« On n’enterre pas la vérité »
« Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009, suite à son interpellation par la police nationale, ici-même » : voici le texte de la plaque posée en hommage à Ali Ziri et qui a soulevé un tollé chez les syndicats de police, d’Alliance au SGP-FO, menaçant de manifester si la plaque n’était pas enlevée.
Et lorsque ces policiers à l’indignation sélective et déplacée sont en colère, ils ouvrent leur carnet d’adresses et utilisent la ligne directe pour s’adresser à leur sauveur suprême, Guéant. Il n’en faut pas plus à ce pourfendeur des « autres civilisations » pour appeler le préfet du Val-d’Oise qui, à son tour, met un coup de pression sur le maire d’Argenteuil, le menaçant de le poursuivre au tribunal administratif pour atteinte à la présomption d’innocence.
La municipalité avait dans un premier temps autorisé par arrêté la pose de la plaque, gagnée par les arguments de notre collectif « Justice et vérité pour Ali Ziri », composé d’une trentaine d’organisations politiques, syndicales et associatives et de citoyens ; mais elle a décidé de sa dépose le 1er février, alors même que selon plusieurs avocats, la plaque ne présentait rien de diffamatoire et ne portait aucunement atteinte à la présomption d’innocence.
L’affaire n’est pas seulement juridique, elle est d’abord politique : elle laissait entrevoir le retour dans notre ville de Sarkozy, dont la dernière visite s’était soldée par une reconduite à la frontière après les insultes qu’il avait proférées à l’encontre des habitantEs de des quartiers populaires. Mais là, le scénario était irrésistible pour l’UMP : chevaucher de nouveau les thèmes sécuritaires et racistes, remonter le moral aux intouchables que sont les policiers et dénoncer au passage le PS et son laxisme. Cela n’était évidemment pas trop du goût du staff de Hollande mis au courant de cette affaire Ali Ziri. Il n’en a pas fallu davantage pour que la municipalité jette l’éponge et scie l’arceau sur lequel était apposée la plaque.
Jacques Gaillot, qui l’a inaugurée, avait déclaré : « On n’enterre pas la vérité ». Chacun peut compter sur la détermination de notre collectif pour faire en sorte que cette vérité qu’ils ne veulent pas voir soit taguée sur les murs de la ville à coups de pochoir, et rappelée sur les badges que nous vendrons lors de notre prochaine manifestation, le samedi 11 février à 14 heures du parc de la mairie à la sous-préfecture.
Omar Slaouti – Hebdo Tout est à nous !, 9 février 2012.
Une plaque commémorative révélatrice
Dans l’affaire de la mort d’Ali Ziri, le procureur de la république a rendu début janvier un non-lieu. Le collectif « Vérité Justice » attend la confirmation, ou pas, du juge d’instruction. Le 14 janvier, avec l’accord de la mairie, une plaque commémorative a été apposée à l’endroit où Ali Ziri a été arrêté par la police ; « Ali Ziri, 69 ans, mort le 11 juin 2009 suite à son interpellation par la police nationale, ici même ». Les syndicats de police et le ministre ont fait pression auprès du maire PS d’Argenteuil qui l’a enlevée. Le collectif manifeste et fera des pochoirs en réaction. Cet interview a été diffusé sur FPP dans l’Actu des luttes le 14 février 2012.
Sons en luttes, 14 février 2012.
Argenteuil : une manif pour Ali Ziri
Le collectif « Vérité et Justice pour Ali Ziri » a manifesté samedi à Argenteuil (Val-d’Oise) pour « réclamer justice » et « dénoncer les pressions » sur la mairie, qui a retiré une plaque à la mémoire d’Ali Ziri, retraité algérien mort en 2009 après un contrôle de police.
« Nous ne lâchons rien. Nous demandons que le juge entende les policiers. Nous sommes aussi là pour dénoncer les pressions des syndicats de police et de l’État qui ont contraint la mairie à retirer la plaque », a expliqué Mohammed Nemri, membre du collectif.
Leur presse (Europe1.fr, 11 février 2012)
Riposte dans les quartiers populaires – À Argenteuil
« Ali Ziri 69 ans mort le 11 juin 2009 à la suite de son interpellation par la police nationale, ici même » tel était le texte inscrit sur la plaque commémorative posée le 14 janvier lors d’un rassemblement organisé par le « collectif vérité et justice pour Ali Ziri » pour protester contre le non-lieu des policiers prononcé le 14 décembre. La vérité n’aura été clamée au grand jour qu’une quinzaine de jours : la plaque a été retirée le 31 janvier alors que le préfet, sous la pression des syndicats de policiers qui la jugeaient « diffamatoire » (car pouvant laisser croire qu’il y avait un lien de cause à effet entre le décès d’Ali et son interpellation) en a fait l’injonction au maire PS d’Argenteuil qui a obtempéré (craignant pour la « tranquillité publique » de sa ville). Une chose est sûre les syndicats de police ont bien interprété le sens du texte, n’est-ce pas une sorte d’aveu de culpabilité ?
Résistons Ensemble n° 105, février 2012.