Les trois militantes ukrainiennes de Femen qui ont manifesté lundi seins nus à Minsk (Le Matin d’hier) ont été torturées par des agents du KGB, les services spéciaux du tyran biélorusse Alexandre Loukachenko. C’est la terrible nouvelle qu’a reçue hier la présidente des activistes de Femen, Anna Hutsol.
Restée en Ukraine, à Kiev, la présidente s’est battue hier toute la journée pour tenter de leur venir en aide. Tard hier soir, elle a enfin reçu des nouvelles. Selon les autorités consulaires ukrainiennes en Biélorussie, les trois activistes ont été prises en charge par des policiers locaux et escortées dans un hôpital.
« Elles sont très mal en point et ont besoin de soins », a déclaré au Matin Anna Hutsol. La présidente respire un peu et attend que, comme promis, ses camarades soient escortées aujourd’hui jusqu’en Ukraine.
La journée a très mal commencé. En effet, les trois activistes n’ont pu, hier matin, passer qu’un seul coup de téléphone après leur passage à tabac par les sbires du régime biélorusse. Abandonnées nues dans une forêt de la région de Gomel à plus de 300 kilomètres de la capitale, Minsk, les malheureuses ont marché et trouvé un habitant qui leur a prêté un téléphone pour appeler au secours Anna Hutsol.
« Nous avons immédiatement contacté les autorités ukrainiennes pour les sortir de ce piège en Biélorussie, où on leur a retiré leurs papiers », raconte la présidente de Femen.
Présent à ses côtés à Kiev, le cinéaste romand Alain Margot, qui avait participé à les faire venir en Suisse et en Europe il y a deux mois, ne cache pas son angoisse : « Nous avons peur pour elles. Elles ont été battues et cela peut recommencer. J’aurais dû les suivre à Minsk, mais je n’ai pas obtenu de visa. »
L’action des Femen en Biélorussie a dérapé après une courte manifestation seins nus devant le quartier général du KGB à Minsk lundi après-midi. Il s’agissait de protester contre la répression du régime, un an après la réélection truquée du tyran Loukachenko. La police a d’abord arrêté les représentants des médias, alors que les trois activistes réussissaient à s’enfuir.
Mais au moment de prendre leur train pour repartir à Kiev lundi soir, elles ont été coffrées « par des policiers et des agents du KGB », selon Inna Shevchenko, une des trois activistes qui a pu téléphoner à la présidente.
Voilà son terrible récit : « Les agents nous ont bandé les yeux et jetées dans un bus qui a roulé toute la nuit. Puis, dans une forêt, ils nous ont forcées à nous déshabiller, arrosées d’huile et menacées de nous brûler vives. Ils nous ont aussi coupé les cheveux avec un couteau. Après nous avoir battues, ils nous ont abandonnées nues et sans papiers. » Toujours selon Inna, toute la scène a été filmée par des hommes du KGB.
Leur presse (Ludovic Rocchi, Le Matin, 20 décembre 2011)