Mardi, le 7 juin 2011, 6h40 le matin au centre-ville de Montréal, un homme chétif sans domicile fixe (SDF), 40 ans de misère dans ses jambes tremblantes, seul au monde et presque seul sur le macadam à cette heure matinale, s’échine à éventrer des sacs à ordures pour y récupérer quelques bouteilles vides ; c’est le commerce lucratif de la récupération pour paumé. Le petit homme (sans abri) est « lourdement » armé d’un canif de scout mal affûté, et il vocifère contre la résistance des sacs poubelles, récalcitrants à lui livrer leurs précieuses marchandises pour pauvres démunis.
Quatre jeunes et gros policiers, bardés de leurs ceintures de sécurité, protégés par leur veste plombée, révolver au poing, prêts à tirer sur ce famélique « terroriste » du petit matin, encerclent le mécréant abasourdi… l’homme n’obéit pas immédiatement à leur commandement : c’est évident ce gars malade est une « bombe à retardement » avec son canif élimé incapable de déchirer un sac à ordure émincé.
Sans hésitation les quatre cow-boys du SPVM déchargent leurs armes mortelles sur le petit intimé très menaçant pour leur sécurité ; ils ne tirent pas pour le blesser — à la hauteur des jambes pour le faire plier à leurs quatre volontés — non, les quatre shérifs tirent en plein thorax pour tuer la frêle « bombe à retardement » qui s’écroule mortellement atteinte par au moins deux projectiles de fort calibre. Les agents de l’ordre tirent en désordre tant et si bien qu’un travailleur se rendant à son boulot, passant par là inopinément, est tué sur-le-champ une balle dans la nuque. Heureusement, c’était le seul passant présent. Les policiers ont bien cherché mais tous les témoins gênants s’étaient barrés ou dormaient paisiblement.
Aussitôt, un immense appareil de « cover up » se mit en marche. Claude Poirier fut appelé, c’est habituellement lui qui amorce la pompe à réfrigérer. L’objectif est toujours le même en pareil cas : détourner l’attention des quatre mastodontes chasseurs de primes accrédités par la Police de Montréal et tourner l’attention du public vers les victimes, l’un est un sans abri, évidemment un peu fou, sous médication (qu’il n’avait pas prise dit le reporter) ; il était en crise et armé d’une arme blanche. Ici, le coupable ce sera le médecin qui n’a pas soigné son patient et les payeurs de taxes qui rechignent à payer plus d’impôts pour toujours moins de soins aux psychiatrisés.
L’autre victime de l’assassinat policier est plus compliqué à dissimuler et à mépriser, il n’était véritablement pas prévu dans la mêlée, il n’a pas d’antécédent judiciaire, n’a pas posé de geste agressif, il ne battait pas sa femme, vraiment le cas du gars qui n’aurait pas dû se trouver là. C’est vite fait… « Une balle perdue », mes condoléances chers parents et au suivant. L’enquête de leurs amis de la SQ va te blanchir tout cela il suffit de patienter. [www.cyberpresse.ca/…].
Le reste de l’appareil de « cover up » a eu le temps de se remettre de son émoi et sans attendre se lance derrière « Le négociateur » pour sauver le bras armé de la répression bourgeoise contre la population de cette grande cité toujours encline à se révolter. Dans la soirée deux ou trois nouvelles pistes ont été explorées par les complices du journaliste Claude Poirier [tva.canoe.ca/… www.hebdoweb.com/…]. La première, « La police est-elle suffisamment formée ? » se demande un columniste de ses amis. Bel effort, vous en conviendrez. La police est très bien formée pour réprimer et pour tuer, elle vient encore une fois de le démontrer… Quelle est la question, monsieur les affidés [www.cyberpresse.ca/…] ?
Toujours sous le registre des explications et des « solutions » à l’extrême violence policière contre le peuple, un sous-fifre scribouilleur a imaginé utiliser ce crime pour faire un bout de chemin en direction de la fascisation des services de police. Les policiers armés de révolvers et de carabines tuent trop, alors donnons-leur également des tasers (gun électrique avec lesquels les douaniers de Vancouver ont déjà assassiné un immigrant d’une dizaine de décharges à très haut voltage). Personne n’a donc songé au bazooka et aux autos patrouilles blindées avec mitrailleuses lourdes sur le toit comme Rambo en Irak [www.cyberpresse.ca/…] ? Il ne faut pas « mieux armer » les policiers ; il faut les désarmer pour notre sécurité comme en Grande-Bretagne.
La crise économique s’approfondit, le chômage se généralise, les prestations d’assurance sociale s’amenuisent, les services de santé en cours de privatisation deviennent chaque jour plus difficiles à obtenir pour le peuple qui est laissé à lui-même, désœuvré, en voie de paupérisation accélérée pendant que les milliardaires s’en mettent toujours davantage dans les poches et que les grands patrons des conglomérats capitalistes s’attribuent des primes et des salaires démentiels (même quand leur entreprise est déficitaire). Alors forcément, toute cette injustice sociale engendre de la résistance, du mécontentement, de la hargne et de la colère jusqu’à la révolte parmi la population en général et parmi les plus démunis en particulier.
La police municipale, la Sûreté du Québec, la Gendarmerie Royale, toutes ces agences de sécurité des riches contre le peuple ont pour tâche de maintenir le couvercle sur la marmite sociale en ébullition, coûte que coûte, au prix de la vie des passants si nécessaire. Quand le mercredi soir (8.06.2011) des manifestants tentent de dénoncer la violence policière, la violence policière de l’anti-émeute policière s’abat sur eux pour les disperser. La liberté d’expression ne va pas jusqu’au droit de dénoncer l’appareil de répression de l’État [flicsassassins.wordpress.com/… ].
C’est le rôle des « bobos » des journaux (imprimés, télévisés et radiodiffusés — Claude Poirier sévit partout, vous savez) d’embobiner le bon peuple avec des histoires d’horreur où les forces de police sont prises à partie par un SDF fragile, titubant, armé d’un canif d’enfant terrifiant, et de couvrir les crimes policiers afin de lancer la population contre elle-même, contre ses propres intérêts, pour que madame Blancheville de la rue Amherst à Montréal, faisant face à deux crimes crapuleux commis contre deux citoyens innocents, demande la présence de davantage de policiers dans le quartier, mieux armés, mieux formés pour tirer et pour tuer, crimes qu’il suffira ensuite de dissimuler par des enquêtes menées par leurs copains de la Sûreté (SQ).
De toute façon, demain ce sont les policiers du SPVM qui enquêteront sur un meurtre commis par quatre gros agents de la SQ blindés, lourdement armés, contre une vieille dame hystérique les menaçant de son parapluie ; mais qu’est-ce qu’ils attendent pour l’abattre, bande de demeurés ; ne savez-vous pas que vous devez terroriser la population révoltée monsieur les policiers ?
Robert Bibeau – Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 10 juin 2011.
Les slogans anti-SPVM fleurissent
Les publicités ont la vie dure ces temps-ci à Montréal. Après ceux qui décrient les pubs sur les BIXI, ceux qui veulent enlever les méga panneaux du Plateau, ceux qui remplacent les affiches par des œuvres d’art, une nouvelle tendance est apparue : ceux qui barbouillent les panneaux publicitaires avec des slogans anti-SPVM.
Dix d’entre eux ont été vandalisés par un groupe anonyme qui se définit par courriel comme étant « inquiet et furieux de la mort violente de Mario Hamel et Patrick Limoges aux mains du SPVM ».
Le groupe rappelle qu’au cours des cinq derniers mois, la police montréalaise a fait feu sur sept personnes et appelle la population à dénoncer « les violences inutiles commises par le SPVM ».
Mardi matin, quatre policiers auraient tiré une dizaine de balles sur un itinérant (Mario Hamel) menaçant et armé d’un couteau. L’une d’entre elles aurait ricoché et atteint un passant, Patrick Limoges, qui se rendait à son travail.
Le Collectif opposé à la brutalité policière estime que depuis 1987, le SPVM aurait tué une quarantaine de personnes et qu’à de rares exceptions, les policiers n’ont jamais été blâmés.
Leur presse (Métro), 9 juin 2011.
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