[Égypte] Armée dégage !

Égypte : au moins 3 morts dans des heurts

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont éclaté jeudi soir près de la place Tahrir, au Caire, se poursuivaient vendredi et ont fait au moins trois morts, selon de nombreux médias et témoins.

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Les policiers semblent avoir donné l’assaut pour mettre fin au mouvement d’occupation qui, depuis trois semaines, réclame la fin du pouvoir militaire.

Au moins trois personnes ont été tuées par balles, dont le leader religieux Sheik Emad Effat, un membre d’Al-Azhar, l’institution religieuse égyptienne la plus en vue. M. Effat aurait été atteint d’une balle en plein cœur après s’être joint aux manifestants.

Les affrontements risquent de donner naissance à un nouveau cycle de violence. En novembre, des affrontements entre jeunes militants et forces de l’ordre avaient duré plusieurs jours et s’étaient soldés par la mort d’une quarantaine de personnes.

Les violences ont éclaté après que des soldats eurent apparemment gravement battu un jeune homme qui participait à un rassemblement devant les bâtiments du gouvernement.

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Vendredi, des centaines de manifestants lançaient des pierres et des bombes incendiaires sur la police militaire. Un activiste, Hussein Hammouda, a raconté que les forces de sécurité — certaines en uniforme, d’autres en civil — ont répliqué en lançant des pierres et en utilisant des canons à eau depuis l’enceinte du parlement.

Des policiers ont utilisé des matraques pour battre plusieurs manifestantes recroquevillées sur le sol. Une d’entre elles a été emmenée par des soldats qui la tiraient par les cheveux.

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Des manifestants ont aussi lancé des pierres et des bombes incendiaires aux policiers, incendiant une partie du parlement et réclamant le départ du régime militaire.

Plusieurs heures après le coucher du soleil, des centaines de personnes étaient toujours sur place. Des jeunes barricadés notamment derrière une voiture renversée continuaient à lancer des pierres aux policiers.

Le ministère de la Santé évoque une centaine de blessés.

Leur presse (Associated Press), 16 décembre 2011.


La bataille de l’avenue Qasr al-Eini

Une manifestation a dégénéré devant le Parlement suite à la mort présumée d’un protestataire. Récit.

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Il doit avoir quinze ans. Il se tient devant le Parlement et fait un bras d’honneur aux baltaguia [Casseurs de manifestation payés par le régime] qui lancent des pierres sur la foule, trente mètres au-dessus. Armé d’un morceau de bois, il essaie de renvoyer les projectiles. Il n’en touche pas un, ça l’énerve, alors il hurle en vain : « Descendez, descendez ! » Il s’approche du Parlement. Autour de lui, les pavés s’écrasent avec un bruit mat, il en lance un ramassé par terre, rate une cible imaginaire, continue de s’approcher, rejoint des émeutiers. Il s’abrite derrière une mauvaise tôle, s’allume une clope et éclate de rire. C’est le début de la bataille de Qasr al-Eini. L’avenue, entre Tahrir et le Parlement, s’étire, parallèle au Nil, large et arborée.

Il y avait un sit-in depuis fin novembre dans la rue du Parlement. Tenu dans l’indifférence par des révolutionnaires déterminés, il s’était donné le nom « Occupy Cabinet ». Cette rue du Parlement abrite aussi le siège du cabinet du Premier ministre hué par Tahrir dès sa prise de fonction, Kamal al-Ganzouri. Cette nuit, il y aurait eu une altercation entre un ultra — un supporter mélange de hooligan et de révolutionnaire — et les autorités. Il aurait été enlevé et torturé. D’autres ultras auraient commencé à lancer des pierres contre ces autorités. Le sit-in a été évacué manu militari. L’émeute a commencé.

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Elle a véritablement pris après la prière, vers deux heures de l’après-midi. Le bravache de quinze ans fait moins le malin maintenant. Le crachin de pierres s’est transformé en averse. Les baltaguia ajustent leur tir. Une position sur le toit du Parlement, trente mètres plus haut, permet de pilonner une large zone. Une autre position, moins élevée, pour les tirs plus précis. Asma, tout en niqab, montre son bras en écharpe. On ne voit que ses yeux, mais ça suffit. Ils lancent des éclairs. « Ils sont fous, ils sont fous ! Il sont tous fous ! Et ces baltaguia qui nous tuent, de là-haut, alors qu’on ne peut pas les toucher ! Quels lâches ! » Elle est tellement furieuse qu’elle crie sur l’infirmière qui la soigne, avant de se calmer, un peu. Asma est devant un poste médical improvisé. Il y a plus de monde — donc plus de blessés. Les projectiles deviennent meurtriers. Les ambulances se succèdent, les unes après les autres. Inconscients du danger, fiers de se battre aux côtés des émeutiers, les premières victimes sont les enfants des rues.

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Vers quatre heures, ils sont des milliers. Les émeutiers se battent, les manifestants scandent des slogans anti-régime. Le nouveau, après « Le peuple veut la chute du maréchal », c’est « L’armée et la police : les mains sales ». Un nouvel acteur vient d’entrer en scène : la police militaire, reconnaissable à ses bandes rouges sur l’uniforme, serait la principale coupable de ces émeutes, selon des émeutiers.

Pendant que certains cassent le bitume, les trottoirs, les escaliers pour faire des pavés, les émeutiers s’organisent, forment un front au début de la rue du Parlement et tiennent bon. Contre les tôles, les pierres s’abattent lourdement. Sur les côtés, leurs compagnons, alimentés en « munitions », lancent sans arrêt tous les projectiles possibles. Pour certains, c’est un jeu. Pour d’autres, un combat. Mais pour tous, un danger : cette fois-ci, ce sont des morceaux de verre et des cocktails molotov qui pleuvent. Les émeutiers répliquent en tentant d’incendier le Parlement, en vain : de l’intérieur, les lances à eau s’activent. La violence monte, encore. En face, ils jettent des fusées. Après avoir été caillassés, coupés, assommés, des manifestants sont brûlés. Ils se battent dans le vide : les baltaguia sont toujours hors de portée.

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La nuit tombe. Les émeutiers deviennent prudents : dans le noir, on ne voit pas les pierres tomber. Les cocktails molotov, si : quand ils s’écrasent, des hourras résonnent. Quand ils sont lancés, des « Allah akbar » les accompagnent.

Mais le Caire ne s’enflamme pas. Sur la place Tahrir, les voitures circulent. Le seul changement notable, ce sont les vendeurs ambulants qui débarquent avec des masques anti-gaz — bien qu’ils aient une émeute de retard : chaque éruption de violence s’accompagne d’une nouvelle façon de taper sur le manifestant. Les CRS, les baltaguia sur les chameaux, les gaz innervants, les baltaguia-camelots… Aujourd’hui, ce sont les pierres. Demain, il y aura des vendeurs de casques place Tahrir.

Leur presse (Samuel Forey, Le Point.fr), 16 décembre 2011.


Égypte : deux morts et 170 [220] blessés dans une manifestation au Caire

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(…) Environ 300 personnes s’étaient rassemblées après la diffusion via Internet d’images présentées comme celles d’un activiste arrêté et battu par les forces de l’ordre.

« La rumeur court qu’ils l’ont sévèrement battu et qu’il a été hospitalisé », a dit un médecin s’occupant sur place de manifestants blessés. « C’est ce qui a conduit des gens à sortir manifester », a-t-il ajouté.

Des affrontements ont eu lieu dans la matinée et les abords du siège du gouvernement et du Parlement étaient jonchés de débris. Des soldats et des personnes habillées en civil jetaient des projectiles du toit des édifices publics sur les manifestants, qui répliquaient avec des pierres. Des voitures étaient en feu et un bâtiment public a partiellement brûlé.

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Leur presse (L’Express), 16 décembre 2011.


Des dizaines de blessés lors de heurts entre soldats et manifestants

Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées vendredi au Caire dans des heurts entre manifestants et soldats devant le siège du gouvernement, où des militants hostiles au pouvoir militaire campent depuis fin novembre.

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Au moins 36 personnes ont été blessées dans les affrontements entre les protestataires qui encerclaient le siège du gouvernement et les forces de sécurité tentant de les repousser, a rapporté l’agence officielle Mena, citant le ministère de la Santé.

En outre, 32 membres des forces de sécurité ont été blessés, dont un officier par un tir de chevrotine, a affirmé la télévision d’État.

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Après une série de charges menées par les militaires armés de matraques et de boucliers, les manifestants, au nombre de quelques centaines, bloquaient dans l’après-midi l’une des principales avenues du centre-ville, conduisant à la place Tahrir, foyer de la mobilisation contre le président déchu Hosni Moubarak.

Ils se protégeaient avec des palissades de chantier arrachées pour s’approcher du siège du gouvernement, du haut duquel des officiers en civil leur jetaient des pierres.

Les protestataires s’acharnaient à coups de pierres et de projectiles incendiaires sur le bâtiment, dont toutes les fenêtres des étages inférieurs étaient brisées.

Deux manifestants dont un enfant, avaient auparavant été évacués après avoir été touchés à la tête par des munitions de petit calibre, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des manifestants arrêtés lors de la première charge, en fin de matinée, ont été relâchés.

« Quand la police militaire a chargé, une fille qui se trouvait derrière moi a trébuché et elle est tombée. Je me suis arrêté pour l’aider et les soldats nous ont frappés à coups de matraque pendant deux minutes et nous ont traînés vers le bâtiment du Parlement », a raconté l’un d’entre eux, Nour Nour, qui boitait.

Les interpellés ont été libérés après enregistrement de leur nom, a indiqué Nour Nour, un des animateurs de la contestation et le fils de l’ex-candidat à la présidentielle Ayman Nour.

Des manifestants ont scandé des slogans hostiles au Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui est aux commandes du pays depuis la chute de M. Moubarak en février, et au maréchal Hussein Tantaoui, chef d’État de fait.

« Le peuple veut l’exécution du maréchal », « À bas le Conseil militaire », et « Rentrez dans vos casernes », ont-ils notamment crié. (…)

Leur presse (Agence Faut Payer), 16 décembre 2011.


Heurts entre soldats et manifestants devant le siège du gouvernement

Des heurts se sont produits vendredi dans la matinée entre manifestants et soldats devant le siège du gouvernement au Caire, où des militants hostiles au pouvoir militaire campent depuis fin novembre, ont selon journalistes de l’AFP sur place.

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Les forces de l’ordre ont chargé en fin de matinée quelques centaines de manifestants dont certains lançaient des cocktails molotov et jetaient des pierres. Les affrontements se sont poursuivis dans les rues alentours.

Des témoins avaient indiqué plus tôt que les accrochages avaient commencé en début de matinée, après qu’un manifestant en sang eut raconté avoir été arrêté et battu par des soldats, provoquant la colère de ses camarades qui ont commencé à jeter des pierres vers les militaires.

Les soldats ont alors répondu par des tirs en l’air et en utilisant des canons à eau, et en renvoyant les pierres vers les manifestants. Selon Mona Seif, une militante pour les droits civiques, les militaires ont également lancé des chaises depuis le toit du Parlement, situé à proximité.

Mme Seif a assuré que des blessés avaient été transportés dans un hôpital voisin, l’un d’eux au moins pour des blessures dues à un tir de chevrotines.

Les manifestants campent depuis le 25 novembre devant le siège du gouvernement, à quelques centaines de mètres de la place Tahrir dans le centre-ville, pour protester contre la nomination par l’armée de Kamal el-Ganzouri, un ancien Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, pour diriger le gouvernement.

Les manifestants réclament également le transfert sans délai du pouvoir du Conseil suprême des forces armées (CSFA), aux commandes du pays depuis la chute de M. Moubarak en février, à une autorité civile.

La manifestation devant le siège du gouvernement s’est poursuivie malgré l’arrêt d’un mouvement d’occupation de la place Tahrir, rouverte au trafic dimanche.

L’Égypte est engagée depuis la fin novembre dans des élections législatives qui se déroulent sur plusieurs mois et ont été marquées jusqu’à présent par la domination des formations islamistes.

Leur presse (Agence Faut Payer), 16 décembre 2011.

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