Bahreïn : affrontements nocturnes à proximité du circuit F1
Des heurts ont opposé les forces de l’ordre et des manifestants chiites dans la nuit de vendredi à samedi, juste avant les qualifications pour le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn.
Des affrontements nocturnes entre manifestants et forces anti-émeutes ont eu lieu dans des villages chiites, non loin du circuit Sakhir où se déroulent samedi les qualifications pour le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn. Des dizaines de personnes ont manifesté à l’entrée de Karzakan, Al-Malikiyah, Dumistan et Sada, situés à quelques kilomètres du circuit, près de Manama, ont-ils rapporté. Certains étaient encagoulés et d’autres portaient un linceul barré de l’expression « Je suis le prochain martyr ».
Des jeunes ont mis le feu à des pneus sur des routes jouxtant leurs villages et lancé des pierres et des cocktails molotov en direction des forces de sécurité, qui les ont dispersés à coups de gaz lacrymogènes et de bombes assourdissantes. La foule a scandé des slogans hostiles au gouvernement, répétant « À bas Hamad », en référence au roi de Bahreïn Hamad ben Issa Al-Khalifa, lors de ces manifestations qui ont lieu à l’appel du mouvement des « Jeunes du 14 février ».
Ce mouvement, un collectif radical, a appelé à « trois jours de colère » coïncidant avec le Grand Prix prévu dimanche, sous le slogan « Non à la Formule de sang ». Vendredi, au premier jour des essais libres, la police a dispersé par la force des milliers de manifestants anti-régime dans la région de Boudaya, à 4 km à l’ouest de Manama, selon l’opposition.
Les manifestations à répétition, à l’appel de l’oppostion chiite qui réclame des réformes constitutionnelles dans ce royaume dirigé par une dynastie sunnite, ont conduit à un renforcement de la sécurité autour du circuit de Sakhir. Malgré ces manifestations, le prince héritier, Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, a écarté toute annulation du Grand Prix, comme cela avait été le cas l’an dernier en raison des troubles dans son pays.
Leur presse (LExpress.fr, 21 avril 2012)
Bahreïn. Un mort avant le Grand Prix de F1
Malgré les violentes manifestations et la répression, le prince héritier a décidé de maintenir la course.
L’opposition chiite bahreïnie a annoncé samedi qu’un homme avait trouvé la mort dans la nuit sur le lieu d’une manifestation « sauvagement » réprimée, non loin du circuit de Sakhir, où sont prévues les qualifications pour le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn.
Il s’agit du premier mort dans les manifestations liées au GP, mais la répression de la révolte populaire entamée en février 2011 a déjà coûté la vie à des dizaines de personnes.
Selon des témoins, des dizaines de personnes ont manifesté dans la nuit à l’entrée de plusieurs villages chiites situés à quelques kilomètres du circuit, à l’appel du mouvement des « Jeunes du 14 février », une coalition radicale.
Samedi matin, le Wefaq, principal groupe de l’opposition chiite, a annoncé la découverte du cadavre « du martyr Salah Abbas », âgé d’une trentaine d’années, près du village de Chakoura, où les forces de sécurité ont « sauvagement » réprimé une manifestation hostile à la dynastie sunnite qui dirige le pays.
Violences
Ces derniers jours, l’opposition avait fait état de blessés et de dizaines d’arrestations lors de la répression de précédents rassemblements.
Dans la nuit, les manifestants, certains cagoulés, ont mis le feu à des pneus sur des routes et lancé des pierres et des cocktails molotov en direction des forces de sécurité, qui les ont dispersés avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, selon les témoins.
De jeunes filles en abaya noire, l’habit traditionnel, étaient parmi les manifestants, dont certains portaient un linceul barré de l’expression « Je suis le prochain martyr », et la foule a scandé des slogans hostiles au gouvernement, répétant « À bas Hamad », en référence au roi Hamad ben Issa Al-Khalifa.
Les « Jeunes du 14 février » avaient promis « trois jours de colère » coïncidant avec le Grand Prix prévu dimanche, sous le slogan « Non à la Formule de sang ».
Malgré ces manifestations, le prince héritier, Salmane Ben Hamad Al-Khalifa, a écarté vendredi toute annulation de la course, comme cela avait été le cas l’an dernier lorsque le pays avait été secoué entre la mi-février et la mi-mars par une révolte populaire réprimée avec l’aide des monarchies du Golfe. « Une annulation ferait le jeu des extrémistes », a-t-il déclaré.
Les manifestations à répétition ont cependant conduit à un renforcement de la sécurité autour du circuit de Sakhir. Des véhicules blindés étaient stationnés samedi sur l’axe routier reliant Manama au circuit, où des fouilles systématiques, avec des portiques de sécurité, étaient menées aux entrées du public, selon des journalistes.
Les organisations de défense des droits de l’Homme avaient critiqué la tenue de la course en pleine crise politique dans ce petit royaume du Golfe, parent pauvre des riches monarchies pétrolières voisines.
Selon une commission indépendante, la répression de la révolte en février/mars avait fait 35 morts, dont quatre sous la torture. Amnesty International estime pour sa part que 60 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement.
Et de nombreux opposants restent sous les verrous, en particulier le militant chiite Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité et en grève de la faim depuis le 8 février. (…)
Leur presse (tempsreel.nouvelobs.com, 21 avril 2012)