Dans le contexte de la seconde phase des élections marquée par des irrégularités et des fraudes qui rappellent tristement l’époque Moubarak, l’armée a de nouveau commis une répression féroce contre le dernier bastion de la révolution.
Rappelons la chronologie des faits, depuis la chute de Moubarak le 11 février 2011, l’armée a commis des bavures et des massacres de façon systématique contre les révolutionnaires tous les mois : le 11 février, le 25 février, le 9 mars, le 8 avril, le 15 mai, le 28 juin, le 23 juillet, le 5 août, le 9 septembre, les 5 et 9 octobre, le 19 novembre et finalement les 14, 16 et 17 décembre.
Les faits récents ont commencé la nuit du 14 décembre lorsqu’une femme inconnue a distribué des sandwichs de viande et du poisson avariés ou empoisonnés aux occupants des environs du conseil des ministres, quelques centaines de manifestants qui campaient autour du conseil des ministres depuis trois semaines empêchant le premier ministre et son gouvernement d’y accéder. En plus des revendications de la révolution jamais assouvies, les occupants réclamaient la traduction en justice des auteurs des massacres précédents ainsi que la libération des prisonniers qui furent traduits devant les tribunaux militaires et l’indemnisation des familles des martyrs et des soins adéquats pour les milliers des blessés. Complètement isolés de la population grâce à une campagne mensongère menée par le SCFA depuis des mois et dormant dans le froid, ils étaient cependant prêt à aller jusqu’au bout, et ce en dépit des tentatives de négociations menées par des personnalités politiques pour les convaincre de déguerpir en paix pour éviter un nouveau bain de sang.
Le soir du 14 décembre, ayant appris la nouvelle de l’intoxication de 60 occupants par des sandwich empoisonnés, je me suis rendue auprès d’eux en les mettant en garde contre une évacuation par la force qui n’allait pas tarder, et en les suppliant de quitter les lieux. Ils sont malheureusement demeurés sourds à mes appels. Vers 2 heures du matin le 16 décembre, les forces armées retranchées dans le bâtiment du conseil des ministres ont déclenché la bataille en les arrosant de jets d’eau froide, lançant des pierres, des morceaux de verre et en leur balançant des meubles à partir du balcon du conseil. Les attaques se sont développées sur le terrain le vendredi 16 par l’incendie des tentes, des tirs de balles réelles ; des jets de cocktails molotov, l’enlèvement des jeunes filles et leur torture dans le bâtiment du parlement et de nombreuses atrocités rapportées par deux nouveaux jeunes fraîchement élus : Amr El Hamzawi et Ziad El Oleimi. Ce dernier a été férocement battu et porté immédiatement plainte contre l’armée qui lui a dit va te faire foutre avec ton parlement.
L’armée a ensuite mis le feu partiellement dans le bâtiment du Conseil des ministres, celui tout proche de l’entreprise des ponts et chaussées et l’édifice classé de l’association de géographie, dont le plafond est un des joyaux de l’architecture du XIXe siècle. À l’heure où je vous écris, la bataille continue sur la place Tahrir où les manifestants s’étaient retranchés suite à l’évacuation des alentours du CM.
Le scénario de l’empoisonnement, qui rappelle des méthodes d’un autre âge, était envisagé pendant la révolution, pour tuer les occupants de Tahrir le mercredi sanglant du 2 février, il était prévu de distribuer des jus empoisonné aux manifestants, avant d’opter pour l’attaque par les chameaux et les chevaux.
Le bilan provisoire de la répression des 16 et 17, plus de cents blessés ; 6 morts parmi lesquels un enfant, un médecin, un ingénieur et un jeune cheikh de l’Azhar, qui organisait la collecte des ordures pendant l’occupation. Ce qui dément les assertions des militaires qu’il ne s’agit que des voyous. À signaler le refus du ministère de l’Intérieur d’exécuter ce sale boulot.
La révolution égyptienne passe par un étape très difficile, mais ce n’est qu’une bataille perdue dans une longue guerre.
No Pasaran
Galila El Kadi
Le 17 décembre
L’institut d’Égypte, créé par les savants de l’Expédition de l’Égypte vient d’être complètement détruit par un incendie criminel. L’institut se trouve à proximité du conseil des ministres, le bâtiment n’a pas une grande valeur architecturale, mais contient des milliers de documents rares, plus rien ne subsiste. Ce nouveau crime d’une junte militaire ignorante, arrogante et criminelle a été attribué aux révolutionnaires qui tentaient d’éteindre le feu, mais deux d’entre eux furent tués froidement par balles selon les dire des témoins présents sur les lieux hier soir.
Aujourd’hui, une grande manifestation a eu lieu à l’Azhar suite à l’enterrement du jeune cheikh azhari tué par balles hier devant le conseil des ministres. Le cortège funèbre regroupant près de dix mille manifestants, hommes et femmes de toutes les classes sociales, a emprunté la voie voie express Salah Salem, avant de se diriger vers Tahrir, ses rangs grossissaient tout au long de son parcours de 5 km. Arrivé à Tahrir il fut rejoint par d’autres cortèges venant des universités de Ain Chams et du Caire.
À l’heure actuelle, des milliers de manifestants sont sur la place. L’armée l’avait évacué ce matin et interdit, comme en Syrie à toutes les agences de presse , les télévisions et les reporters de filmer la scène. Des agents de l’armée sont montés dans les immeubles donnant sur la place, se sont introduits par la force dans certains appartements, et saisi tous les appareils photos et les téléphones portables de leurs possesseurs.
Pour un policier, quelque soit la personne qu’il a en face de lui, c’est pour lui une SOUS-personne, sinon il ne trouverait pas en LUI, sa légitimité de la traiter comme il le fait. C’est parce que ce policier a cette légitimité de l’ORDRE qu’il reçoit (ou qu’il donne) qu’il peut donner libre cours à son délire de supériorité. Un policier, c’est un stalinien, mais sous-fifre. Il n’a pour seule discrimination critique que ce qu’on lui dit de penser pour qu’il agisse selon ceux qui le paient. Il en est de même de la quasi-majorité des salariés.
Ce ne sera certainement pas par la seule indignation que ce problème se résoudra. Certes, le poids de la plume est identique à celui d’un projectile de masse identique, mais les effets sont différents.
Il faut bien remarquer que, lors de tels combats, il s’agit TOUJOURS de gens libres défendant leurs idées contre des gens SALARIÉS défendant leur TRAVAIL en défendant les IDÉES de ceux qui les PAIENT. Le salarié OBÉIT à son patron contre un salaire, même quand il est aux manettes d’un bulldozer : son salaire obnubile son sens critique.
Le salaire est un moyen hyper-puissant dans l’exécution-réalisation des idées qui détruisent le monde, la liberté du vivre, le plaisir de vivre ensemble. Quasiment TOUS les salariés se protègent ou se cachent DERRIÈRE le salaire pour commuer leur TRAVAIL, la destruction de notre environnement affectif, social, nos relations d’interdépendance. Et ceci est sans compter ce que ce salarié cache comme désir de vengeance, de puissance personnelle, sociale, vis-à-vis de ses congénères, ce que les « petits chefs » ont dans la tête et qui trouvent dans le salaire la puissance de la réalisation de leur maladie de petits chef.
Si indignation il doit y avoir, ce sera contre ce système, contre le salaire contre lequel il faut réapprendre à s’organiser, sinon cela reste de la broutille à matraque.
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