Le Nigeria paralysé par la grève générale, au moins cinq morts
Au moins cinq personnes ont été tuées lundi au Nigeria, dont quatre par balles, dans des affrontements entre policiers et manifestants lors de la grève générale contre la hausse des prix des carburants, a indiqué la Commission nationale des droits de l’homme.
Selon son secrétaire général, Chidi Odinkalu, trois personnes ont été abattues dans la capitale économique Lagos et une autre à Kano, la métropole du Nord.
Un enfant de 9 ans a également été tué à Kano, mais apparemment écrasé par la foule dans un mouvement de panique. « L’enfant semble avoir été piétiné dans ce qui parait être un mouvement de foule à Kano », a-t-il dit à l’AFP. « Quatre autres personnes ont été tuées par balles selon ces informations », a-t-il ajouté.
La police a pour sa part confirmé la mort d’un manifestant à Lagos, ajoutant qu’un policier soupçonné avait été arrêté.
A Kano, une source hospitalière a de son côté déclaré que deux manifestants touchés par balles avaient succombé à leurs blessures.
Selon un responsable de la Croix-Rouge de la ville, on y comptait une trentaine de blessés au total, dont 18 par balles.
Ce mouvement se produit dans un contexte de tension croissante entre chrétiens et musulmans dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où des manifestants ont tenté lundi d’incendier une mosquée dans le Sud à majorité chrétienne.
Les heurts les plus violents se sont produits à Kano, la métropole du Nord à dominante musulmane, où deux personnes ont été tuées par balles et une trentaine blessées, selon un responsable hospitalier.
La police y a lancé des grenades lacrymogènes et tiré en l’air contre des milliers de manifestants qui tentaient d’envahir les bureaux du gouverneur de l’Etat, a constaté un journaliste de l’AFP.
Ils ont également tenté d’incendier le domicile du gouverneur de la Banque centrale et mis le feu au bureau du chef de l’administration régionale.
Suite à ces incidents, les autorités locales ont décrété un couvre-feu nocturne dans la ville de 18H00 à 8H00.
A Abuja, la capitale fédérale, d’importantes manifestations ont eu lieu, rassemblant des milliers de personnes.
Le mot d’ordre de grève générale semblait suivi dans le pays. Mais, si l’activité était largement à l’arrêt dans les grandes villes, la production de pétrole, 2,4 millions de barils par jour, n’a pas été affectée par la grève, ont assuré des responsables du secteur.
Les syndicats exigent que le gouvernement rétablisse les subventions dont la suppression, le 1er janvier, a entraîné une brusque hausse des prix de l’essence qui affecte la plupart des Nigérians, tant pour les transports que pour l’alimentation des générateurs d’électricité.
Cette grogne sociale intervient sur fond de tensions politico-religieuses qui font craindre une escalade des violences entre musulmans et chrétiens qui peuplent à parts égales le Nigeria.
Lundi, des manifestants protestant contre la hausse des prix du carburant ont attaqué une mosquée de Benin City, dans le sud, et un bureau de change tenu par un musulman, faisant plusieurs blessés légers, selon la police.
Depuis les sanglants attentats du jour de Noël qui avaient fait au moins 49 morts, six nouvelles attaques contre des chrétiens dans le Nord majoritairement musulman ont fait plus de 80 morts.
La majorité de ces raids ont été revendiqués par Boko Haram, un groupe islamiste qui réclame l’application de la charia (loi islamique) dans l’ensemble du pays.
Le pape a déploré lundi que l’objectif de la réconciliation et du respect de « toutes les ethnies et religions » soit encore lointain en Afrique. Benoît XVI a évoqué « en particulier la recrudescence des violences qui touche le Nigeria ».
A Washington, les Etats-Unis ont « vivement » condamné lundi les actes de violence attribués au groupe islamiste Boko Haram, et pressé les autorités nigérianes de poursuivre les responsables.
Dimanche, le président Goodluck Jonathan avait admis pour la première fois que Boko Haram, un groupe assez mystérieux, disposait de soutiens et de sympathisants au sein du parlement, de la justice et des services de sécurité.
Selon lui, les violences antichrétiennes actuelles sont « pires » par leur caractère aveugle et imprévisible que la guerre civile des années 60.
Leur presse (tempsreel.nouvelobs.com), 9 janvier 2012.