voyous ». Effet collatéral, près de 2.350 salariés seraient au chômage technique dans l’île.

Jusqu’ici, « on peut dire que les Mahorais ont été arnaqués », ironise le cégétiste Salim Nahouda, en référence à l’accord signé par FO et une association sur une dizaine de prix, qui n’est pas respecté à la lettre par la distribution. Un clin d’œil à la formule du médiateur qui, avant de s’envoler sur Paris, a pris soin d’assurer qu’« il n’y a pas d’arnaque » sur le prix de la viande de bœuf.

« Des jeunes pleins d’espoir et disposés à continuer »

Sur le terrain, toutefois, « il y a un enlisement du mouvement, les gens sont fatigués », avance Ansoir Abdou, du collectif des citoyens perdus. « Nous avons fait une tournée sur le terrain, j’ai rencontré des jeunes pleins d’espoir et disposés à continuer », lui répond Saïd Boinali. Car au-delà d’une baisse immédiate des prix, dont le médiateur a laissé entendre qu’elle pourrait être minime, les organisateurs ont la sensation de mettre en place les conditions des négociations futures.

« Au cœur de notre combat, il y a l’émergence de la société civile », se félicite le syndicaliste, qui estime qu’en assurant la transition entre la médiation religieuse, qui avait cours auparavant, et la médiation administrative, «nous construisons l’avenir». Avant de conclure, dans un élan lyrique : « Le conflit social crée des droits et fait progresser l’histoire ». Ce n’est qu’un début, ils continuent le combat.

Leur presse (Julien Ménielle, 20 Minutes.fr), 28 octobre 2011.

 

Mayotte : la confusion après un mois de conflit

Après un mois de mouvement social contre la vie chère, la situation est bloquée à Mayotte. L’activité économique tourne au ralenti et la confusion est totale sur le territoire de l’île.

Plusieurs barrages dressés sur les routes principales de Grande Terre, l’île principale de Mayotte, interdisaient hier encore l’accès à Mamoudzou, le chef-lieu du département français créé le 31 mars dernier. Un mois après le déclenchement du mouvement de protestation contre la vie chère, aucune issue ne se dessinait. Mercredi soir, les syndicats ont une nouvelle fois rencontré Stanislas Martin, le médiateur dépêché en début de semaine par Marie-Luce Penchard, ministre de l’Outre-mer, pour étudier la formation des prix. « Nous avons émis des réserves quant à l’objectivité du rapport qu’il doit rendre la semaine prochaine, explique Boinali Saïd, secrétaire général de la CFDT locale. En attendant, notre mouvement continue. »

Les manifestations des semaines précédentes, au cours desquelles un homme a perdu la vie lors d’une confrontation avec les forces de l’ordre, ont laissé la place à une situation confuse. Des affrontements sporadiques ont éclaté ces derniers jours entre les gendarmes et des groupes de jeunes barrant les routes dans plusieurs localités. Les écoles restent ouvertes, mais nombre d’élèves et d’enseignants ne peuvent y accéder.

Des entreprises paralysées

L’économie mahoraise tourne au ralenti, même si les commerces recommencent à ouvrir avec prudence, sous la menace des tentatives de pillage. Le secteur du bâtiment est à l’arrêt, faute de déplacement possible vers les chantiers. Les demandes de chômage partiel se multiplient : elles concernent déjà 2.300 salariés, pour environ 17.000 actifs recensés dans le secteur privé mahorais. « De nombreuses entreprises n’ont réalisé aucun chiffre d’affaires en octobre, souligne Jean-Paul Aygalent, directeur du Travail. Les plus petites d’entre elles ont des problèmes de trésorerie qui deviennent difficiles à surmonter. » Dans le secteur du tourisme, les annulations pleuvent.

Le blocage actuel des négociations sur les prix de quelques produits de première nécessité — en dépit d’un accord signé avec FO — ne peut expliquer à lui seul l’ampleur de la contestation. « Nous n’avons pas la capacité d’empêcher les barrages », admet Boinali Saïd. Préoccupé, le gouvernement semble en tout cas, pour le moment, impuissant à enrayer ces violences inédites dans l’archipel. Hier, avec l’accord de Matignon, la ministre de l’Outre-mer a chargé Denis Robin, qui connaît bien Mayotte pour en avoir préparé la départementalisation et y avoir été préfet, d’une mission pour trouver un moyen de résoudre la crise.

Leur presse (Bernard Grollier, Les Échos.fr), 28 octobre 2011.

 

Entre blocage et négociation, le département de Mayotte fatigue

Après quatre semaines de mouvement social et d’affrontements, Mayotte, devenu le 101e département français le 31 mars 2011, n’a toujours pas retrouvé le calme. Des barrages érigés à l’aide de troncs d’arbres bloquaient encore, vendredi 28 octobre, une partie des axes principaux de l’île. La liaison entre Petite-Terre et Grande-Terre était, elle aussi, interrompue depuis l’entrée dans le mouvement de grève, jeudi, du personnel du Service de transport maritime. Quant aux magasins, ils restent fermés, à l’exception de rares supermarchés qui ouvrent timidement mais leurs rayons sont vides, faute d’approvisionnement. Les médicaments commencent également à manquer.

La population de cette petite île de l’océan Indien, au nombre de 186 000, réclame une baisse du coût de la vie et des produits de première nécessité, dont le riz, la farine, l’huile, le lait, les tomates, la viande et les « mabawas » — les ailes de poulet, en mahorais. Ces différentes marchandises apparaissent sur une liste de dix produits dont les syndicats et associations de consommateurs souhaitent voir le prix baisser.

L’intersyndicale, le Medef et les élus de l’île se sont rencontrés le 17 octobre. Parmi eux, seule FO a paraphé l’accord signé avec le Medef portant sur la baisse d’environ 10 % du prix de neuf produits. Les autres ont claqué la porte, à commencer par Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT Mayotte, et restent mobilisés.

« On attend de voir ce qui sera fait pour la viande » tempère néanmoins, au cœur des revendications, Rifay Saïd Hamidouni, président de l’Association des consommateurs mahorais et membre du syndicat FO. « On attend aussi de voir si la grande distribution va revoir la grille des prix du panel de 400 produits qu’on lui exposera prochainement », ajoute-t-il. Mais la cherté de la vie ne s’arrête pas à ces quelques denrées de base. « Ici,  je paie mon tube de dentifrice environ trois euros, alors qu’il me coûtait moins de un euro en métropole », témoigne ainsi un Mahorais de 23 ans.

Ce mouvement rappelle celui qui a touché la Guadeloupe pendant quarante-quatre jours, en 2009. Pour Élie Domota, le porte-parole du mouvement contre la « pwofitasyon » (LKP), il y a effectivement des similitudes. Interrogé par le Journal du dimanche, il explique : « Les causes du mal sont les mêmes : une société à deux vitesses avec beaucoup d’arrogance et de mépris (…). Il s’agit de maintenir en place le même système avec au sommet de la pyramide ceux de la grande distribution qui s’en mettent plein les poches et en bas les Mahorais qui souffrent. Ils ont raison de se soulever contre ce système. »

À terme, il s’agit aussi d’augmenter le pouvoir d’achat. « La baisse des prix est un symbole, mais au-delà, nous demandons l’alignement du SMIC local à 1300 euros, des prestations sociales, l’extension de tous les droits sociaux, l’augmentation des retraites, etc. », a affirmé Salim Nahouda, de la CGT, à Médiapart.

Selon Les Échos, les demandes de chômage partiel se multiplient : « elles concernent déjà 2300 salariés, pour environ 17’000 actifs recensés dans le secteur privé ». Interrogé par le quotidien économique, Jean-Paul Aygalent, directeur du travail, affirme que « de nombreuses entreprises n’ont réalisé aucun chiffre d’affaires en octobre ». Et dans le secteur du tourisme, les annulations pleuvent.

Le 27 septembre, lorsque l’intersyndicale décide de lancer le mouvement de grève générale qui doit permettre de faire pression sur les responsables politiques et économiques locaux, personne n’imaginait un mouvement si vaste. Rifay Saïd Hamidouni souhaitait « éviter la paralysie de l’île et l’arrêt de l’activité commerciale ». Raté. Mais le blocage actuel sur la cherté de la vie n’explique pas à lui seul l’ampleur de la contestation.

« Je peux vous assurer que ceux qui ont décidé de poursuivre le mouvement après le 17 octobre sont aujourd’hui complètement dépassés », confie M. Hamidouni. Dans sa ligne de mire : la CGTMa ou la CFDT.

Par « dépassé », le président de l’Association des consommateurs mahorais pense notamment à Ali El Anziz, retrouvé sans vie, mercredi, devant un magasin de Mamoudzou, après des affrontements avec la police — la mort serait due à un massage cardiaque mal prodigué, selon le rapport d’autopsie — ou à l’adolescent de 14 ans hospitalisé après des affrontements entre jeunes et gendarmes, mardi. La préfecture de Mayotte avait déclaré le lendemain que le garçon avait été atteint par « un projectile » non identifié, non par un tir de « gomme-cogne ».

Ces deux événements ont, à coup sûr, enflammé un peu plus des esprits déjà bien échauffés par une présence policière massive dès les premiers rassemblements publics. Au début du mois, un garçon de 9 ans avait été blessé à l’œil par un tir de Flash-Ball. Le gendarme à l’origine du tir a été mis en examen depuis.

Le gouvernement français cherche désormais une sortie de crise, sans succès pour le moment. La ministre de l’outre-mer, Marie-Luce Penchard, qui s’était rendue sur l’île en urgence le 14 octobre, a chargé jeudi Denis Robin, ancien préfet de Mayotte, d’une mission pour tenter de résoudre la crise. M. Robin, qui connaît bien Mayotte pour y avoir préparé entre 2008 et 2009 la départementalisation du territoire, a pour objectif de mener  « toutes les consultations » qu’il jugera « utiles ».

Un nouveau mandat qui intervient après celui du médiateur, Stanislas Martin, concernant la question plus technique des prix, mais qui a débouché sur une impasse lors de la réunion de  l’observatoire des prix, lundi. « Nous attendions un négociateur, on nous envoie un médiateur ayant pour mission d’écouter les différentes parties et de produire pour la semaine prochaine un rapport, notamment à l’intention des membres de l’observatoire des prix », a regretté Salim Naouda, qui rapporte le sentiment d’une intersyndicale unanime. Quatre jours plus tard, M. Martin s’est voulu rassurant. Il a assuré que le prix de la viande n’était pas le fait d’« arnaques » et a préconisé plus de concurrence au service du consommateur.

Si le gouvernement cherche à résorber la crise au plus vite c’est aussi parce que le climat se radicalise. « La situation est différente d’il y a une dizaine de jours, où nous avions des manifestations de la population, mais aujourd’hui les Mahorais aspirent à retrouver une vie normale et visiblement, le mouvement se radicalise, peut-être avec une centaine de jeunes », estime Mme Penchard. Rifay Saïd Hamidouni s’inquiète lui aussi des débordements impliquant « des jeunes sans emploi, sans encadrement et sans aucune perspective d’avenir ». Des jeunes pouvant aussi appartenir à la communauté comorienne arrivée clandestinement sur le territoire par l’île d’Anjouan. Néanmoins, M. Hamidouni persiste et signe : « les Mahorais resteront mobilisés jusqu’au bout ».

Leur presse (Mathias Destal, Le Monde.fr), 28 octobre 2011.

 

Mayotte : Nouveaux blocages sur fond de tension

De nouvelles actions ont partiellement bloqué l’île, faisant monter la tension qui règne dans la population…

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Des barrages artisanaux dans les rues de Mamoudzou, préfecture de Mayotte, le 26 octobre 2011

Au 29e jour du mouvement contre la vie chère, la situation s’est à nouveau tendue ce mercredi à Mayotte. Alors que l’intersyndicale et les associations songent à donner une résonance nationale à leur action en se déplaçant en métropole et à la Réunion, les blocages ont repris sur fond de tensions croissantes au sein de la population, sans qu’aucun blessé n’ait cependant été signalé, selon le préfet.

Des barrages ont été montés ou réactivés sur les grands axes routiers de l’île, empêchant les véhicules de passer. Une ambulance transportant une femme enceinte a été caillassée, et le directeur de l’hôpital a pris la décision d’immobiliser ses véhicules, à moins d’avoir la certitude qu’ils puissent circuler ou de bénéficier d’une escorte policière.

Dans le même temps, les personnels de la barge reliant Petite Terre (sur laquelle se trouve notamment l’aéroport) ont cessé le travail, n’effectuant le trajet que pour les véhicules de secours. Les personnes devant traverser pour se rendre sur leur lieu de travail se sont trouvées bloqués, de même que les taxis assurant la jonction entre les embarcadères et les différents autres sites.

Le médiateur, de son côté, a poursuivi ses entretiens avec les différents acteurs du conflit. Avant même qu’il ne rencontre syndicats et associatifs, en fin de journée, ces derniers ont fait part de leurs intentions pour les prochains jours. « L’intersyndicale et le collectif des associations des consommateurs se déplacent à Paris pour organiser une conférence de presse », ont-ils indiqué dans un communiqué.

Celle-ci devait se tenir vendredi dans la capitale métropolitaine, suivie d’une autre, samedi, sur l’île de la Réunion. L’objectif : « Sensibiliser l’opinion régionale et nationale sur la gravité de la situation et les enjeux de ce mouvement social ». Mais les responsables ont décidé de « reporter leur déplacement », un peu plus tard dans la soirée. Car à Mayotte, c’est leur base que les organisateurs du mouvement tâchent de contrôler, alors que les tensions sont vives.

Un incident significatif a eu lieu ce mercredi après-midi, à proximité d’un barrage de fortune érigé à Mamoudzou par des manifestants. Ces derniers affirment qu’une « métropolitaine » a tenté de forcer le passage en déplaçant les objets placés au sol. Et quand un jeune a tenté de l’en empêcher, « elle m’a craché à la figure, cette pute », raconte ce dernier, furieux, avant qu’une femme ne l’entraine plus loin par le bras.

« La police a voulu embarquer le jeune sans savoir ce qu’il s’était passé, on les a empêchés », raconte un homme. Un peu plus loin, un véhicule des forces de l’ordre stationne toujours, sous les huées des manifestants. « Ça va devenir une affaire de couleur, un conflit raciste », prévient Fatima, fonctionnaire en grève à quelques pas de là. Derrière elle, parmi les scooters qui passent, un métropolitain reçoit une bordée de sifflets.

« Les mzungu (blancs, ndlr) sont les bienvenus s’ils veulent le bien de Mayotte, poursuit Fatima. Mais ceux, Mahorais ou métropolitains, qui ne sont pas d’accord avec le mouvement, qu’ils restent chez eux et ne viennent nous pas provoquer. » Le préfet, s’il affirme être conscient du risque que le conflit dégénère, note que les organisateurs du mouvement ne font évidemment aucun appel en ce sens et qu’aucun incident de violence directe n’a été rapporté.

Leur presse (Julien Ménielle, 20 Minutes.fr), 27 octobre 2011.

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