[Tienanmen vaincra] Pékin enferme les dissidents

Un dissident condamné à dix ans de prison pour subversion

La justice chinoise a condamné lundi [26 décembre] le dissident Chen Xi à dix ans de prison pour subversion, a annoncé son épouse Zhang Qunxuan.

Cette peine est l’une des plus lourdes prononcées pour des motifs politiques depuis la condamnation il y a deux ans de Liu Xiaobo, depuis lauréat du prix Nobel de la paix.

Le tribunal de Guiyang, dans le sud-ouest de la Chine, a déclaré Chen coupable « d’incitation à la subersion du pouvoir d’État » au terme d’un rapide procès. Ce chef d’accusation est fréquemment utilisé pour juger ceux qui critiquent le régime communiste chinois.

« Le juge a dit qu’il s’agissait d’un crime majeur qui avait eu un impact néfaste, et qu’il était récidiviste », a déclaré Zhang, contactée par téléphone.

« À l’énoncé du verdict, Chen Xi a dit qu’il respecterait cette décision et ne ferait pas appel, mais insisté sur le fait qu’il était innocent », a-t-elle ajouté.

« La cour a ignoré tous les points soulevés par la défense lors du procès, alors quel intérêt y aurait-il à faire appel ? »

Âgé de 57 ans, Chen Xi a été jugé coupable d’avoir rédigé 36 essais critiquant le parti communiste et de les avoir publiés sur des sites internet en chinois basés à l’étranger, a précisé son épouse.

Leur presse (Reuters), 26 décembre 2011.


Le dissident chinois Chen Wei condamné à neuf ans de prison

Le tribunal de Suining, dans la province chinoise du Sichuan, a jugé vendredi [23 décembre] le dissident Chen Wei et l’a promptement condamné à neuf ans de prison pour avoir diffusé par internet des textes en faveur de la démocratisation.

L’avocat de Chen, Zheng Jianwei, a déclaré à Reuters que le tribunal avait jugé Chen coupable d’« incitation à la subversion du pouvoir de l’État ».

« Chen a dit : “je ne suis pas coupable” », a rapporté Zheng, et a ajouté après l’énoncé de sa condamnation : « La dictature échouera, la démocratie vaincra. »

Jointe par téléphone, l’épouse de Chen, Wang Xiaoyan, a confirmé le verdict. Selon elle, le tribunal a cité neuf essais publiés sur des sites en chinois basés à l’étranger.

« Ils ont téléchargé tous ses essais de l’étranger, on ne peut en lire aucun sur les sites internets du territoire chinois », a-t-elle déclaré.

« Mais ils ont quand même dit que ces essais avaient eu un impact extrêmement néfaste en Chine, alors que la plupart des Chinois ne peuvent pas les lire. »

La Chine filtre les sites internet accessibles de son territoire, afin d’empêcher la consultation de contenus jugés politiquement ou socialement sensibles.

DE TIENANMEN À LA « CHARTE 08 »

Âgé de 42 ans, Chen fait partie des centaines de dissidents, militants des droits de l’homme et organisateurs de manifestations condamnés cette année, les autorités chinoises s’étant efforcées d’empêcher tout mouvement de protestation inspiré des révoltes du Printemps arabe.

Son second avocat, Liang Xiaojun, a indiqué que l’audience avait duré deux heures et demi.

« Il a dit qu’il n’était pas coupable, qu’il n’avait pas l’intention de renverser le régime politique et qu’il voulait atteindre la démocratie constitutionnelle via des moyens non-violents », a déclaré Liang.

Chen avait été arrêté en février. Il fait partie des signataires de la « Charte 08 » en faveur de réformes démocratiques, corédigée par le dissident emprisonné Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix 2010.

Chen avait déjà été emprisonné en 1989 pour avoir participé aux manifestations de la place Tienanmen à Pékin, qui s’étaient achevées par une répression sanglante le 4 juin de cette année. Il avait été libéré en 1990.

Son épouse a dit ignorer s’il avait l’intention de faire appel, mais qu’il avait avant l’audience déclaré à ses avocats qu’il n’en avait pas l’intention.

Leur presse (Reuters), 23 décembre 2011.


Pékin s’acharne sur les dissidents

Cinq lauréats du Nobel de la paix ont relancé une campagne en faveur de la libération du dissident chinois Liu Xiaobo.

Cela fait deux ans que Liu Xiaobo a été condamné à onze longues années de prison pour « subversion », et une année qu’il a reçu le prix Nobel de la paix. Il y a deux semaines, craignant que son cas ne sombre dans l’oubli, cinq lauréats du Nobel de la paix, dont le Sud-Africain Desmond Tutu et l’Iranienne Shirin Ebadi, ont lancé une campagne pour sa libération. Ils s’insurgent notamment contre une « campagne internationale d’intimidation », visant à proscrire toute intervention en faveur de l’intellectuel embastillé.

Le 10 décembre 2010, une photo avait fait le tour du monde. Celle d’une chaise vide à Oslo, le jour de la remise du Nobel. Liu Xiaobo avait appris la nouvelle depuis sa prison de Jinzhou, dans la province du Liaoning (Nord-Est). Il avait alors dédié son prix aux morts de Tiananmen. L’homme a été condamné à cette lourde peine pour de simples écrits, des textes dans lesquels il appelait à une démocratisation du régime. On lui reprochait notamment d’être l’un des principaux rédacteurs de la Charte 08, un manifeste prodémocratie signé ensuite par des milliers de personnes.

Résidence surveillée

En octobre dernier, les autorités chinoises ont semblé relâcher un peu l’étau autour de Liu Xiaobo. On a appris, grâce à des « fuites » apparemment bien orchestrées, qu’il avait reçu cet été une visite de sa femme Liu Xia, puis de ses frères. Ces derniers ont confié que leur frère, âge de 55 ans, était en « bonne condition physique ». Le Prix Nobel s’est aussi vu accorder une permission de sortie exceptionnelle, le 18 septembre, après la mort de son père. Il a pu se rendre au domicile familial, dans la région de Dalian (Nord-Est), pour la cérémonie.

Dans le discours, les officiels continuent toujours à traiter l’écrivain de « criminel ». Et sa femme Liu Xia paye elle aussi le prix de l’impertinence intellectuelle de son mari. Hors de tout cadre juridique, elle est assignée à résidence à Pékin depuis octobre 2010, avec des moyens de communication avec l’extérieur très restreints. Une exposition de ses photos a eu lieu récemment en France, organisée par la mairie de Boulogne-Billancourt. Les étonnants clichés doivent prendre bientôt le chemin de New York.

Du côté des autres figures de la dissidence intérieure chinoise, l’heure ne semble pas à l’assouplissement de la répression. Le 17 décembre, les autorités chinoises ont remis en prison l’avocat Gao Zhisheng, porté disparu depuis un an et demi. Figure de la défense des droits de l’homme en Chine, condamné à trois années de prison en 2006, il a vu sa mesure de probation annulée. Et Chen Guangcheng, ce juriste autodidacte, aveugle depuis l’enfance, est toujours en résidence surveillée. Il avait déclenché le courroux des autorités en dénonçant les stérilisations abusives de femmes ainsi que les avortements forcés et tardifs dont elles sont victimes. En voulant lui rendre visite il y a quelques jours, l’acteur Christian Bale, vedette du dernier film pourtant bien dans la ligne du réalisateur chinois Zhang Yimou, a été malmené par les nervis du régime qui isolent Chen du monde.

Enfin, le dissident et écrivain Chen Wei a été condamné vendredi à neuf ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Militant des droits de l’homme connu en Chine depuis la révolte de Tiananmen, il avait été interpellé en février par la police, dans le cadre d’un renforcement de la répression consécutive aux appels à des « rassemblements du jasmin » inspirés des révolutions arabes. À l’énoncé de la sentence, Chen Wei s’est exclamé : « Je suis innocent, la démocratie vaincra et ce sera la fin des dictateurs. »

Leur presse (Arnaud de La Grange, LeFigaro.fr), 23 décembre 2011.

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